CASS-TETE yaoi
Je retrouve instinctivement mes repères. Je fais abstraction de ma vie pour me mettre en phase avec la vie qui grouille autour de moi. J’adore ce caillou vivant et coloré. Mes photos me portent de rues en ruelles, jusqu’à une grille imposante surmontée d’un écriteau ‘fondation D. de Fürstenberg ‘. Je m’immobilise. Encore elle ! Il y a des enfants qui jouent dans la cour. Ils sont tous en uniformes. Je les photographie à travers les barreaux de la grille. J’aime cette vision. Je suis tellement absorbé que je ne remarque pas la femme qui s’avance vers moi.
« Puis-je vous aider ? »
« Je suis un ami de Dita de Fürstenberg. Je suis photographe. J’aimerai prendre quelques clichés de sa fondation et en faire un album. Je veux lui faire une surprise. Elle adore les petites attentions » »
Je la vois hésiter.
« Ce n’est pas grave. J’irai lui rendre visite et lui demanderai de vous prévenir de ma venue. »
Alors que je vais partir, elle me dit :
« Entrez donc. Si vous la prévenez, cela ne sera plus une surprise »
Je lui souris tout en la remerciant. Pendant que je fais des photos, elle me raconte l’origine de cet établissement. Il a ouvert il y a quelques mois. C’est un endroit pour les enfants. C’est Monsieur qui s’en occupe. Il adore les enfants et les enfants l’adorent. Madame l’accompagne rarement. C’est lui qui a suivi le projet et qui le mène à bien. Il est très soucieux de leur bien-être. Alors qu’on longe les couloirs, elle s’arrête devant une porte et l’ouvre :
« Le bureau de Monsieur »
Rien d’extraordinaire. Un bureau simple en bois sur lequel trônent des cadres photos. Sans y pénétrer, je le photographie par politesse. Il est temps que je m’éclipse. Avant de prendre congé, je la remercie chaleureusement.
J’arrive en retard au bateau.
« Désolé»
« Je sais, t’as pas vu l’heure. A ces artistes ! Allez, on y va ! J’ai une femme et des enfants… » À ces mots, il s’arrête.
« Non, t’en fais pas. Ça va »
Comme à chaque fois qu’il doit me laisser sur l’île, il réitère son invitation que je décline.
« J’dois trouver les occupants du bungalow »
Il secoue la tête en signe d’incompréhension.
Le temps de déposer mon matos, de prendre une douche, je suis devant la porte du bungalow. Je frappe mais je n’obtiens aucune réponse. Je commence à perdre patience. L’obscurité qui descend doucement me donne une idée. Je fais le tour et je me retrouve devant les murs de la salle de bain. Quelle bonne idée d’avoir conçu des pièces à ciel ouvert…
« Tom, alors ce p’tit dej ? »
C’est Jasmine.
« J’l’ai pris au bar »
« Demain, prends-le dans la salle à manger. J’y serai. Tu fais quoi, là ? »
« J’allais au bar. Tu m’accompagnes ? »
« Non, j’ai pas le droit. On se voit demain »
« Ok »
Mais elle ne me lâche pas pour autant…elle fait le chemin avec moi. Je remets mes plans d’escalade à plus tard.
***
Le bar est bondé. Sony est là. Toujours souriant.
« Tom, mon pote. Prêt pour une soirée de folie ? T’as vu l’ambiance. »
« Oué, c’est plutôt chaud ! »
« Tu vois la rousse, là-bas, elle m’a filé un rencard. Wow, mon pote, ce soir, c’est l’extase »
Je lui souris. Sacré Sony. J’en profite pour commander un rhum/coca. Les gens s’amusent autour de moi. Je bois. La chaleur, la fatigue, j’ai la sensation de ne plus tenir l’alcool mais je m’entête à continuer. Je me retrouve avec cette foule qui s’amuse. Je me fais carrément draguer par une femme. L’alcool aidant, je baisse ma garde. Je n’ai pas envie de me prendre la tête. C’est comme si tout devenait plus facile. Lorsqu’elle me donne une cigarette ‘ fait maison’, je souris. Un pétard + de l’alcool, j’espère que le trip sera bon. La joyeuse bande à décider de continuer la fête sur la plage. Ma nouvelle copine, m’entraîne avec elle. Je ne lui résiste pas.
Avant de partir, je vais voir Sony.
« T’en as pour longtemps ? »
« Non, j’ai fini. On se retrouve sur la plage »
« Oui, si on arrive à se retrouver » et on éclate de rire.