CASS-TETE yaoi
Sur la plage, les bouteilles d’alcool et les pétards circulent de bouche en bouche. Les bouches aussi commencent à circuler de bouche en bouche. C’est un joyeux bordel qui s’installe. Ma nouvelle copine, dont je ne sais toujours pas le nom, me chevauche à moitié nue. Je souris béatement lorsqu’une voix annonce :
« Bain de minuit !!»
Je ne suis pas sûr que dans nos états, se mettre à l’eau soit raisonnable…d’un autre côté, vu la partouze qui s’annonce…on est sûr que les poissons n’iront pas caftés.
Dans l’eau, ce ne sont que mains, bouches, sexes qui se frôlent, se touchent, se pénètrent.
Ma nouvelle copine a une imagination débridée et beaucoup de souffle. Me sucer sous l’eau…pour moi, c’est une discipline à inscrire aux jeux olympiques.
Alors que mon athlète remonte à la surface reprendre sa respiration, une voix lui dit très gentiment :
« Dégages… il est à moi »
Elle me laisse là, sans même se battre pour moi. Je suis légèrement déçu.
« On t’as jamais dit beau blond, que les requins chassent la nuit ? » le souffle de sa voix s’écrase contre ma nuque. Je sens ses mains sur mon sexe. Son souffle plus saccadé contre ma peau. Son sexe contre mes reins. Sensation oubliée d’un homme contre mon corps. Il me fait pivoter lentement. Je lui fais face. Alors que je vais parler, mes mots se diluent dans sa bouche. L’obscurité nous entoure. Autour de moi, des silhouettes gémissantes. Je ne distingue rien de plus que des ombres mouvantes. Je me sens soulevé. Mes jambes s’enroulent autour de sa taille. Lorsqu’il me pénètre, c’est ma gorge qui se serre, la honte qui ressurgit et le plaisir qui m’envahit.
« Ça fait tellement longtemps, beau blond »
Sa voix est cassée. Mélange de tristesse et de je ne sais quoi.
Alcool+drogue=mauvais trip. Dans un moment de lucidité, je me demande qui est en train de me baiser…
Il m’entraine sur la plage. Sans son aide, je me serais vautré sur un amas de corps.
« Tu te joins à nous ? » c’est une voix d’homme qui me parle tout en me tendant une bouteille et un pétard. Alors que je saisis la bouteille, je suis tiré en arrière :
« Tu fais quoi, là ? T’as besoin de te saouler et de te shooter pour te faire baiser par un mec? »
« Non, c’est pas çà »
« T’en es sûr ? »
« Oui. » Je porte le goulot à ma bouche, décidé à avaler autant d’alcool que possible, mais il ne l’entend pas de la sorte. Il m’arrache la bouteille.
« p’tin, tu fais chier ! »
Je ne comprends pas sa réaction. J’ai envie de le planter là mais il continue :
« Je dois partir. J’te ramène dans ton bungalow»
« J’veux pas rentrer.»
« Oh, que si tu vas rentrer. Pas question que je te laisse avec cette bande de pervers, t’es une proie trop facile »
« Oué, c’est vrai…les requins chassent la nuit… »
« Oui, ils chassent la nuit. Allez viens »
« Non…je ne rentrerai pas…pas avant de t’avoir baisé»
« Dans ton état, tu crois que tu vas réussir à bander ? »
Je le prends dans mes bras et je nous fais tomber au sol. Mon geste l’a surpris. Je pèse de tout mon poids sur lui.
« Alors ? Je bande suffisamment pour toi ? »
Pour toute réponse il m’embrasse. Toujours la même façon impudique de se donner. Je me redresse, j’ai l’impression d’être avec un fantôme.
« Tout va bien ? »
Je me fais un mauvais trip.
« Arrêtes de penser et viens beau blond »
***
« Tom ! Tom ! Allez, viens. Reste pas là. Faut rentrer maintenant. T’es complètement parti mon pote. Heureusement que ce brave Sony est là pour veiller sur toi »
***
Le soleil commence à poindre. Je regarde autour de moi. Je suis allongé sur mon lit.
Dès que je peux poser un pied au sol sans avoir la tête à l’envers, je pars à la recherche de Sony. En passant devant la grande salle à manger, je me souviens que l’on m’attend là-dedans. Je soupire et j’entre. Jasmine me fait un petit signe de la main. Je lui renvois un sourire.
« La soirée a était dure, on dirait ? »
« Mouè. Je cherche Sony »
« Dans son bungalow »
« Où ? »
« À côté du port »
« Merci »
« Tom ? Tu ne déjeunes pas ? »
« Si, bien sûr. Qu’as-tu préparé de bon ? »
Pendant qu’elle parle, je pense à Sony. Faut que je sache.
J’expédie le p’tit déj avec un grand sourire et de nombreux compliments et je me précipite en direction du port. Je ne mets pas longtemps à le dénicher. Il boit un café, installé sur une chaise, il semble regarder les bateaux ou l’horizon.
« Sony »
« Tom, mon pote. Pas trop mal à la tête ce matin ? »
« Bof, j’ai eu pire »
« Du café ? »
« Non, c’est bon, Jasmine a tenu à me faire déjeuner… »
« Houlà ! »
« Oué, houla !...au sujet de hier soir… »
« Quel chassé-croisé …l’alcool et la fumette, ça donne rien de bon. C’est le néant total dans mon esprit. J’sais que j’ai baisé…mais qui…impossible de m’en souvenir…ha, si, me souviens juste de toi » et il se met à rire.
Je ne sais pas si je dois rire moi aussi…