Vendredi 25 juillet 5 25 /07 /Juil 14:27

Je me dirige droit vers Kristen.

« Alors ? »

« Il n’a pas voulu ouvrir, mais lorsque je suis parti, il n’y avait plus de bruit »

On dine tranquillement. Kristen me raconte les projets qu’elle a pour le week-end, qui d’après ce qu’elle me dit, ne sera jamais assez long pour qu’elle ait le temps de tout faire. Après manger, on atterrit sur un ponton, au bord de l’étang. Je m’allonge, comme d’habitude et je fais signe à Kristen de s’allonger à côté de moi.

***

« Tu couchais avec tes fans ? »

Wow ! Quelle entrée en matière. Je préfère quand elle chante.

« Pourquoi ? T’es fan ? »

« Et si je réponds ‘oui’ ? »

« Non »

« Quoi, non ? »

« Non, je ne couchais pas avec mes fans. Trop fatigué après les concerts. »

 « Tu ne faisais pas que des concerts. Quand tu étais en relâche ? »

« Je n’ai plus de vie privée depuis que j’exerce ce métier. Plus d’intimité avec qui que ce soit »

« Tu veux dire… »

« Je veux dire, pas de chérie depuis des lustres »

« On peut y remédier, si tu veux »

 Je tourne la tête dans sa direction. Je lui souris. Elle s’approche. Nos lèvres se touchent lorsque la tornade blonde débarque.

« Je crois que j’arrive au mauvais moment »

« Oui, tu aurais du rester dans ta chambre. T’as fini de tout casser ? »

« Et toi, tu l’as déjà baisée ? »

« Jordan !! » c’est Kristen qui est intervenue « ne sois pas aussi vulgaire, s’il te plait »

« Bon allez, faites moi une place »

Et sans aucune gêne, il s’installe entre nous. Kristen me fait signe de laisser tomber. Au bout d’un moment, elle se lève et annonce qu’elle rentre. Je me lève pour la suivre.

« Tu n’es pas obligé. »

« Parce que tu crois que j’ai envie de rester avec ce fou furieux ? »

Elle sourit.

Le fou furieux me lance un :

« Espèce de connard »

Bonjour, l’ambiance.

«T’inquiètes la star,  j’me casse aussi. »

Quel taré ce mec !

***

Je n’ai pas envie de rentrer. Je reste seul, allongé sur le ponton. Une cigarette au bec. Je savoure ce moment de calme, même si je regrette le départ de Kristen. Je contemple le ciel. La nuit est étoilée. C’est la fraicheur qui m’oblige à quitter cet endroit que j’aime. Je traverse le parc lorsque je sens une main s’abattre sur moi.

« Putain ! Mais t’es malade ! Tu m’as fait peur !! Qu’est-ce que tu fous là ? »

« Je fume et je bois »

Effectivement, la surprise passée, je me rends compte qu’il est complètement déchiré. Je ne peux pas le laisser là. Il arrive à peine à se tenir debout. Je passe mon bras sous ses aisselles pour le soulever et le porter jusqu’à sa chambre. Il ne nous reste plus qu’à éviter Claudia, ce qui ne va pas être chose facile, vu le bruit qu’il fait. Aux abords de l’établissement, je m’arrête. Premièrement, pour reprendre mon souffle. Il est lourd, ce con. Et deuxièmement pour le faire taire.

« Fermes-la ! Si Claudia te trouve dans cet état, c’est en cure de désintox’ qu’elle va t’envoyer »

Il marmonne un « j’m’en fou » et s’avachit un peu plus sur moi. La montée des marches est un véritable enfer. Je manque d e m’étaler une bonne dizaine de fois. Avant de m’engager dans les couloirs, je décide de faire une pause. Tout est sombre. Seules les veilleuses indiquant les sorties de secours éclairent faiblement l’endroit.

Je bloque Jordan contre le mur et comme je n’ai aucune envie de le relever du sol, je coince une de mes jambes entre ses jambes, histoire de le maintenir droit.

« Tu fais quoi, là ? Tu veux me broyer les couilles ou quoi ? »

Stone mais pas assez pour fermer sa gueule…

« Si tu t’écroules, je te laisse là »

« Ok »

« On y va »

La progression dans les couloirs est un véritable calvaire.

« Fais un effort bordel ! J’en peux plus ! »

Mais il ne m’écoute pas. Je suis tellement absorbé par les efforts que je dois déployer pour le soutenir, que je n’ai pas fait attention à ce que je fais. Pour me soulager du poids de son corps, je l’ai plaqué contre le mur et je l’écrase avec mon corps afin qu’il ne glisse pas au sol. Je suis en train de reprendre ma respiration lorsque je croise son regard.

« Ça va ? Tu vas arriver à tenir debout jusqu’à ta chambre ? »

« Oui, si tu évites de ma plaquer contre les murs et de me foutre ta jambe entre les jambes »

« Espèce de sale con »

Je le lâche. Il s’écroule. Je me baisse à son niveau et lui crache :

« Alors? T’as compris pourquoi  je  te plaquais contre le mur ? Sale con !! Vas te faire foutre ! Démerdes-toi ! »

« Ouais, c’est ça ! Laisses-moi là ! »

Je me barre, le laissant au sol.

« Len’ !... Len’!! »

S’il continue à brailler comme ça, il va ameuter tout le monde.

« Excuses. Reviens »

Et je retourne me casser le dos avec ce connard.

« Tu fais vraiment chier »

Pour toute réponse, il s’avachit sur moi. Hé, merde ! Après pas mal d’effort, j’arrive à le hisser. A cette allure, il n’arrivera dans sa chambre que demain matin ! On reprend notre progression. On est dans le dernier couloir. Je souffle. Alors que je pense être au bout de ma galère, j’entends les sabots de Claudia. Manquait plus qu’elle.

« Prends ma clé dans ma poche ! Grouille ! Claudia rapplique ! »

D’un coup de hanche, je lui montre la poche dans laquelle il doit chercher.

« J’y arrive pas ! »

« Arrêtes, tu me tripotes ! Tu ne sens pas que c’est ma bite ?! »

Et là, il éclate de rire.

« Je l’ai! »

« Hé bien, vas-y, ouvres ! »

On s’écroule sur le sol. Je donne un coup de pied dans la porte pour la refermer. Sauvé ! Enfin, presque. Alors que Jordan va ouvrir sa gueule, je le bâillonne avec ma main. J’entends les sabots de Claudia faire une pause devant ma porte puis repartir. Jordan s’est hissé sur mon pieu.

« Rêves pas ! Tu vas gicler dans ta chambre. »

« Une clope faite maison ? »

Je fronce les sourcils. Il allume sa cigarette maison et commence à tirer des taffes, puis me la tend tout en me faisant signe de venir le rejoindre sur mon lit. Porter Jordan m’a épuisé, aussi, je m’écroule sur le lit et je prends sa clope. Je n’ai pas l’habitude de fumer ce genre de saloperie et je finis vite complètement destroy. Plus question que je le porte  jusque dans sa chambre.

«Tu fais quoi là ? »

«Tes mèches… »

« … »

«Pourquoi ? »

« Tu te souviens de ce que je t’ai dit ?  »

Il sourit et fait oui de la tête.

« Je ne compte pas arrêter, alors fous moi ton poing dans la gueule tout de suite »

« Et si tu dégageais dans ta chambre, t’as l’air en forme maintenant »

« Oui, je vais mieux par contre, toi… »

Moi, j’ai la tête qui tourne. Je ferme les yeux et c’est le néant qui m’engloutit.

***

La sonnerie me vrille le cerveau. C’est déjà l’heure ? J’ai l’impression que je n’ai pas dormi.  À côté de moi la tornade blonde ronfle. Je n’y crois pas. Je lui balance un coup de coude dans les côtes. Il râle mais n’ouvre pas les yeux. Je devrais peut-être en profiter pour passer sous la douche, je n’ai pas envie qu’il me mate le cul encore une fois. Je pars avec mes fringues dans la salle de bain. Je préfère être prévoyant. Pendant que je me lave je pense à Steph’. Demain je le revois enfin. Tout à mes pensées, je n’ai ni vu, ni entendu l’autre entré. Lorsque je réagis, il est en train de se passer de l’eau froide sur le visage.

« Ne te gênes pas ! Fais comme chez toi !! »

« Tu ne vas pas me dire que t’es gêné ? Entre mecs… »

Je ne prends pas la peine de lui répondre, ça ne sert à rien. Lorsque je termine, il me tend une serviette. Cette proximité me dérange. Avec Stephen c’est une chose, on se connait depuis qu’on est gamin. Avec un étranger, c’est autre chose. J’attrape mes affaires pour aller m’habiller dans la chambre. Il y a un miroir. Je ne sais pas pourquoi, je me plante devant, dos à celui-ci. Je n’ai jamais vu de grain de beauté sur mes fesses, faut dire que je ne les regarde jamais …absorbé par ma recherche, je ne vois pas Jordan s’approcher et avec son index, pointer le grain de beauté.

« Il est là »

Il ramasse illico mon poing dans la figure. Je ne sais pas où j’ai tapé mais je l’ai touché. Il saigne.

« Tu m’as éclaté la bouche ! »

« Tu m’as touché le cul ! »

Il dégage hors de ma piole en se tenant la bouche. Je ne me maquille pas, j’ai enlevé mon vernis. Je me rends dans la grande salle pour déjeuner. Kristen, toujours à l’heure. Je lui souris et avant d’aller chercher quelque chose à manger, je vais vers elle et je l’embrasse sur la bouche. Je sais très bien ce que je fais et pourquoi je le fais. Les raisons sont mauvaises mais il le faut. Pour moi.

« Wow ! Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel honneur ? » Son ton est rieur.

« J’en avais envie »

« Dépêches-toi de déjeuner où tu vas être en retard »

« Oui maman »

Elle finit avant moi, comme d’habitude, et moi, je ne finis pas, comme d’habitude aussi. Direction la salle de musique. Mademoiselle Henri et ses jupes plissées. Je vais finir par trouver ça sexy. L’idée me fait sourire.

« Monsieur Mc Coy avec le sourire ! C’est parfait »

Pour toute réponse je souris de plus belle. La séance se déroule dans la bonne humeur. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à chanter faux.

J’ai une heure à tuer avant le déjeuner. Je compte bien la passer au bord de l’eau à fumer mais Claudia a d’autres projets pour moi. Je m’apprête à prendre la poudre d’escampette lorsqu’elle m’interpelle :

« Pas si vite Len’ ! »

Je me retourne pas très content, le ‘Len’, n’est pas vraiment à mon goût. Je vois Jordan à côté d’elle. Je l’ai vraiment arrangé.

« Le pauvre, il s’est encore pris une porte. Pas toi ? »

« Non, j’ai été plus prudent que lui »

« Justement, je pense qu’une séance de sophrologie vous ferez le plus grand bien à tous les deux. Allez, zou ! On y va »

 

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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