CASS-TETE yaoi
Je suis sous la douche Je regarde obstinément l’eau qui coule sur mon corps. L’absolution ne vient pas et je sais qu’après cette nuit elle ne viendra plus jamais.
Lorsque je lui ouvre, je suis en boxer. Pourquoi m’habiller pour finir à poil ?
Son visage est toujours fermé et cela amplifie mon malaise.
La pénombre règne dans le bungalow. Il me pousse vers la chambre, puis me pousse sur le lit.
Il n’a toujours pas ouvert la bouche. Il se déshabille.
« T’as toujours envie de moi ? » me dit-il d’un ton légèrement menaçant.
Aucun son ne sort de ma bouche.
« Tu vois ma rombière, elle ne réfléchis pas 2h avant de répondre ! »
« Oui, mais elle, tu ne veux pas l’enculer !! »
Je sens son poing s’abattre contre mon visage.
Il est furieux.
« C’est tout ce que je t’inspire, hein ?? »
Il se lève ramasse ses affaires. Je me précipite hors du lit pour le retenir mais j’ai à peine posé la main sur son bras qu’il m’en décoche un autre.
Je sens ma lèvre gonflée.
« Ok,ok, j’l’ai mérité. J’suis vraiment nul. Désolé. J’veux que tu restes, vraiment »
« Vraiment ? T’es sûr que t’as envie de devenir un enculé ? »
Je le regarde en souriant, ma lèvre me fait mal mais je réponds :
« J’trouve que le terme t’irait mieux… »
«C’est bien là que réside tout le problème… J’crois que tu m’as mal compris beau blond. C’est toujours la même chose avec mon allure d’androgyne. On ne voit en moi qu’une meuf, mais j’suis pas une poupée. J’suis un mec. Un mec qui a envie de toi. J’te fais un dessin ?... »
Son sourire me glace. Il s’approche de moi, pose un baiser sur ma lèvre tuméfiée.
« Tom….t’es vraiment qu’un sale con parfois »
Je prends conscience de sa masculinité. Son corps aussi grand que le mien pèse sur moi de tout son poids d’homme. Tout ce qui en lui me paraissait sensible et féminin a disparut.
La légère pression qu’il exerce sur mes poignets m’intime l’ordre de ne pas bouger. Je tente de le faire passer sous moi, mais la violence de sa réaction me cloue sous lui.
Il s’approche de ma bouche et saisit ma lèvre tuméfiée entre ses dents. Il ne serre pas, mais à ce moment précis ses yeux sont plongés dans les miens.
« C’est comme si mon corps refusait de te donner ce que moi, je suis prêt à accepter. »
Il me sourit.
« Tom, arrêtes de penser et laisses toi aller, par pitié »
Mais à ce moment précis, je n’ai qu’une envie, l’envoyer valdinguer parterre. Loin de ce lit, loin de mon corps.
Ce mec est un véritable prédateur.
Je ferme les yeux.
Il en conclut que sa proie capitule…
Ses mains libèrent lentement mes poignets. Je sens son souffle sur mon visage.
« Regardes moi, Tom. Regardes moi quand je te fais l’amour ».
« Tom !!Tom !!! »
On frappe à la porte du bungalow...
J’ai l’impression de sortir d’un rêve…C’est la voix de Fiona.
« Tom !! Ouvres!! Dépêches-toi, on a un avion à prendre ! »
Je regarde Bill, je regarde la porte de la chambre.
« C’est bon, j’me casse »
Regard étonné.
« Par la salle de bain. Pourquoi tu comptes faire les présentations ? »
Je lui lance un regard mauvais.
Je ne sais pas comment je me retrouve devant Fiona, souriant et nu.
« Quel accueil…Je t’ai tant manqué que ça ? »
Il y a dans sa voix un soupçon d’ironie.
« Plus que ce que tu peux imaginer »
Je la soulève dans mes bras et la porte jusqu’au lit. Lit ou quelques minutes auparavant j’étais allongé sous le corps de Bill…
« Non, Tom, poses moi. Je t’ai dit que l’on avait un avion à prendre. Allez, ouste, dépêches-toi. Je t’emmène loin de cette île. Paris nous attend. »
Je jette mes affaires dans ma valise. Fiona fait le tour de ma piole tout en égrenant des commentaires dont je n’ai rien à faire.
Je suis prêt.
Maki est là, devant la porte avec mes valises contenant mon matos.
Je fuis. Je fuis contre ma volonté ce que tout à l’heure je voulais laisser de mon plein gré.
Je suis dans l’avion. Fiona voyage toujours en 1ére, et moi, son bagage à main, je voyage avec elle.
Regarder en arrière ne sert à rien. Tenter vainement de localiser mon île au milieu de ces chapelets de minuscules cailloux est impossible. Penser que Bill est sur la plage et qu’il me dit « au revoir » tient du délire.
Fiona débite un flot de paroles.
Je l’entends parler des clichés « fan-tas-tiques » que j’ai pris. Ils ont fait la Une, un véritable succès. De la soirée de samedi soir, il y aura toute la jet-set, je dois passer chez le tailleur, prendre mon costume. Elle veut aussi que j’aille chez le coiffeur.
Je tourne la tête dans sa direction.
« Quoi ? »
« Le coiffeur, chéri. Tu sais le monsieur qui te coupe les cheveux, qui te fait une tête présentable, quoi »
« Je sais ce que fais un coiffeur, ce que j’aimerai savoir, c’est ce que tu veux que j’aille foutre chez un coiffeur ? »
« Tu ressembles à un véritable sauvage avec tes dreads »
« Oublies ça Fio. »
« C’était juste une idée comme ça »
« Mauvaise idée »
Je me retourne, pose sur mes yeux ce ridicule petit masque en tissus pour dormir.
Je ne veux plus l’entendre. Je ne veux plus rien entendre.
parce que !!!!
Vampire dans le sens où les paparazzis sont des vampires, toujours derrière les gens à voler leurs vies privées.