Dans ma boite mail, les pages du roman. Je les imprime puis, je commence la lecture. Incompréhensible. C’est le seul mot qui me vient à l’esprit. Exténué, fatigué et découragé, je m’endors.
***
La semaine passe trop vite et mon boulot n’avance pas vite, lui. Je sèche lamentablement sur mon devoir de littérature. Tous les soirs je me rends à la bibliothèque. Je tente de déchiffrer les annotations gribouillées sur le manuscrit sous l’œil moqueur de …
« Au fait, tu t’appelles comment ? »
« Maximilian »
« Ton nom va bien avec ton look »
Il sourit. Il a un look de dandy chic.
« La semaine touche à sa fin…ton devoir aussi ?... »
Son ton sarcastique. Je lui enverrai bien mon poing dans la gueule.
« T’occupes pas de ça…j’vais me débrouiller sans ton aide, puis, il me reste deux semaines de vacances … »
Je replonge dans mon déchiffrage tout en marmonnant…
« Fais chier bordel…connard d’auteur, pas foutu d’écrire deux mots sans ratures…et c’est quoi cette écriture de merdeeeeeeeeeee…me casse les couilleeeeeees… »
« Tu es sûr de ne pas vouloir mon aide… »
Je relève la tête et plante mon regard dans le sien.
« Ton aide oui. Le prix à payer, non »
Il hausse les épaules en signe d’indifférence. Se lève et part.
***
Faut que je me défoule. Que je me dépense. Que je m’aère la tête. Que j’hurle !! Après avoir laissé mes affaires chez moi, direction le Skate Park. La nuit est tombée. L’endroit est simplement éclairé par des lampadaires. Je ne suis pas le seul à venir ici. Je retrouve des potes. Après une heure d’éclate et de chutes, je rentre. Epuisé. Demain vendredi. Demain les vacances. Plus que deux semaines. C’est la première fois de ma vie que je stresse pour un devoir de littérature.
***
Dernier jour. Je tente bien de trouver quelqu’un qui a des idées mais, le devoir n’inspire personne. Fallait s’en douter dans une section scientifique…C’est avec une certaine angoisse que je me rends à la bibliothèque. Maximilian m’attend. Un sourire vainqueur aux lèvres. Je m’installe toujours à la même table. La pochette contenant le manuscrit devant moi.
« Vaincu ? »
« Ta gueule ! »
J’ouvre la pochette, en sors les feuilles jaunies et me surprends à prier pour enfin comprendre et trouver une idée. Mais rien…rien que le souffle de Maximilian sur ma nuque. Il est derrière moi. Immobile et silencieux. Je n’ose pas bouger. Puis, sa voix s’élève, comme un murmure. Il commence à lire, puis s’arrête.
« Tu sais ce que tu dois faire pour obtenir la suite… »
« Tu ne fais jamais rien pour rien ? »
« Avant, je t’aurai dit ‘oui’ sans hésiter mais là, j’ai besoin de me sentir vivant, encore une fois et certainement, pour la dernière fois. Alors… »
« Tu crois m’impressionner mais tu ne fait que lire le texte. Je veux les annotations »
« Fallait demander…là par exemple, il écrit… ‘Penser à rappeler les liens entre… et là… ‘Je vais…’… convaincu ?»
« En un mot ou deux ? »
« À toi de choisir… »
Un semblant de rire s’échappe de mes lèvres. Je suis vraiment un con vaincu convaincu…
« Trois mots »
Il éclate de rire.
« Parfait. Il est temps de se mettre au travail alors »
***
« Maman !! J’suis là ! J’suis avec un pote. On va bosser sur un truc de littérature »
Ma mère s’active dans la cuisine avant de partir. Infirmière de nuit. Au mot ‘littérature’, elle est sortie de la cuisine. Une expression de surprise sur le visage.
« Tu as dit ‘littérature’ ? Je ne rêve pas ? Mon fils va bosser cette matière ?»
« Mamannnnn…n’en rajoutes pas…Maximilian va m’aider. »
« Bonne chance ! Hunter est réfractaire à cette matière ! »
« C’est bon, il a compris…on peut aller bosser ? »
« Oui. Le repas est prêt. Il y en a assez pour deux. Houlà !!! Je parle, je parle et l’heure tourne. Bisous mon chéri. Maximilian. »
Pas le temps de répondre, elle a disparut.
« Tu comptes camper là ? »
Je lui lance un regard noir. Il va s’en dire qu’il est beaucoup plus impatient que moi. Je traine les pieds jusqu’à ma chambre. Lorsqu’il referme la porte, je sens mon cœur s’arrêter de battre et une boule venir se loger dans ma gorge.
« Je ne vais pas te violer. Je comptes sur ta coopération »
Son sourire narquois. Toujours. Encore. Encore plus énervant en cette circonstance.
Je réfléchis pour trouver une parade. Repousser l’échéance.
« Et si tu me montrais ce que tu sais faire avant ? »
De narquois son sourire est devenu moqueur.
« Tu en es sûr ? »
Je pique un fard.
« J’parlais pas de ça ! Écrire ! Écris un truc »
Je le vois saisir une feuille de mon imprimante, un stylo qui traine et écrire.
« Voilà »
Il me tend la feuille.
« Tu te fous de moi ???!!! Ça veut dire quoi ‘j’ai envie de baiser, je perds patience’ »
« Disons que c’est mon inspiration du moment »
« J’peux pas. Pas comme ça. Pas avec un mec ! »
Il tend le bras. Eteins la lumière. Une semi obscurité envahie la chambre. Puis, s’approche de moi. Lentement. Dangereusement. Dénoue sa cravate sans me quitter des yeux.
« Tu préfères ? »
« … »
« Ton silence vaut pour consentement »
Il est tellement près que je sens son souffle sur ma bouche. Ses lèvres sur mes lèvres. Sa langue chaude et humide qui s’insinue dans ma bouche. Je tente désespérément de me motiver. De penser à mon devoir, à la note qui devrait me permettre d’avoir la recommandation de mon prof de littérature. Mais la seule pensée qui traverse mon esprit est-pourquoi je laisse un mec m’explorer les amygdales ?!!!- je ne dois pas vraiment mettre du cœur à l’ouvrage car il arrête de m’embrasser.
« Il va falloir te motiver blondinet »
Je manque de m’étouffer en entendant-blondinet-
« Tu crois que c’est avec ce genre de sobriquet que je vais me motiver ?! D’façon, je n’y arrive pas. Je t’ai prévenu, les mecs, ce n’est pas mon truc. Et si je te trouvais un mec qui aime ça, les mecs ? Qu’est-ce que t’en dis ? J’ai un pote, j’suis sûr que t’es son genre. Il fantasme sur les bruns, ton genre quoi. Pour me remercier, tu finis ce foutu roman. Génial, non ? »
« Non »
« Non ?...pourquoi non ? »
« J’écris pour toi donc, c’est à toi de me donner ce que je veux en échange. »
« Tu ne comprends pas !! Il en va de ma vie !! »
« Et moi, de ma mort »
« T’es un marrant toi !...j’te jure, je me motive…en plus, ça fait un mois que je n’ai pas baisé, alors crois-moi, j’en ai envie mais…j’y arrive pas. Et quand je te vois, c’est pire…non !!Non !! T’es loin d’être moche ! T’es canon ! Non ! Mais ne vas pas te faire des idées !! J’t’assure, les mecs…ce n’est pas pour moi. Désolé »
« Si me voir est le seul problème, je vais y remédier »
Je le regarde surpris tandis qu’il brandit sa cravate.
« Fermes les yeux »
« … »
« Fais-moi confiance. Fermes les yeux »
J’obéis tout en lançant une dernière offensive :
« Mon pote, c’est un super coup au pieu tu dev… »
Sa bouche est venue clore mes lèvres puis avec sa cravate il me bande les yeux.
« Voilà. »
Je me sens tellement mal que j’ai l’impression que mon cœur bat dans ma gorge. Je déteste cette sensation de peur panique qui m’étreint.
Il revient près de moi. Je ne le vois plus mais, je sens son sexe contre moi. C’est dérangeant. Je me concentre sur Mel, mais ce sexe me ramène sans cesse à la réalité.
« Ton sexe… »
« Je bande oui »
« J’y arrive pas… »
« Comme tu le dis si bien… Tu me casses les couilles !! »
Je me sens projetais violemment, manquant de m’étaler. Furieux, j’arrache mon bandeau.
« T’as faillit me tuer, connard !! »
« Et toi, tu m’exaspères !!! Dégage ! Sors d’ici. Va t’aérer. Je vais écrire. Quand tu reviens, tu la fermes, surtout tu la fermes et je te baiserai. Compris ? »
« … »
« COMPRIS ??!! »
« Compris. J’suis pas sourd. Pas besoin de gueuler. Tu me fous dehors, mais…j’suis chez moi ! »
Il me lance un regard meurtrier. J’attrape mon skate, mon blouson et je me casse. Je me casse de chez moi. Si un jour on m’avait dit ça…que je me ferai virer par un inconnu, je ne l’aurai pas cru…
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...
"quand le passé rejoint le présent pour terminer une oeuvre inachevée et clore une vie de souffrance"
tu as la primeur de l'intro lol.
kissouilles