Dimanche 20 juillet 7 20 /07 /Juil 14:17

Johenson ou l’art de me plomber le moral. Je me retrouve devant un écran. Il y a un petit train. Il m’explique qu’avec ma voix, je dois le faire avancer. Bien sûr, pas question que je force. Je dois faire ce que je peux. Le truc à l’air con mais je me rends vite compte que cette saleté de train n’avance pas d’un centimètre. Je vais quasiment m’épuiser pour le faire avancer de presque rien. Je suis découragé lorsque je découvre que c’est un logiciel pour les enfants. La honte ! Johenson est satisfait. Comme quoi, chacun ses valeurs. Dès qu’il me relâche, je file, clope en main  au bord de l’étang. Il n’y a personne. Même pas l’autre pour me faire chier. Parfait. Cette séance me démoralise tellement.

 Je crois que je me suis endormi. C’est une main dans mes cheveux qui me tire de mon sommeil.

« C’est ta séance qui t’a épuisé ? »

«  à croire »

« Il faut rentrer maintenant. Il est tard. Claudia va te chercher dans tous les coins »

« C’est une plaie cette bonne femme »

« Oui, mais si tu as un problème tu peux aller la trouver, elle sera toujours là pour t’écouter. On y va ? »

«  Juste un truc avant…la prochaine fois que tu me tripotes les cheveux, je te balance mon poing dans la gueule, compris ? »

 Il se lève en souriant.

« Je chassais un insecte »

Je lui lance un regard sceptique.

 

***

En rentrant dans l’établissement, le docteur Miracle attend apparemment Jordan. Il me laisse en souriant. Alors que je cherche Kristen, je tombe sur Mademoiselle Henri.

« Monsieur Mc Coy, comment allez-vous depuis ce matin ? »

« Très bien, merci »

« Je suis libre, un peu de chant vous ferez plaisir ? »

« Je peux ? »

« Oui, en attendant Jordan, j’ai parlé avec votre médecin. Il n’est pas contre si vous restez raisonnable »

« Mais, je suis raisonnable »

« Hé bien, allons-y alors »

Je souris. J’adore cette femme. Je la suis dans sa salle de chant. Avant de chanter, il faut s’échauffer la voix. Je commence avec des  ‘A’, comme d’habitude. Je fais docilement tout ce qu’elle me conseille car je sais que ma récompense sera – le chant –

« J’ai pensé que vous aimeriez chanter une de vos chansons»

Et en disant ça, elle commence à jouer la mélodie sur le piano. Je suis abasourdi. Comment cette vieille demoiselle, en jupe plissée et chemisier en dentelle connait-elle ma musique ?

« Ne faites pas cette tête là ! Vous allez me faire passer pour un dinosaure ! » et elle éclate de rire.

« Désolé »

« Pas de quoi. J’ai appelé votre meilleure ami, un garçon charmant au demeurant, qui s’est fait un plaisir de m’apporter quelques partition chez moi »

Steph’chez Mademoiselle Henri, j’aurai aimé voir ça…mais je ne suis pas au bout de mes surprises, lorsque je l’entends chanter. Là, je m’assois. Elle m’a scotché. Mais l’entendre chanter cette chanson, me fais faire un bond dans un passé pas si lointain que ça. Je me retrouve dans une salle de concert, j’entends la foule chanter, les bras qui se tendent vers moi, mon nom hurlé par des centaines de personnes…

« Monsieur Mc Coy, vous rêvez ? C’est à vous de chanter »

 « Non, je ne crois pas »

« Mais si, voyons. Allez »

Malgré la peur qui me noue l’estomac, je me lance. Je me rends vite compte que c’est un véritable fiasco. Mademoiselle Henri continue, comme si de rien n’était, mais moi, j’ai de plus en plus de mal à accepter ces sons qui sortent de ma gorge.

« Je chante mal »

« C’est le début. Il faut attendre avant de dire ce genre de chose »

« Non, ce n’est pas le début, c’est la fin »

Je me lève, la salue et pars.

Je croise Kristen sans la voir.

« Len’ ! Où vas-tu comme ça ? »

Je ne sais pas où je vais, alors, comment répondre à sa question. Je suis perdu dans ma tête.

«Lenny ! »

Elle se dresse devant moi.

« Ça va ? »

« Tu ne voudrais pas chanter pour moi ? »

Elle jette un rapide coup d’œil à sa montre.

« Pourquoi pas, mais dans la salle de chant. Claudia va péter un câble si on se barre à cette heure-ci. »

J’acquisse.

Mademoiselle Henri est toujours là. Elle sourit en nous voyant entrer.

« Cela ne vous dérange pas si je chante ? »

« Absolument pas. Je m’en allais »

« Vous pouvez rester »

« C’est gentil, mais je dois rentrer. Bonne soirée jeunes gens. A demain Monsieur Mc Coy »

« À demain, Mademoiselle »

Une fois seuls, Kristen se met à chanter. Même si cette musique m’est étrangère, le chant de Kristen m’apaise. Je m’allonge par terre, comme si j’étais au bord de l’eau et je ferme les yeux. Je me laisse porter par la musique et mon esprit s’évade pour se retrouver face à…

« Len’, enfin ! Que fais-tu allongé par terre ?! Ah, ces jeunes ! Debout ! »

Claudia ! Décidément cette femme, quelle plaie !

« Allez, c’est l’heure de diner. Vous n’avez pas faim ? »

« Oui, mais, au fait, où est Jordan ? »

A la question de Kristen, elle est légèrement embarrassée.

« Certainement dans sa chambre »

On se regarde avec Kris.

« On va le chercher ? »

Ha, les filles, toujours à jouer les mères poules.

« Il a peut-être envie de rester seul ? »

« On essaye. S’il ne veut pas venir avec nous, on n’insiste pas, ok ? »

Je n’ai pas d’autre choix que de dire « ok ».

Rien qu’au bruit qui arrive de sa chambre, on sait qu’il ne va pas bien. Kris tente tout de même une approche

« Jordan ? Ouvre s’il te plait »

Je la trouve bien courageuse car d’après les bruits, je peux dire que la tornade blonde est entrain de dévaster sa chambre.  Mais, comme Jordan, reste malgré tout Jordan, il rétorque :

« Casses-toi conasse ! Vas donc jouer à touche pipi avec l’autre fiote !! Allez ! Cassez-vous !! »

Je vais faire demi-tour quand Kristen me rattrape par le bras.

« Parles-lui, toi. Je suis sûre qu’il t’écoutera »

Elle en a de bonne. Lui parler, mais pour dire quoi ????

« J’sais pas quoi lui dire, t’es marrante, toi »

« Improvise ! » et elle me plante là.

J’ai bien envie d’employer le même vocabulaire que Jordan à son égard mais je n’en fais rien.

« Ouvres ! »

« Vas te faire foutre »

« Ecoutes, j’en ai rien à faire que tu casses tout et que tu restes enfermé là, franchement, je m’en bats. Je fais ça, juste pour Kristen. S’il n’avait tenu qu’à moi, je ne serai même pas venu jusqu’ici »

Je n’entends plus rien derrière la porte. Plus aucun bruit, ce qui ne me rassure pas vraiment. Je m’approche doucement de la porte. Rien. Le silence total. Et merde, cela aura eu le mérite de le calmer, mais je ne suis pas fier de moi.

« Excuses. Je ne voulais pas dire ça. Ouvres, s’il te plait »

La porte reste close. C’est la petite vieille qui m’a prise pour une fille, qui m’attrape par la manche et me traîne vers le restaurant et comme d’habitude elle trouve toujours la phrases qui me met de bonne humeur :

« Allons, jeune fille, ce n’est rien. Vous en aurez d’autres des querelles d’amoureux. Croyez-moi. »

Elle ne me lâche qu’une fois arrivé dans la salle.

« Bon appétit »

Je ne lui réponds même pas.

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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