J’ai repris le chemin de la galerie.
« Jo…si j’arrêtais tout, que je change d’activité, tu me suivrais ? »
Elle me jette un regard incrédule.
« Pour faire quoi ? Maquereau ? Tenancier de bordel ?»
En éclatant de rire je réponds :
« J’vois que tu as une super bonne opinion de moi ! »
« Alors ? »
« Je ne sais pas, mais, il est temps que je change »
« Tu es sûr que tu n’es pas malade ? »
« Bon, réfléchis-y. Je suis sérieux…et… un café…s’il te plait »
Je lui envoi un petit baiser et file dans mon bureau.
***
Hier avec Steven, nous avons établi notre plan d’attaque. Exceptionnellement, il sera avec moi. Tir groupé. La cible se déplace avec des gardes du corps. Il faut être deux pour brouiller les pistes. D’ailleurs, il y aura deux tirs. Il m’a longuement demandé si j’étais sûr de vouloir le faire. J’ai répondu par l’affirmative. Même si c’est la première fois que je suis lié à ma cible.
***
« Brian…ton café »
Johanna me tire de mes pensées.
« Merci »
« Tu étais sérieux tout à l’heure ? »
« Oui. J’ai besoin de savoir car, je vais changer de vie. J’aspire à quelque chose de plus ‘rangé’. La galerie de Paris est pour Jean et Andreï. Je leur dois bien ça. J’attends ta réponse pour savoir si tu me suis ou si je te donne cette galerie»
« Faut que j’en parle avec Steven…il est déjà au courant ? »
« Oui »
« Faut tout de même que l’on en parle »
« Ha, dernière chose…si tu veux que je t’augmente, va falloir apprendre à faire le café… »
« Ho, toiiiii !!!! »
***
Après avoir réglé les derniers détails de mes donations avec mon avocat et mon notaire, j’appelle Evan. On décide de se retrouver ce soir chez lui. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu Amélia. Elle me manque.
***
Je suis accueilli par les rires d’Evan et d’Amélia. Alors que j’avance dans le hall, un boulet rose me bondit dessus.
« Brian !! J’ai cru que tu m’avais oublié ! »
« Mais non chérie, c’est juste que j’étais occupé »
Elle plonge ses prunelles noires dans mes yeux.
« Hum…pour te faire pardonner…tu me liras une histoire ce soir »
« Avec plaisir princesse »
« Nan ! Je t’ai déjà dit…je ne suis pas une princesse mais une fée ! Ha, les garçons, y comprennent rien ! Mamie ! Mamie !! L’ange est arrivé !! Viens voir ! »
« Oui, ma mère est ici. »
« Présentations officielles ? »
« p’tin Brian, tu ne changeras pas »
Je lui souris.
« Mamie ! »
Je me retourne et fais face à une femme.
« Brian Radcliffe. Enchanté »
Je lui tends la main, mais elle s’approche et m’embrasse.
« Je suis heureuse de faire la connaissance de l’ami de mon fils »
« Je suis heureux de faire la connaissance de la mère de mon amant. »
Elle sourit.
« Evan m’avait prévenue. Vous restez diner ? »
« Oui, et dormir »
Son sourire s’agrandit.
Le diner se passe dans la bonne humeur. La mère d’Evan est une femme charmante. On parle d’art. Amélia me rappelle à mes obligations. Pendant qu’elle monte se préparer pour la nuit, je suis enfin seul avec lui. Je me lève pour aller l’embrasser mais la petite fée entre en trombe, me prend par la main et m’entraine dans sa chambre.
***
Je suis installé à côté d'Amélia. Elle a posé sa tête sur mon torse. Elle regarde les images tout en suçant son pouce. Je lis. Quelques minutes plus tard, j’entends son souffle régulier. Elle s’est endormie.
***
Je rejoins Evan. Il est allongé sur son lit. Habillé. Il fume.
«T’en as pour longtemps ? »
Il me montre sa clope tout en recrachant la fumée vers moi. Je m’avance, lui prends sa cigarette, l’écrase dans le cendrier et me jette sur sa bouche.
« J’passe à la douche…tu n’as qu’à t’en allumer une autre »
Ses yeux sont sombres.
« Racontes-moi ce qui s’est passé avec Chris. J’ai besoin de savoir »
« Pas maintenant »
« Si, maintenant »
« Dimanche soir, je te raconterai tout »
« Pourquoi dimanche ? »
Il y a une pointe d’exaspération dans sa voix.
« Parce qu’une fois que je t’aurai parlé notre avenir sera scellé »
« Tu m’agaces Brian ! »
« Tu m’excites Evan ! »
« Soit tu racontes, soit tu dégages …»
« Du chantage ? »
« … »
« Tu veux savoir ce qui s’est passé ? Hein, tu veux savoir qui je suis vraiment ?!! Un connard. Un pourri sans cœur. J’ai laissé crever Chris. Sans bouger. »
Je le fixe sans aucun sentiment.
« Avant d’être l’heureux propriétaire de galeries d’art, j’étais dans l’armée. Avec Steven et Chris. On était en mission. On devait nettoyer le terrain. On est rentré dans une maison. Chris et Steven en tête. J’étais derrière eux lorsque j’ai entendu les coups de feu. Je me suis précipité pour trouver Chris dans une mare de sang et Steven mal en point. Un gamin d’une dizaine d’années allait me réserver le même sort. Je ne lui en n’ai pas laissé le temps. Je l’ai abattu. Ensuite, je me suis dirigé vers Steven. J’avais promis à Johanna de le lui ramener en vie. Alors, je l’ai fait évacué et soigner en premier. On n’a pas beaucoup de moyens lorsqu’on est en mission. Il faut faire des choix. J’ai sacrifié Chris pour une promesse faite à Jo. Quand Steven a été pris en charge, je suis allé vers lui. Je lui ai dit qu’on allait s’occuper de lui. Que tout irait bien. Je lui mentais tout en souriant. Je mentais à l’homme que j’aimais. Je me suis dégouté au plus au point ce jour là. Ce dégout ne m’a plus jamais quitté…je me suis juré que plus jamais je n’aimerai, ainsi je n’aurai plus jamais à choisir entre la raison et les sentiments…le comble, c’est que pour me rassurer, le toubib m’a dit qu’il n’aurait pas survécu. Que j’avais fait le bon choix car Steven était moins amoché…c’est moi qui ai rendu ses affaires personnelles à ses parents…des gens simples, qui m’ont accueilli comme leurs fils. Chris leur avait parlé de notre liaison. Ce jour-là, j’ai eu l’impression de le tuer une deuxième fois. Voilà, tu connais l’histoire de Chris. Maintenant, tu as une idée de ma façon d’aimer… »
Il est toujours allongé sur le lit. Silencieux. On se regarde. A ce moment, j’ai une féroce envie de le tuer. Parce qu’il me résiste. Parce qu’il en veut toujours plus. Parce que je l’aime et que je ne veux plus souffrir.
« J’y vais. Dimanche soir, il faut que l’on parle. Si tu veux...tu connais mon numéro »
Je laisse Evan, silencieux, toujours allongé sur le lit. La fureur gronde en moi. Je quitte la maison et j’appelle Véronica.
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