Malgré la fatigue je file à la galerie. Après un bref compte rendu à Johanna, je m’enferme dans mon bureau mais elle vient me déranger.
« Mademoiselle Steinebache à téléphoner. Elle rappellera vers 17h00 »
« Qui ? »
« L’artiste peintre qu’on est allé voir »
« Haaaa… »
« Elle a d’autres toiles qu’elle aimerait exposer. Elle attend ton avis »
« Ok »
Avant qu’elle ne sorte je lance :
« Faut que je dorme, évites de me déranger »
Elle sort en haussant les épaules. Je ferme les yeux tout en me calant confortablement dans mon énorme fauteuil en cuir. J’ai du dormir une bonne heure. Il est bientôt 17h00. Avant que mademoiselle je ne sais plus quoi m’appelle, je téléphone à Evan.
« J’suis rentré »
« … »
« Des pâtes ? »
« J’ai du travail ce soir »
« J’ai une artiste à voir, mais après j’peux passer »
« À voir ou à baiser ? »
« Ben, p’tre les deux, j’sais pas »
« Comment fais-tu pour baiser avec des femmes ? »
« Quand t’as trouvé le bon trou c’… »
Il a raccroché. Aucun sens de l’humour.
***
Après quelques minutes au téléphone avec Mademoiselle Steinebache, on convient de se retrouver une heure plus tard dans son atelier. Je veux passer chez moi, me doucher et me changer.
***
Les toiles qu’elle me montre sont magnifiques. Elles compléteront parfaitement l’exposition. Pendant ma visite, je sens son regard collé sur moi. Je déambule comme si de rien n’était. Je ne vais pas lui sauter dessus comme un sauvage. J’attends qu’elle soit à point. Je l’effleure plusieurs fois. Mine de rien. Je lui montre mes cigarettes.
« Je peux ? »
« Bien sûr »
Je m’installe sur une chaise, je fume tranquillement, toujours observé.
« Ta créativité sexuelle est-elle aussi développée que ta créativité artistique ? »
Elle devient cramoisie.
« En ce moment, je vire pédé et ça me stresse. Pourrais-tu me faire changer ? »
Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose mais se ravise.
J’ai fini ma clope. Je la regarde à mon tour.
« Alors chérie ? On baise ici ou tu préfères un endroit plus intime ? »
« …ici… »
Je lui fais signe d’approcher. Je pose mes mains sur sa taille. Jolie fille. Je commence à la déshabiller. La fille réservée fait place à une fille survoltée. Mon charme ou alors elle est en manque. S’ensuit alors une baise époustouflante. Cette fille a du apprendre les positions du Kâma-Sûtra par cœur. Elle est infatigable et d’une souplesse remarquable. Après deux heures d’exercices non-stop, je déclare forfait. J’ai la tête qui tourne. Hypoglycémie.
« Faut que je mange. T’as rien ? »
Elle me regarde comme si je lui demandais un truc extraordinaire.
« Si tu veux que je continue à te secouer, j’ai besoin de carburant. De sucre. Alors ? »
Un sourire coquin éclaire son visage. Elle disparait dans son appartement.
Quelle salope ! Pour continuer à se faire tirer elle va me chercher de quoi bouffer, mais si je lui dis que je suis fatigué, elle me laisse crever !
Et je m’étonne d’être de plus en plus pédé…
Elle revient avec des gâteaux. Alors qu’elle va m’en donner un, je lui prends le paquet des mains et lui file le misérable biscuit avec lequel elle comptait me nourrir.
« Y’a du chocolat. C’est mauvais pour tes fesses »
Elle tire immédiatement la gueule. Je peux manger tranquillement.
Je jette un œil sur la pendule. 22h et des poussières.
« J’y vais »
« Tu ne restes pas ? »
« Non, je ne reste jamais. Que ce soit bien clair, c’est de la baise, et rien d’autre. Tu vois, je me suis tapé 16h de vol pour aller voir un peintre qui avait eu la mauvaise idée de tomber amoureux de moi. Il a voulu se foutre en l’air quand je l’ai viré. Bon, tu me diras tu n’habites pas loin, l’hosto est plus près, mais évites quand même. Je n’ai pas que ça à faire »
Tout en parlant, je me suis rhabillé.
« Pour le côté administratif, tu vois ça avec Johanna »
« … »
« Je ne sais même pas ton prénom »
« Ruby »
« C’est joli. On se reverra pour ton exposition »
Puis les montrant ses fesses :
« Évites le chocolat chérie »
Il est temps que je rentre chez moi.
***
Une sonnerie…mon portable…j’étais tellement crevé que je ne l’ai pas éteint.
« Mouais ?... »
« Je te dérange ? »
« Quelle heure il est ? »
« 4h du mat’ »
« Oh, putain. Ne me dis pas que t’as envie de baiser… »
« À part le sexe, il y a autre chose dans ta vie ? »
« Ouais, le cul »
Exceptionnellement il ne raccroche pas.
« Amélia pleure depuis une heure. Elle a fait un cauchemar. Elle croit que tu es mort. Je tente de la rassurer mais rien à faire. Ça te dérangerait de venir à la maison ? »
« Non. Passes-la moi »
« Brian ? »
La petite voix pleine de larme d’Amélia.
« Oui chérie. Je suis là »
« Tu vas venir hein, Brian ? »
« Oui, mais il faut que tu arrêtes de pleurer. D’accord ? »
« D‘accord »
« Ça va prendre un peu de temps. Il faut que je m’habille. Ta maison est un peu loin de la mienne. Tu seras sage en m’attendant. »
« Oui »
La voix d’Evan. Il semble épuisé.
« J’ai fait mettre un dispositif de sécurité. Il y a des gardes. A l’entrée et dans le parc »
« Tout va bien ? »
« Oui. On t’attend. Merci »
Il raccroche comme à son habitude.
***
Je marche au radar. Je suis dans le coltar. Complètement à la masse. La route me parait sans fin. Lorsque je vois enfin les grilles de la propriété, je soupire. Un garde braque sa lampe torche dans ma figure. J’apprécie moyennement. Devant le perron, d’autres gardes montent la garde. C’est Evan qui m’accueille. Il a l’air aussi épuisé que moi. Sans un mot, on se dirige vers la chambre d’Amélia. Elle regarde son livre d’images tout en suçant son pouce.
« Brian »
« Je suis là p’tite fée. je lis ton histoire et ensuite, au dodo »
Je m’installe à côté d’elle. Evan est toujours sur le seuil de la porte. Je lis ‘Carole la luciole’. Elle s’amuse avec mes cheveux. Je l’entends sucer son pouce, sa tête collée contre ma poitrine. Elle s’est endormie, moi aussi.
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