CASS-TETE yaoi
Maki m’apprend qu’il va y avoir une grande réception sur l’île de Dita. C’est l’effervescence générale.
J’attends le moment propice pour aller visiter le bungalow. Mon bungalow. J’ai quelques difficultés à escalader le mur. Je m’écrase lamentablement sur le sol de la salle de bain. La porte de communication est ouverte. J’hésite à pénétrer dans cette chambre... Je quitte l’endroit avec autant d’élégance que pour y rentrer…
Je fixe l’océan. Masse claire et mouvante. Je peux entendre le bruit de l’eau qui s’échoue sur le sable.
Je repense à ce que j’ai trouvé. Rien. Rien que des coquillages dispersés sur les meubles, une odeur de tabac flottant dans l’air, une penderie vide et un lit défait.
Assis, je fume. Il faut que je trouve un moyen de me rendre à cette fichue réception. Des sandales à talons hauts atterrissent à mes côtés en soulevant un nuage de sable.
« Tom, quelque soit l’endroit, j’te retrouve toujours assis par terre ! »
Pas la peine que je me retourne. C’est Candice.
« Peux pas faire gaffe avec tes chaussures ? »
« T’as déjà essayé de marcher avec des talons dans le sable ? »
Elle se fout de moi ou quoi ???
« Mais bien sûr, tous les jours. Si t’es venue jusqu’ici pour dire des conneries, valait mieux rester à Paris »
« Je serai ta cavalière demain soir. Dita donne une grande fête »
« Et en quel honneur, on est invité ? »
« ‘Je ‘ suis invitée. Pas toi. Toi, tu m’accompagnes »
« Et si je ne veux pas ? »
« Tu n’as pas le choix. Ha, je séjourne dans ton bungalow. Tout était complet »
« Quoi ? Pas question ! »
« Tom, caches ta joie », elle récupère ses chaussures et avant de s’éloigner en direction de ma piole, elle me lance :
« T’as 5 minutes pour rejoindre Maki. Tu retournes à la fondation de Dita…allez, tu te bouges !!! Prends ton appareil photo, tu trouveras bien un autre bobard à raconter pour entrer. Rentre dans le bureau cette fois. Ok ? »
« C’est quoi encore ce délire ? »
« Rentre dans le bureau. A ce soir »
Manqué plus qu’elle…
***
Je n’ai pas le choix. Je récupère en vitesse mon matos et je file retrouver Maki.
La soirée organisée par Dita est un argument de taille. Je suis accueilli avec le sourire. J’explique que j’ai besoin de plus de clichés. Quand on passe devant le bureau, elle me regarde interrogative.
« Oui, j’aimerai bien rentrer cette fois. Je n’ai pas osé la dernière fois, je ne voulais pas à abuser de votre gentillesse, mais de la porte, la lumière n’est pas très bonne. Je peux? »
« Mais bien sûr »
Je lui adresse un superbe sourire, tout en faisant celui qui cherche le meilleur angle…n’importe quoi ! Surtout pour un bureau quelconque dans une pièce quelconque. Je suis tout de même les conseils de Candice, et je fais le tour. Je m’arrête net. Si mon appareil n’était pas attaché par une sangle, je pense que je l’aurais lâché…je compose un sourire et demande :
« Quel enfant charmant »
« N’est-ce pas. C’est…en fait, je devrais dire, c’était le fils de Monsieur. Le pauvre ange est au ciel. Une tragédie. Monsieur ne s’en ai pas remis. C’est pour cela qu’il a voulu créer ce centre, pour les enfants. »
« Je crois que j’ai tout ce qu’il me faut. Merci encore de votre coopération »
Au bateau, d’un signe de main, j’arrête les questions de Maki.
« J’t’expliquerais plus tard, ok ? »
Je n’ouvre pas la bouche pendant le trajet du retour. Maki ne pose aucune question. On se sépare, toujours sans un mot.
Candice ne perd rien pour attendre…
Je la trouve sur la plage. Je lui balancerai bien mes chaussures à la figure mais je tente de me calmer.
« Tu peux m’expliquer ce qu’il se passe ? »
« visite instructive ? »
« Alors ? Qu’est-ce qui se passe ?!! C’est quoi cette histoire ! Dita veut me rendre dingue ??! Elle va finir par y arriver ! »
« Tu as vu les photos… »
« Et toi, comment savais-tu qu’il y avait des photos de mon fils sur ce bureau ? »
« Cela fait bientôt 1 an que j’enquête. Quand Fiona a commencé à se poser certaines questions et qu’elle ne trouvait pas de réponses satisfaisantes, elle a fait appel à moi. Je bosse pour elle depuis des années. Je suis détective privé. L’histoire qu’on t’a servi au sujet du membre de ma famille a retrouvé, c’était juste pour te tirer de la rue. Un prétexte quoi. Quand tu arrivais et que tu trouvais le travail ‘tout mâché’, tu ne t’es jamais demandé qui bossait en amont ? »
J’ai l’impression de sortir d’un coma dans lequel on m’aurait plongé.
« Bien sûr que non…plus facile d’arriver sans se poser de questions. Le problème, c’est qu’à force d’avancer dans ta vie avec des œillères, t’as rien vu, et même lorsqu’on te met face à l’évidence, tu ne la vois pas »
« J’comprends rien »
« Comme d’habitude »
Après une pause, elle reprend :
« Fiona sera là demain soir. En tant que rédactrice en chef de son magazine. Il parait que Dita à une déclaration à faire. Elle doit annoncer une grande nouvelle. D’ailleurs, à l’heure qu’il est, il est fort probable que Fio soit déjà sur l’île. »
«Et que viens faire mon fils là-dedans ? »
« Demain, tu le découvriras.»
Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai aucune envie que demain arrive…