Lundi 23 février 1 23 /02 /Fév 14:17

Je me suis endormi, hanté par des rêves qui ne sont pas les miens. Subissant une vie qui ne m’est pas destinée et qui pourtant commence à être mienne. Le bruit du papier que l’on froisse. D’une plume que l’on maltraite sur une feuille raturée. Maximilian écrit. Inlassablement. Je me suis redressé sur un coude. Je regarde sa chevelure négligemment remontée sur sa nuque en un chignon improvisé et tenu par un crayon. Un sourire nait sur mes lèvres mais vite effacé par ses mots.

-J’ai bientôt fini. Tu seras enfin débarrassé de ma vie.

Je ne dis rien, ne sachant pas quoi dire. Aucune insulte ne franchit mes lèvres et ne vient à mon secours pour me donner une contenance. Finalement, je me lève, enfile mes vêtements et descends dans le salon. Il est tôt. J’allume la télé. Je regarde la première connerie que je trouve. Je m’endors devant l’écran.

Une main qui me secoue.

-J’ai fini. C’est en haut si tu veux aller lire.

Je le regarde ébahi.

-Hein ?

Voilà la seule chose intelligente qui franchit mes lèvres.

-Je sors.

-Où ?

Je vois sa silhouette disparaitre sans me donner plus d’information. Je bondis enfin du canapé et commence à sauter dans la pièce.

-Il a fini !!! FINIII !!!

Je lève les bras au ciel en signe de victoire et monte 4 à 4 les escaliers qui mènent à ma chambre. Je vais directement vers mon bureau et m’empare des feuilles. Je ne les lis pas. Je les feuillette vite fait, un sourire de satisfaction sur les lèvres.

-Haaaaaaaaaa…je n’ai plus qu’à recopier et le tour est joué…

Je pousse un hurlement de joie puis revenant à la réalité, je scrute l’écriture de Maximilian.

-Putain, mais c’est quoi ça !!!

J’avais oublié que c’était illisible et il s’est barré en plus. Ma mauvaise humeur légendaire refait surface. Je suis trop impatient pour attendre son retour. Je décide de me rendre à la bibliothèque. La femme qui est là-bas pourra certainement m’aider. Le manuscrit dans une pochette. La pochette sous le bras et moi sur mon skate, je file sur les trottoirs.

Je suis toujours impressionné par le silence qu’il règne là-dedans. Souriant et heureux, je me dirige vers la femme qui bizarrement sourit en me voyant. Je jette rapidement un coup d’œil à ma tenue. Ça va. Je suis comme d’habitude. Qu’est-ce qu’elle a à faire cette tête ?

Plus je m’approche, plus elle sourit et plus j’angoisse de la voir sourire d’ailleurs, c’est elle qui vient à ma rencontre, franchissant les derniers mètres qui nous sépare.

-Vous venez voir la suite n’est-ce pas ?

Je la regarde sans comprendre.

-Vous avez du entendre la nouvelle…venez voir…c’est …c’est…

L’émotion se lit sur son visage. L’incompréhension sur le mien.

-Incroyableeeeeeeeeeee

Sans plus de cérémonie, elle m’attrape par le bras et m’entraine vers les archives. Les vieux documents. D’une main sûre, elle prend le manuscrit de Maximilian. Mon cœur s’arrête de battre.

Je suis devant la table, elle parle, elle parle…je ne capte que quelques mots.

-Vous vous rendez compte…ces feuillets étaient là depuis des d’années….personne ne les avez trouvé…quand je pense que l’on croyait cette œuvre inachevée…et elle est là…n’est-ce pas miraculeux ??

Je baisse les yeux sur les gribouillis de Maximilian. Je tourne les feuilles. Les unes après les autres. Lentement.

-Je vous laisse…c’est fantastique, non ?...quand j’y repense…

Elle me laisse enfin seul, contemplant les feuillets jaunis recouverts de cette écriture illisible.

Un regard pour m’assurer qu’elle est loin. Je prends ma pochette et l’ouvre afin d’en ressortir les feuilles que Max a écrit durant tout ces jours.

Entre mes doigts glissent des feuilles blanches. Immaculées. Si je ne les avais pas rangées moi-même dans cette pochette, j’aurai pensé que l’on m’avait fait une mauvaise plaisanterie.

Je suis planté devant cette table. Incapable de réfléchir. Me retrouvant au point de départ. Juste le temps en moins. D’un mouvement rageur, je referme ma pochette et sans un regard vers la femme, je rentre chez moi.

****

Ma mère est installée sur le canapé avec Maximilian. Ils doivent parler littérature. Moi aussi, j’ai deux mots à lui dire…l’avantage de ne pas avoir à parler, c’est que je peux penser –grouilles-toi de monter- tout en souriant à ma mère.

Il n’est pas monté tout de suite. M’a bien laissé mijoter. M’énerver. Commencer à déplumer et réduire en bouillie touts les objets qui sont passés à ma portée.

-Enfin !!!

Il entre paisiblement. Comme si de rien n’était.

-C’est quoi ce bordel ??? À la bibliothèque…ils ont le manuscrit complet !! Je fais quoi moi maintenant ??

-Tu écris le mot « fin »

-Pardon ?? Tu te fous de moi en plus ?

-Non. C’est la condition pour que je puisse repartir…je dois repartir. Ma place n’est pas ici. N’est plus ici.

Je n’ai pas parlé. J’ai juste senti une boule venir se loger dans mon estomac. Ce genre de truc qui vous dit que vous allez avoir mal.

-Et je dois l’écrire où, ce mot ?

-Sur le dernier feuillet de mon manuscrit.

-Et pourquoi tu ne le fait pas toi ?

Ma voix résonne presque comme un cri.

-Parce que c’est toi qui a ouvert le passage. C’est à toi de le refermer.

Je m’approche de lui.

-Et si je ne veux pas ?

Doucement mes mains caressent ses bras, remontent vers ses épaules, encadrent son visage et l’approchent du mien. Jusqu’à ce que nos bouches se rejoignent. Avides. Tristes. Dans un souffle je murmure :

-Demain ça ira ?...

-Demain sera parfait.

La boule a grossit. Mélange d’angoisse. De peine. De déception. Attendre demain n’est qu’une illusion. Un peu plus de déchirement pour la suite. Mais tant pis. Je ne peux pas le faire aujourd’hui. Je veux le garder encore un peu. Avant qu’il ne parte définitivement.

 

 

 

 

 

Par cass - Publié dans : le dernier mot -yaoi- - Communauté : Les Romances Explosives
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