La tasse de thé (terminée)

Vendredi 12 septembre 5 12 /09 /Sep 10:12

Ma mère est à l’accueil. Elle remplie et signe de la paperasse. Elle me sourit en me voyant arrivée.

« J’ai bientôt fini »

En l’attendant, je vais fumer dehors. J’écrase ma clope dans un cendrier extérieur quand j’entends ma mère m’annoncer que l’on peut partir. Tout est réglé. Avant d’entrer dans la voiture, elle me prend dans ses bras et m’embrasse.

« J’ai eu très peur »

« Moi aussi »

Mais je ne lui dirai pas que j’ai eu peur de tuer Lucas.

Sur le trajet qui me ramène vers la maison, on parle.

« Sara est impatiente de te voir. Elle s’est fait un sang d’encre pour toi et Lucas »

« J’aimerai  retourner en cours cet aprème »

« Comme tu veux ma chérie »

Soudainement, je lui demande :

« Avec le père de Lucas, tu comptes faire quoi ? »

« Sa situation familiale n’est pas facile. Aussi, pour l’instant, je ne fais aucun projet »

Ma mère me dépose à la maison et part travailler…ou retrouver le père de Lucas.

Seule, j’en profite pour appeler Sara. Elle est au lycée. Je lui annonce que je serai en cours cet aprème.

Je file dans la cuisine, je me prépare un énorme café au lait. Je fouille dans les placards à la recherche d’un morceau de brioche. Rien. Je me contente de pain de mie toasté.  Repue, je vais dans ma chambre préparer mes affaires pour l’après-midi.

Reprise des cours à 13h30. J’arrive plus tôt. Dès que Sara m’aperçoit, elle se précipite sur moi.

« Vic !! P’tain ! Ce que j’ai eu peur !! »

Tout en parlant, elle tente de m’entraîner vers le groupe mais je me libère.

« J’ai quelqu’un à voir. Je te rejoins plus tard »  

Elle me laisse à regret, mais ne peut s’empêcher de me demander qui je dois voir.

« Tsss…curieuse ! File, je te raconterai tout plus tard »

Il va s’en dire que je ne compte rien lui dire de Lucas, Paul et Olivier.

Olivier. Je viens de l’apercevoir. Je souris. Je lui souris. Il se dirige immédiatement vers moi. J’avance moi aussi vers lui. Il me prend dans ses bras, me serre à me couper le souffle.

« Tu m’as fait peur »

« Tu m’as manqué »

« Victoria, tu es de retour »

La voix de Mandy. Olivier se détache de moi, et va prendre la main de Mandy. Je souris.

« Oui, je suis de retour. »

« Lucas aussi. »

Je pâlis. Lucas est là. Je tente de garder le sourire mais je le perds vite lorsque je croise son regard glacial.

« Content que tu ailles bien. à bientôt Vic »

Je regarde Olivier s’éloigner avec Mandy.

Mandy qui fait partie du groupe de Lucas.

Comme par hasard.

La sonnerie. Elle vient me sauver. Remettre à plus tard ma confrontation avec Lucas. Le cauchemar continue.

A la récré, c’est le surveillant qui vient me voir. Je dois lui donner mon mot d’absence. Comme je n’ai pas envie d’aller dans la cour car il y a Lucas, je lui raconte mon court séjour à l’hosto.

17h30. J’ai à peine le temps d’atteindre  la cour qu’une main me saisit. Lucas. Il est blême. On se dirige vers la moto de Paul. Je vais lui demander où est son acolyte mais son regard me dissuade d’ouvrir la bouche. Je mets le casque et je passe derrière lui. Je suis sûre qu’il peut sentir les battements de mon cœur contre son dos, tant il bat vite. Je n’ai pas le temps de penser à ce qu’y m’attend. On est arrivé. Il pousse la porte avec un coup de pied rageur. Il me traine derrière lui. On va dans le bureau, il ramasse les tasses vides, les déposes à la cuisine. 

« Lucas… »

« Tu n’as pas pu t’en empêcher ! Dès que tu l’as vu, il a fallut que tu ailles le voir ! Te vautrer dans ses bras ! »

« Tu m’avais dit… »

« Le problème est réglé, il sort avec Mandy » 

« C’est toi qui a organisé ça ? »

 « Tu croyais vraiment que j’allais laisser un autre mec que moi te baiser ? Tu rêves Victoria »

Sa voix est calme, ses yeux glacials. Il avance sur moi tout en parlant. Je ne bouge pas. Je repense à ce matin, aux cookies. Au baiser.

« T’es qu’un connard ! Tu avais tout prévu ! Tout organisé ! Tu m’as menti ! Tu m’as fait croire que j’étais libre, mais c’est faux ! Moi aussi j’ai droit à un autre partenaire, tout comme toi !!! »

« Tu veux un deuxième partenaire ? Mais, si ce n’est que ça, je vais résoudre ton problème »

Sa voix est dangereusement calme. Ses yeux dangereusement glacials. Je tremble intérieurement et lorsque je vois Lucas prendre son portable pour appeler je ne sais qui, la peur s’empare de moi.

« Lucas…arrêtes s’il te plait »

Mais Lucas n’arrête pas. Il téléphone.

« Elle est d’accord. Rappliques »

Je suppose que c’est Paul  à qui il téléphone. Il raccroche une fraction de seconde plus tard.

« Tu vas l’avoir ton deuxième partenaire »

«Je veux Olivier »

Son regard me fusille sur place.

« Je veux Olivier ! »

« La ferme Victoria ! »

« Je veux Olivier ! »

« La ferme !!!! Ne prononce plus jamais son nom devant moi ! »

« Olivier ! Olivier !Oli… »

Il me fait taire en m’envoyant une claque magistrale.

« Tu m’avais dit… »

« Je t’ai dit ça car je savais qu’il était avec Mandy »

« Avec lui j’ai l’impression d’être normale. Que je suis dans la réalité et non dans la folie, comme avec toi. J’ai besoin de lui. C’est mon équilibre. Il me rassure. Je me sens protégée »

« Protégée ? De qui ? De moi ? »

« De toi et de moi »

La tension est retombée. Lucas s’est rapproché. Je passe ma main derrière son cou pour l’attirer vers moi. Sa bouche. Depuis ce matin j’en ai envie. Envie partagée. Dès que l’on se touche, c’est le délire des sens. Il me soulève. J’enroule mes jambes autour de sa taille. Je me sens portée puis déposée sur le lit. Lucas toujours sur moi. On se déshabille tout en s’embrassant.  J’aime le contact de sa peau. Le goût de sa peau. J’ai envie qu’il me pénètre. Pas besoin de parler. Mes gestes, mes mouvements. Je saisis son sexe pour  l’introduire en moi. J’en profite pour le caresser. Il apprécie. Moi aussi. Il me pénètre lentement  puis commence à bouger. Mes mains caressent son dos pour s’échouer sur ses fesses. Ma bouche dévore sa bouche. Ses mouvements. Mes gémissements. Ses gémissements. Le plaisir.

« Dis-moi que tu m’aimes Vicky »

 Lucas est collé contre moi. Je sens son souffle contre ma peau. Sur mon cou.

« Je t’aime »

« Non,’ je t’aime Lucas’ dis-le Vicky »

« Je t’aime Lucas »

« Encore »

« Je t’aime Lucas »

« Encore »

« Je t’aime Lucas »

Ses mouvements se sont faits plus rapides. Je suis submergée par le plaisir. Lui aussi. C’est intense. Il me fait jouir tout en jouissant.

« Je t’aime Vicky »

Des applaudissements. Paul  debout près de la porte. 

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Mardi 9 septembre 2 09 /09 /Sep 17:28

Des bruits de voix. Je suis contre Lucas. L’odeur de sa peau. L’odeur du chocolat chaud. Des bruits de plateaux. De charriots qui roulent dans les couloirs. J’ouvre un œil. La peau de Lucas.

« Mmm… »

« C’est les plateaux du p’tit déj. J’ai faim »

Je me redresse.

« C’est quoi ? »

« Chocolat. J’en avais envie »

« J’aime pas. Je veux du café. »

 « J’ai trop faim, faut que j’mange »

Il s’est assis. Il boit le chocolat chaud d’un trait. Se jette sur les malheureuses biscottes qu’il engloutit après les avoir beurrées et nappées de confiture. Le contenu de son plateau disparait en quelques minutes. Je viens de comprendre que mon p’tit déj va subir le même sort. J’en ai la preuve un moment plus tard. Pendant qu’il dévore, je passe sous la douche. Entre-temps, la personne qui s’occupe des p’tit déj est revenue. Lucas lui explique qu’il a tout mangé tant il était affamé. Il voudrait bien qu’elle me rapporte quelque chose. Elle sort pour revenir avec un plateau. Elle s’excuse en disant qu’il ne lui reste que ça. Je la remercie. Du chocolat chaud. Je grimace. Lucas sourit. Je lui tends le bol.

« Tu as encore faim ? »

« Oui »

Je lui donne mon plateau. Les biscottes, très peu pour moi. Je rêve d’un café au lait et de brioche. Tout ce que je n’aurai pas. Une infirmière passe nous voir. Elle m’informe que je sors ce matin, dès que le docteur m’aura examinée.

 « Et Lucas ? »

« Plus tard »

Je n’ai pas fini de la questionner qu’elle repart déjà. J’observe Lucas engloutir les biscottes. Faute de café au lait, je me rabats sur mes clopes. De bon matin, le ventre vide. J’en ai un haut-le-cœur.

« J’descends téléphoner à ma mère pour qu’elle vienne me chercher »

Hochement de tête car bouche pleine.

En bas, il caille. Je sautille pour ne pas geler sur place.

« Maman ? »

« … »

« Je sors vers 10h. Tu viens me chercher ? »

« … »

« Bisous »

Je remonte vite me mettre au chaud. Il est sous la douche. La perf pend dans le vide. Je souris. Elles vont péter les plombs les infirmières avec lui. Mon regard tombe sur deux cookies posés sur la table de chevet. Il y a aussi un verre de jus d’orange. Je passe la tête dans la salle de bain :

« C’est pour qui les gâteaux ? »

« Pour toi »

« Et le jus d’oranges ? »

« Pour toi aussi »

« Wow !! »

Je retourne vite manger les cookies et boire le jus d’oranges.

« C’était bon ? »

« Oui. Comment s’est arrivé là ? »

« J’suis allé trouver les infirmières. Ce n’est pas un bureau qu’elles ont, c’est un véritable garde-manger. Je leur ai expliqué que j’avais dévoré ton p’tit déj et que je voulais me faire pardonner »

« Merci »

Je pars me brosser les dents. A mon retour, Lucas est assis sur son lit, il a allumé la télé. Il regarde des dessins animés. Je m’assois à côté de lui. J’ai horreur des dessins animés. La tête posée sur son torse, je me rendors.

« Vicky »

J’émerge lentement. Le docteur se tient devant nous. Après quelques examens de routine, je suis libre. Un moment plus tard, ma mère frappe à la porte puis entre. Elle est souriante. On lui rend ses sourires. J’ai déjà ramassé mes affaires. Elle sort la première de la chambre. Je lui dis que je la rejoins en bas. C’est bizarre cette sensation de laisser Lucas tout seul dans cette chambre d’hôpital. Je me penche pour l’embrasser sur la bouche. Juste un bisou mais, sa main emprisonne mon cou. Sa langue vient dans ma bouche. La surprise fait place au désir. Instantanément je sens mes seins se durcir. J’en prends d’autant plus conscience que c’est la première fois que je ressens un truc pareil. Le désir qui me submerge pendant un baiser…un baiser avec Lucas. Je n’arrive pas à me détacher de sa bouche. C’est la visite d’une infirmière qui nous sépare contre notre gré.

« Vous êtes dans un hôpital »

Pour toute réponse, Lucas lui hurle :

« Dégages ! »

On l’entend partir en râlant.

Il ne m’a pas lâché. Sa main libre s’est logée entre mes cuisses. À son contact, un gémissement s’échappe de mes lèvres. Puis, il prend ma main et la glisse sous le drap. Sur son sexe en érection.

« Ta mère t’attend »

Une claque ne m’aurait pas fait revenir plus vite sur terre. Je me redresse et je quitte la pièce sans me retourner. Dans le couloir, je vois Paul. On se croise sans un mot.

 L’une qui part, l’autre qui arrive.

Ce n’est qu’un échange.

Une fille contre un garçon.

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Samedi 6 septembre 6 06 /09 /Sep 12:45

 « Tu l’aimes bien le toubib ? »

« Il est sympa, pourquoi ? »

« Parce que, si tu dépasses les limites, il se pourrait que tu le revois plus tôt que prévu »

« Doit-on réserver cette chambre pour nous, à l’année ? »  En disant çà, sa main est venue emprisonner mon cou. S’il voulait m’étrangler, il ne s’y prendrait pas autrement « je t’ai laissé faire une fois, mais il n’y en aura pas deux »

La menace est claire mais je ne compte pas me laisser faire.

« Il se pourrait bien que la prochaine fois, il n’y ait aucun goût »

Sa main s’est resserrée.

« Victoria, ça va mal finir »

Je déglutis tant bien que mal. Il n’a pas relâché son étreinte. Je saisirais volontiers ses parties intimes pour les broyer entre mes doigts mais il m’aura étranglé avant que je les atteigne. Je tente tout de même. J’avais raison, sa main m’étrangle un peu plus.

« Si tu veux jouer avec, il me reste un préservatif dans la poche de mon jean »

Aucune envie de baiser. Encore moins dans ses conditions. Soudain, il me relâche et se retourne. Je décide de rejoindre mon lit mais il me dit :

« Non, restes avec moi »

Il ne s’est pas retourné. Je me colle contre lui, dépose un baiser sur son épaule,  passe l’une de mes mains sur son ventre. Il l’emprisonne. Je ne me comprends pas. Je ne le comprends pas. On s’endort.

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Samedi 6 septembre 6 06 /09 /Sep 12:37

En traversant le hall, j’aperçois le docteur qui s’occupe de nous. Une fois dehors, j’appelle Paul pour le rassurer. Alors que je vais allumer ma clope, une voix m’interpelle :

« Tu ne devrais pas »

Je me retourne en souriant. C’est le docteur. Je prends mon briquet et j’allume ma cigarette. Contre toute attente, il sort un paquet de clope et s’en grille une. On s’est assis sur le rebord d’un gigantesque bac de fleurs en béton.

« Tu as laissé Lucas ? »

« Oui, le temps de fumer et d’appeler un pote »

« J’ai reçu le résultat de la toxicologie »

« … »

« C’était du raticide »

Je fume sans le regarder.

« Le plus étrange, c’est que ce produit ne ressemble en rien à du sucre en poudre »

« … »

« En plus, depuis quelques années, les fabricants rajoutent du bitrex-une substance extrêmement amère-afin d’éviter l’ingestion »

Je me tais toujours.

« Tu as bien du le trouver amer toi aussi »

« J’ai pensé qu’il avait trop infusé »

« Et Lucas, comment a-t-il fait pour avaler un truc pareil ? Il doit vraiment t’aimer »

« … »

« Vous vouliez-vous suicider tous les deux ? »

« Non !! »

« Tu veux en parler ? »

« Je vais retrouver Lucas maintenant »

« Je suis là, si tu as besoin »

Je retrouve Lucas, toujours allongé sur le lit. Je pense à ce que le toubib vient de me dire.

«Pourquoi tu as bu le thé alors que tu savais très bien que j’avais mis quelque chose dedans ? »

« … »

J’ai repris ma place à côté de lui.

« Pourquoi tu as bu ? »

« Je l’ai mérité. Je t’avais fait du mal. J’espérais seulement que tu m’avoues avoir mis une saloperie dans mon thé »

Demain Lucas ne fera plus partie de ma vie. Je me presse un peu plus contre lui.

« Vicky… »

C’est la deuxième fois qu’il m’appelle ainsi. Je caresse son torse. Ma main descend lentement vers son boxer. Mes caresses lui font de l’effet. Je souris.

« Tu ne voudrais pas te mettre nue ? »

Je regarde la porte de la chambre.

« Pas de souci. Jusqu’à minuit, on est tranquille. L’infirmière est passée pour me le dire. Rassurée ? »

 « Oui »

« Alors… »

Je commence à m’effeuiller, puis, je m’arrête. Lui d’abord. Je lui retire son boxer. Pour le t-shirt, j’ai un problème avec sa perf.

« Je vais la retirer. On la remettra après »

« Il ne faut pas faire ça»

« Il ne fallait pas faire ça non plus…»

Je le regarde retirer sa perf.

Il lève ses bras afin que je puisse continuer à le déshabiller. J’aime son corps. Un moment plus tard, moi aussi je suis complètement nue. Je n’éprouve aucune gêne, aucune honte. Juste du désir. Je suis à cheval sur lui. Je couvre son torse de baisers. Je m’attarde sur ses seins. Je passe ma langue sur ses tétons. Je le vois fermer les yeux de plaisir et un léger râle sort de sa bouche. Je continue mon exploration en descendant sur son ventre. Il est chaud. Je parsème son bas ventre de petits baisers tandis que ma main caresse son sexe. Doucement, ma bouche descend vers son sexe.

« Vicky…tu n’es pas obligée »

« Je sais »

Lorsque mes lèvres se posent sur son sexe, il se cambre légèrement. Je ne sais pas trop comment faire car c’est la première fois que je fais ça. Je décide d’agir au feeling  et de laisser venir. Lucas a l’air d’apprécier. Ma bouche caresse son sexe. Ses mouvements s’intensifient.

« Vicky, arrête »

« Tu n’aimes pas ? Ce n’est pas bien ? C’est la première fois alors… »

« J’aime énormément, c’est pour cela que je veux que tu arrêtes. Si tu continues, je ne vais pas pouvoir me maitriser et je ne veux pas éjaculer. Viens »

Il passe sur moi. Sa bouche me couvre de baisers. Sa bouche, ses lèvres. Je voudrais que jamais cela ne s’arrête.

« J’ai envie de toi »

Il me tend un préservatif.

« Il était dans la poche de mon jean »

C’est à moi que revient le plaisir de l’habiller. Cette image me fait sourire. Il passe sur moi. On s’embrasse. On s’embrasse à se couper le souffle. On s’embrasse comme si c’était la dernière fois. Car c’est la dernière fois. J’aime le sentir en moi. J’ai posé ses mains sur ses fesses. Pour l’empêcher de partir ? Non, pour qu’il aille plus profond, plus fort. J’entends mes gémissements de plaisirs qui se mêlent à la respiration de Lucas. On jouit ensemble.

Je n’ose pas parler. Lucas est silencieux. Je n’ai pas envie que demain arrive. 

*** 

 « Il faut que je t’avoue quelque chose »

Je reste silencieuse.

« Tu es la première fille avec qui j’ai des rapports sexuels »

« Tu plaisantes ? »

« Non. Je préfère les mecs »

« Es-tu en train de me dire que t’es gay ? Non, mais c’est bien avec toi que je viens de baiser ?!! Et c’est bien toi qui a commencé ce petit jeu sordide ?!! Homo !! p’tain Lucas ! »

« Je suis avec Paul depuis un an »

Je n’avais pas rêvé dans la salle de bain.

Ce n’est pas grave ! Demain, c’est fini cette mascarade. Effacé Lucas et toute la merde qu’il fout dans ma vie. 

« Je veux que tu restes avec nous »

« Nous ?!! Nous ?!! Jamais de la vie !! Et c’est quoi le programme ? Ménage à trois ??!! »

« Paul ne te touchera pas »

 « Je le regarderais t’enfiler ? Ou je te regarderais l’enfilais ? »

« Vicky »

« Ah, oui, excuses. Je devrais plutôt dire enculer. Suis-je bête. Tu comptes m’appliquer le même traitement ? »

« Vicky »

« Quoi ? »

« Je ne te laisserai pas partir »

« Paul doit –être fou de savoir que tu te tapes une fille »

Il me sourit.

« Paul est bi chérie. Il m’a donné des conseils. Dans la salle de bain, il venait juste voir comment je me débrouillais et il m’a embrassé pour m’encourager »

 Je lui balance une claque. Je frappe tellement fort que j’ai mal à la main. J’ai du lui faire mal car il a porté sa main sur sa joue.

« D’après la façon dont tu m’as sucé, j’ai cru que tu m’appréciais. »

« D’après la façon dont tu m’as baisé, j’ai cru que tu étais hétéro »

«Le sujet est clos. Tu restes avec nous»

« Pourquoi m’avoir dit que je serai tranquille alors ?

« J’étais sûr qu’après le moment qu’on allait passer, tu ne voudrais plus partir. Tu es compliquée toi aussi !  Parfois tu te donnes comme si tu m’aimais et le moment d’après tu m’empoisonnes »

« Tu accepterais Olivier ?... »

« Dans mon lit ? »

« Non, dans mon lit »

« Je ferai quoi, moi ? »

Je lui souris.

« Tu t’occuperais avec Paul, de ton côté, loin de moi »

«Oui »

« Oui de chez oui ? Tu ne changeras pas d’avis ? »

« Et toi non plus. Tu restes avec nous. Avec ou sans Olivier »

« Ok »

La porte s’ouvre, c’est l’infirmière. Elle constate que Lucas n’est pas branché à sa perf. Elle va pousser une gueulante mais se ravise. Il est tard, elle est fatiguée. Ces jeunes l’emmerdent.

« Il est minuit ? »

Je regarde ma montre.

« Oui, il est minuit passé. Pourquoi ? »

En me souriant il dit :

« Tu es à nous maintenant »

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Jeudi 4 septembre 4 04 /09 /Sep 13:33

Il ne s’est pas retourné. Il n’a pas bougé. Je quitte la pièce sans me retourner. Je pensais que cela me ferait du bien de lui faire du mal, mais il n’en est rien. Je suis dehors. Je réalise que je n’ai pas envie qu’il meure par ma faute. Je rentre pour aller le retrouver lorsque je vois arriver Paul. Je suis étonnée. Il m’agite son portable sous le nez.

« Il est où ? »

« Dans le bureau »

Il rentre comme un fou. Je reste pétrifiée sur place. Je les vois ressortir. Avant de partir Paul m’ordonne de ne pas bouger.

« Je le dépose et je reviens te chercher ! T’as intérêt à être là ! »

Paul est revenu me chercher. On arrive aux urgences. Ils ont déjà pris en charge Lucas. Le médecin veut me parler. Alors que Paul me suit, il lui fait signe que non. Il me conduit près de Lucas. Je suis très mal à l’aise. Normal, je culpabilise à mort. Le médecin veut savoir ce que j’ai mis dans son thé. C’est Lucas qui vient à la rescousse.

« J’ai expliqué au médecin que ma grand-mère avait la fâcheuse habitude de mettre des coupelles pleines de sucre en poudre mélangé avec du poison dans les placards depuis qu’elle avait vu une souris rôder. Il veut connaître la quantité que tu as mise dans la tasse »

« J’ai mis au moins une cuillère à café »

« Ok »

« Et le thé, il n’y avait que du thé dans le pot ? »

Je regarde Lucas en l’interrogeant du regard.

« Je suppose que oui »

« Oui, là, il n’y a que du thé »

« Parfait. Tu vas avoir droit à un lavage d’estomac. Ce n’est pas très agréable mais c’est la seule chose efficace contre le poison. » Puis se tournant vers moi :

« Et toi ? Tu en as bu ? »

« Si, mais sans sucre »

« Parfait. Je vais m’occuper de ton ami. Il faudrait prévenir ses parents »

« On va s’en occuper »

Je regarde Lucas partir avec le médecin. Je rejoins Paul dans la salle d’attente mais à peine arrivée, il me pousse vers l’extérieur.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce que tu lui as fait ? »

« Tu ne te faisais pas tant de soucis lorsqu’il me violait dans la salle de bain. Préviens ses parents. Je rentre chez moi. Dis-toi que j’aurai pu le laisser crever »

Alors que je vais partir, j’entends le médecin qui m’appelle.

« Mademoiselle ! »

Je retourne le voir.

« Votre ami m’a dit que vous en aviez bu dans sa tasse. »

« Juste une goutte »

« Je ne peux pas vous laisser partir. Je vais vous garder en observation »

« Je vous assure, je n’ai quasiment pas bu »

« Tant mieux mais je préfère vous garder. Vous serez dans la même chambre »

Lorsqu’il parle d’observation, ce n’est pas derrière une vitre. Non. J’ai droit à une prise de sang. Après ça, on me conduit dans une chambre. Il y a deux lits. Le mien et celui de Lucas. L’infirmière me dit que si je ne vais pas bien, je n’ai qu’à appuyer ‘là’, et elle me montre un interrupteur. Elle me demande aussi si j’ai prévenu mes parents. Je lui réponds pas encore car je n’étais pas sensée être malade. Elle me laisse enfin. Je m’assois sur le lit en attendant le retour de Lucas, rejointe bientôt par Paul. Je n’ai pas envie de parler et encore moins qu’il me fasse chier. Il s’assoit sur l’autre lit et reste muet. C’est moi qui brise le silence.

« Tu as prévenu les parents de Lucas ? »

« Tu veux que je leur dise que tu as essayé d’empoisonner leur fils unique ? »

Je ferme les yeux et c’est le visage de Lucas que je vois. Un bruit de roulettes dans le couloir. C’est lui qu’ils ramènent. Paul se lève et sourit à son ami qui a l’air fatigué. Ils lui ont enfilé un tuyau dans la gorge jusqu’à l’estomac, ensuite balancer des litres d’eau et tout est ressorti. Même le poison.  

Il est sur le lit. L’infirmière me dit qu’il va avoir du mal à parler. Qu’il lui faut du repos. Qu’on va passer la nuit ici. Demain, si tout va bien, on sort. Elle nous laisse enfin seuls.

J’ai envie de m’excuser, de lui dire que je regrette mais ses parents sont là. Son père me regarde surpris, mais il se ressaisit et se dirige vers son fils. Je sais à qui Lucas ressemble. C’est tout le portrait de sa mère. Elle a les yeux rouges. Elle a dû pleurer. Elle semble si fragile. Je sors de la chambre pour les laisser seuls. Je n’ai pas envie de les entendre. Je n’ai toujours pas appelé ma mère, je ne voulais pas qu’elle se retrouve dans la même pièce que le père de Lucas. Il me rejoint dans le couloir, me dit bonjour et me demande comment ça s’est passé. Je lui raconte la version de Lucas. C’est la seule que je raconterai.  Sa femme lui demande de rentrer. Je reste seule. Je commence à avoir mal au ventre. Je pars à la recherche de l’infirmière mais je n’ai pas à chercher longtemps. Elle est là. Je ne dois pas avoir aussi bonne mine que lorsque je suis arrivée car elle m’entraîne vers la chambre.

« J’ai envie de vomir, c’est normal ? »

« Oui, c’est normal »

Je rentre en trombe dans la chambre, je m’engouffre dans la salle de bain. J’ai tout juste le temps de visualiser la cuvette des toilettes que je vomis. J’ai l’impression de gerber mes tripes. J’entends des voix dans la chambre, ça parle fort. Je sens une main qui me retient les cheveux. C’est Lucas. Il a poussé l’infirmière qui braille. Ses parents aussi lui gueulent dessus et moi, je dégueule. Je me relève enfin. L’infirmière a bipé le docteur car Lucas a arraché sa perf pour venir me rejoindre. C’est le toubib qui met tout le monde d’accord en les virant de la chambre.

« Laissez-les tranquilles. Vous reviendrez voir votre fils demain. Plus de visite pour ce soir. »

Il rentre dans la salle de bain et nous dit :

« Lorsqu’elle aura fini de vomir, sonne l’infirmière. Elle te remettra ta perf et elle s’occupera de ta copine »

Il a raison, je n’ai pas fini de vomir, je sens une nouvelle douleur et me voilà replongeant la tête première dans les chiottes pour me vider l’estomac. Cette fois, c’est la bonne. Des larmes coulent le long de mes joues. Je m’écroule par terre. Je n’en peux plus. Lucas me récupère dans ses bras. Je pleure. Je ne sais pas combien de temps on reste comme ça.

« Vicky, chérie »

Je me redresse et je sors de la salle de bain. Je dois avoir une tête qui fait peur car ma mère pâlit.

« Je vais bien »

« Je t’ai apporté des affaires propres. Il y a aussi tes affaires de toilettes »

« Merci »

J’ai envie de lui demander si elle couche avec le père de Lucas mais, je n’en ai pas le courage. Finalement, j’ai juste envie de la voir partir. C’est le docteur qui va se charger de la mettre dehors, elle aussi.

« Où est Lucas ? »

« Dans la salle de bain »

On entend l’eau couler. Il est sous la douche.

Le médecin nous laisse mais, il repassera plus tard.

Dès que je n’entends plus le bruit de l’eau, je prends mes affaires et j’entre dans la salle de bain. Il se sèche. Je me déshabille et je file sous la douche.  Lorsque je le rejoins dans la chambre, il est allongé sur son lit. L’infirmière a du venir car il est à nouveau attaché à sa perf. Je le vois la biper, elle arrive quelques minutes plus tard. Elle me pose des questions, me prend mon pouls. Tout à l’air d’aller. Elle me donne tout de même des comprimés à avaler. Je vais me mettre sur mon lit lorsque je sens la main de Lucas sur ma cuisse. Je me retourne. Il se pousse pour me laisser une place. Je m’installe avec lui. Je vais parler mais il pose ses doigts sur ma bouche.

« Chutttt… »

Je reste contre lui. Le médecin repasse nous voir comme il l’avait dit. En nous voyant dans le même lit, il sourit. Il ausculte Lucas. Tout va bien pour lui. Dès qu’il repart, je tente de parler à Lucas, mais c’est lui qui prend les devants.

 « Je ne veux plus de faire de mal à cause de mon père et de ta mère. J’ai été injuste avec toi, ça fait longtemps que mes parents ne s’entendent plus. J’ai toujours eu l’espoir que cela s’arrangerait, la venue de ta mère dans la vie mon père m’a fait comprendre que j’espérais en vain. Je n’aurai jamais du abuser de toi. Je t’ai drogué car sincèrement, je ne voulais pas que tu ais mal. J’ai mérité ce que tu m’as fait. Tu es libre. Libre de vivre ta vie tranquillement. Libre de retourner avec Olivier. Tu n’as plus besoin d’avoir peur.  Tu ne me retrouveras plus sur ta route. »

Je suis toujours collée contre lui.

 « Je vais dehors fumer. Cela ne te dérange pas, si je te laisse seul quelques minutes ? »

« Non. Est-ce que tu peux téléphoner à Paul pour lui dire que je vais bien ?

« Bien sûr »

Je l’embrasse sur la joue.

« Vicky… »

Je l’embrasse sur la bouche.

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Mercredi 3 septembre 3 03 /09 /Sep 16:22

Lorsque je reviens je dépose les tasses sur le bureau. J’en prends une.

« Un souci ? »

« … »

« Tu n’as pas confiance ? »

« … »

« Je t’ai fait confiance, moi »

Je saisis sa tasse et j’en bois une gorgée avant de la lui rendre. Il sourit. Cette scène doit lui rappeler quelque chose…

  « On se met au travail ? »

« Avec plaisir » je n’ai aucune envie de faire des maths…

Il commence à m’expliquer mais mon esprit est ailleurs. C’est la première fois que je reste autant de temps dans cette pièce. D’habitude c’est l’antre de Paul et Sara. Mon regard se pose sur les meubles, les tableaux, et soudain, j’aperçois des photos. Je laisse Lucas à ses explications et je me dirige vers les photos. Je découvre Lucas enfant faisant du vélo avec…

« Il a vieilli… » c’est Lucas qui vient de parler. Il est derrière moi.

Je fixe toujours l’homme qui se tient à ses côtés. Ils ne se ressemblent pas vraiment tous les deux.

Le père de Lucas est opticien. Il travaille dans la même galerie marchande que ma mère. Le père de Lucas veille sur ma mère…quelle ironie du sort. Je comprends mieux pourquoi il était contrarié.

« On peut retourner bosser ? » son ton est légèrement impatient mais j’ai décidé de ne pas en tenir compte.

« Non, je n’ai pas envie de faire des maths »

« Tu te fous de moi ? »

« Non. Je suis venue car je voulais comprendre pourquoi tu étais aussi contrarié. Maintenant, je sais. »

Son regard glacial me transperce mais je lui souris crânement. J’ai décidé de le faire hurler. À mes risques et périls.

« Ça a dû te faire chier d’apprendre que ton père raccompagnait ma mère »

« Il fait bien plus que la raccompagner, il baise ensemble ! Mon père couche avec ta mère !! Ta salope de mère !! »

J’ai réussis à le faire hurler. Il est furieux.  Je lui adresse mon plus beau sourire et j’enchaîne :

« Je baise bien avec son connard de fils »

Sa colère atteint des sommets. Je jubile. Il fulmine.

« Et ma mère ? Tu y penses à ma mère ? Mes parents sont mariés !!! »

« Je n’y suis pour rien si ton père préfère ma mère. A croire que c'est de famille...»

Il me balance une claque. Je la lui rends illico. Il se jette sur moi et m’agrippe par les épaules.

« Si tu avais raconté à ta mère ce que je t’ai fait la première fois, quand elle aurait appris que j’étais le fils de son amant, elle l’aurait quitté ! Je n’aurais pas eu besoin de recommencer !! Ni de te menacer !! Pourquoi t’as rien dit ?!! Pourquoi !! »

Il me secoue tellement que j’ai l’impression que mon corps va se disloquer.

« Pourquoi ?! »

« J’avais honte ! Voilà pourquoi ! »

Il arrête de me secouer et me lâche.

« Tu m’as fait ça pour que ma mère quitte ton père ? »

« Oui. Paul m’avait dit que ce n’était pas une bonne idée. Je n’ai pas voulu l’écouter »

Je vais ramasser mes affaires. Tandis que je range mon classeur, je jette un coup d’œil à la tasse de Lucas. Elle est vide. Il est toujours immobile devant les photos.

« Je pars »

Il est toujours là. Perdu dans ses pensées.

« J’ai mis du poison dans ta tasse. Oui, j’en ai bu. Oui, je vais avoir mal  au bide. Non, je ne vais pas en mourir. Toi oui. »

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Mardi 2 septembre 2 02 /09 /Sep 15:35

Je petit déjeune avec ma mère. J’en profite pour la questionner sur son ami.

« Tu le connais depuis longtemps ce mec ? »

« Depuis le mois de septembre. Il est opticien. Il a un magasin dans la galerie marchande. »

Ma mère est responsable d’une parfumerie dans une galerie commerciale.

« On finit aux mêmes horaires »

« Donc, il pourra te raccompagner s’il le faut ? »

« Vicky, tu ne crois pas que tu exagères ? »

« Peut-être »

« Dépêches-toi, tu vas arriver en retard »

« Fais-toi raccompagner encore ce soir »

« Vic… »

« Si tu peux, fais-le pour moi. S’il te plait »

Direction le lycée. Il faut que j’ai une conversation avec Lucas. Je veux comprendre pourquoi il fait ça. Cette torture mentale. Arrivée dans la cour, je repère immédiatement le groupe. Alors que je me dirige vers eux, Sara vient à ma rencontre.

« Ça va ? Alors prête à m’aider ? »

« Bien sûr »

« Tant mieux. On y va ? »

« Oui »

Je me rends compte que Lucas est de mauvaise humeur mais cela ne m’arrête pas. J’ai envie de lui gueuler dessus pour ce qu’il me fait vivre, mais je décide d’opter pour la méthode douce. Je m’approche de lui en souriant. Il est assis sur les marches d’escalier. Je me penche et je l’embrasse. Juste un petit bisou sur la bouche. Ça l’empêche d’exprimer sa mauvaise humeur même si ses yeux lancent toujours des éclairs. Je fais comme si je n’avais rien remarqué. Je me glisse entre ses jambes. Il m’observe tout en me laissant faire, ou en se laissant faire. Je n’ai pas envie de le questionner, j’aimerai que ce soit lui qui commence. En attendant qu’il veuille bien décrocher un mot, je m’amuse avec lui. Je passe ma langue sur ses lèvres. Je tente de forcer le barrage de ses dents lorsque, énervé, il me mord la lèvre inférieure.

« Aïe ! »

«J’suis pas un jouet »

« Je sais »

« Tu connais le type avec qui ta mère était hier soir ? »

« Non, c’était la première fois que je le voyais »

« Et elle t’a dit qui c’était ? »

« Oui, un ami. Il est opticien. Il bosse dans la même galerie marchande qu’elle. C’est tes potes qui t’ont dit qu’elle était accompagnée ? »

 « … »

« Dis leur que son ami la raccompagnera tant que tu profèreras des menaces »

Il pâlit et se raidit.

« Un problème ? »

Je suis toujours penchée sur lui. Je franchis les quelques centimètres qui nous sépare pour me coller contre lui. Mes mains caressent sa nuque. Je sais qu’il est contrarié, j’aimerai bien savoir pourquoi mais je préfère me taire.

« Ça va bientôt sonner. On se retrouve au self ? »

Pour toute réponse il m’embrasse. Un peu plus loin, seul dans la cour, j’aperçois Olivier.

***

Quand j’arrive au self, aucune trace de Lucas. Je vais voir Paul.

« Tu sais où est Lucas ? »

« Parce que ça t’intéresse maintenant ? »

« Oui...alors ? »

« Il est rentré chez lui »

Je regarde l’heure à ma montre. Je peux très bien faire l’aller/retour sans que quiconque remarque mon absence.

« Chez lui, pas chez sa grand-mère. Problème familial. »

Je ne dis rien. Je ne pense pas que Paul lâchera la moindre info concernant son pote. Je suis obligée d’attendre ce soir. Les heures de cours se suivent. Enfin la sonnerie. 17h30. Alors que je commence à partir, j’entends Paul s’arrêter à côté de moi et me tendre un casque. Je le prends sans hésiter. Une fois arrivée devant la maison, je commence à réfléchir, mais il est trop tard. Je me motive mentalement tout en me traitant de ‘pauvre conne qui cherche les emmerdes’. Lucas est là. Toujours sa tête des mauvais jours. A ma grande surprise, Paul ne reste pas. Un à gérer, c’est tout de même plus facile que deux. Lucas est assis dans le salon. Il fume. Il a du voir mon regard étonné car il me répond :

« J’avais arrêté »

« Tu as des soucis ? »

Je me surprends toute seule à éprouver de la compassion pour ce connard. Il a l’air surpris lui aussi mais me dit :

« Oui, quelques problèmes chez moi »

Je suis sur le seuil de la porte du salon. Je n’ose pas entrer. C’est comme si cette distance pouvait me protéger de sa folie. Je ne sais plus quoi dire mais je ne veux pas que le silence s’installe entre nous. Je m’avance donc pour aller m’assoir sur l’accoudoir de son fauteuil.

« Si tu veux en parler… »

Il a un ricanement sinistre.

« Quoi ? Je suis venue, non ? »

« Oui, et je me demande bien ce que tu as derrière la tête »

Je lui souris. Pour une fois que c’est lui qui se torture pour savoir ce que je manigance, c’est assez jouissif. Et là, contre attente, je lui dis :

« J’ai des maths à faire. Tu peux m’expliquer et m’aider, s’il te plait ? »

Je vois bien qu’il s’attendait à tout, sauf à ça. Moi aussi, je ne pensais pas dire un truc pareil. Je n’ai plus qu’à faire des maths maintenant. En lui demandant de l’aide en maths, il se retrouve à faire ce qu’il adore et donc, il se détend inconsciemment. S’il y a une chose qu’il fait super bien, à part baiser, c’est expliquer les maths. On s’est installé dans le bureau. Il y a un tableau sur l’un des murs. Pendant qu’il lit les énoncés, je lui propose d’aller faire du thé. Je sens son hésitation, alors je m’approche de lui et je me colle doucement. Je passe mes mains derrière son dos, je les arrête sur ses fesses. Son regard bleu glacial est plongé dans mes yeux. Mais cette fois il ne me glace pas. Je ne sais pas encore pourquoi, mais cette fois, c’est moi qui ai l’avantage sur lui.

« Je vais préparer du thé » ma voix est un murmure.

Il me laisse partir sans me lâcher du regard.

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Dimanche 31 août 7 31 /08 /Août 11:30

Je suis dans ma chambre. Le vibreur de mon portable. Lucas.

« Tu n’avais pas des maths à faire ? »

« Oui »

« Tu as besoin d’aide ? »

« Sans contrepartie ? »

« Sans contrepartie »

« J’aimerai bien ton aide »

« J’arrive alors. Tu es où ? »

« … »

« Victoria ? »

« … »

« Ok. Tu ne me fais pas confiance. » Et il raccroche.

Je n’ai pas le temps de me poser de questions, je reçois un texto.

« T’as mère, elle plait bien à mes potes. J’pense qu’avant toi, ça sera elle »

Je lui renvoie :

« Vas te faire foutre connard !! »

Et j’appelle ma mère.

« Maman ? Ça va ? »

« Vicky. Tout va bien ? »

« Est-ce que tu pourrais te faire raccompagner ce soir ? »

« En quel honneur ? »

« J’ai reçu un message. Il parait qu’il y a une bande de mecs qui s’en prennent aux femmes seules. Femmes et filles. Je ne plaisante pas. S’il te plait. Juste pour ce soir, fais-toi raccompagner. »

« Je verrai »

« Non, je veux que tu me promettes que tu ne rentreras pas seule »

« Ok. »

« Merci maman »

Je n’ai pas le temps de raccrocher que Sara tente de me joindre.

« Vic ! Qu’est-ce que tu as fais à Lucas ? Il est fou ! »

« Je le sais qu’il est fou, tu ne m’apprends rien »

« Je ne plaisante pas ! Il a déboulé dans le bureau, il était furieux. Appelle-le. »

« … »

« Vic… »

Je pense à ma mère. Je sais que ce soir elle ne rentrera pas seule, mais les autres jours ?

« Vic ?... »

J’ai envie de tout lui dire mais cela ne m’aidera pas. Je raccroche et j’envoie un message à Lucas, en lui disant que je suis chez moi. Quelques minutes plus tard, j’entends la moto. Je vais ouvrir et je me retrouve face à lui.

« On bosse où ? »

« Dans ma chambre »

Si j’ai appris une chose avec Lucas, c’est que l’endroit n’a pas d’importance. Il est dangereux peu importe l’endroit.

Mes affaires sont déjà déballées. Il s’installe à ma place. Regarde les exercices que je n’ai pas compris.

« Ça va, ce n’est pas très compliqué »

Je m’assois à côté de lui. Il est vraiment très doué pour expliquer. Ce qui me paraissait incompréhensible devient facile et clair. Je fais les exercices sous sa surveillance, mais comme il ne dit rien, je suppose que c’est juste.

« Parfait. Tu as compris »

« Grâce à toi. Merci »

Il me sourit. Je m’approche. Je passe mes mains derrière sa nuque. Je me penche et je l’embrasse tout en lui retirant son t-shirt. Il n’y a rien de romantique, de sensuel. Ce n’est que du sexe. Du pouvoir. De la domination. C’est fort et intense. J’ai toujours autant de plaisir. Alors que l’on reprend notre souffle, il me regarde et murmure dans mon cou :

« Bien tenté mais c’est trop tard. Ils se sont déjà occupé de ta mère »      

Je suis toujours collée contre lui. Je n’ai pas bougé.

« Maintenant, tu peux me haïr »

Je lui souris :

« Non, maintenant, je vais te tuer »

***

 On se regarde. On est toujours nu. Je me lève et je vais récupérer mon portable sur mon bureau. Je tombe systématiquement sur sa messagerie. Je me retiens de l’envoyer contre le mur. Lucas se rhabille, je fais comme lui. Il part sans un mot. Je reste assise sur mon lit. Je fixe le mur. J’attends que ma mère rentre. Dès que je l’entends, je dévale les escaliers. Elle est dans le hall, souriante. Un homme l’accompagne.

« Victoria, je te présente Jean-Charles, un ami. Jean-Charles, je te présente ma fille, Victoria. »

Je lui serre la main tout en lui adressant un petit sourire.

« Tout s’est bien passé ?»

Ma mère se tournant vers l’homme

« Figures-toi que Vicky a reçu un message, comme quoi des jeunes agressent des femmes. Elle s’est inquiétée pour moi. Voilà, pourquoi je t’ai dérangé ce soir »

« Merci beaucoup d’avoir raccompagné maman. Les mecs qui tournent dans le quartier ne sont pas nets »

« Il faudrait prévenir la police »

« Oui, il faudrait »

« Je vous laisse. On m’attend » puis en regardant ma mère « on s’appelle » et l’homme lui dépose une bise sur la joue. « Au revoir Vic »

« Au revoir monsieur »

Une fois son sauveur parti, ma mère file dans la cuisine en chantonnant. Je n’y comprends plus rien. Le principal c’est qu’elle aille bien. Je décide de téléphoner à Sara.

« Vic ! Alors ta petite sauterie avec le beau Lucas ?... »

« …et toi, avec le beau Paul ? Je me demande si je ne vais pas être obligée d’intervenir en ta faveur… » Je sais très bien que j’ai touché sa corde sensible.

« Tu ferais ça pour moi ? »

« Tu es ma meilleure amie, non ? »

« Oh, Vic !!! Je n’osais pas te le demander parce que c’est délicat quand même ce genre de situation »

« Oui, c’est délicat et je ne te promets rien »

« Wow, c’est super sympa ! J’t’adore !! »

« À demain »

« Oui, vivement demain »

Elle raccroche en souriant. Je raccroche en  réfléchissant.

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Vendredi 29 août 5 29 /08 /Août 16:30

Je sais qu’il n’est pas dupe. Loin de là. Pour l’instant, c’est lui qui a l’avantage. Il connait tout de moi, mais bientôt nous serons à égalité. Je sens le sol glacé contre mon dos et la chaleur de sa peau sur mon ventre. Il a délaissé la baignoire pour me baiser sur le sol. Je ferme les yeux.

« Non, je veux que tu me regardes. Je veux être sûr que ton esprit ne s’évade pas de ton corps. Je veux que tu sois avec moi, corps et esprit. »

Il faut que je reprenne le dessus sur moi-même. Quoi qu’il fasse, ce n’est rien. Ça ne m’atteint pas. Je l’embrasse pour lui prouver ma bonne volonté. Je me retiens de lui arracher la langue avec les dents.

« La porte est fermée ? »

« Non »

« Tu ne voudrais pas la verrouiller ? »

« … »

« Je ne veux pas que quelqu’un entre… »

« Ce n’est pas prévu au programme. Ne t’inquiètes pas »

« Alors, si ce n’est pas prévu… »

Lucas est beau. Je cherche une motivation. Il est sexy. Non, le mot sexe me dégoûte, surtout dans ces conditions.

Il se redresse. Je panique.

« Tu es stressée Victoria. »

« Non …oui » pas la peine que j’essaye de le mener en bateau,

« Je n’y arrive pas, désolée »

Je m’attends à des menaces, mais, il me prend dans ses bras, m’embrasse sur les paupières. On est allongé l’un contre l’autre sur le sol. Ses mains me caressent. Petit à petit, je me laisse aller, il repasse sur moi. Il est dans mon corps. J’ai du plaisir. Comme il le souhaitait, je me donne totalement.

Je regarde le préservatif plein de sperme qui finit à la poubelle. Il passe dans la baignoire pour se laver. Je passe de la position assise, à debout. Je me rhabille en silence.

« Il rentre demain l’autre »

Je suppose que par l’autre, il veut dire Olivier. Le mec avec qui je sors.

« Oui »

« Tu l’as déjà viré ou tu dois le faire »

« Je dois le faire. Je préfère le lui dire de vive voix, plutôt qu’au téléphone »

« Peu m’importe la façon, c’est le résultat qui compte »

Effectivement, je m’en suis rendue compte…

Je laisse Lucas dans la baignoire et je vais dans la cuisine. La tasse est toujours sur la table. Je la saisis et je vais la laver. Lorsque je me retourne, Paul est adossé au chambranle de la porte. Il m’observe. Je lui souris.

« C’est toi qui me raccompagne ? »

« Si tu veux »

« Il est tard, je dois rentrer. »

Une fois chez moi, je me précipite sous la douche.

***

Je suis prostrée sur mon lit. Complètement repliée sur moi. Je repense à ce que je viens de faire avec Lucas. Au plaisir que j’ai eu avec lui. C’est là, que je ne me comprends pas. Mon portable. C’est Lucas qui m’appelle.

« Oui »

« Tu es partie sans me dire au revoir »

« Il était tard. Je voulais rentrer »

 « Embrasses-moi la prochaine fois, avant de partir »

« Je le ferai. »

Il raccroche. Je jette mon portable loin de moi. Il est temps que je dorme mais je décide de le rappeler.

« Excuses-moi pour tout à l’heure. Tu te lavais. Je devais rentrer. Je ne pensais pas que tu voulais m’embrasser avant que je parte. On venait de faire l’amour, j’ai cru que tu ne voulais rien de plus. Je me suis trompée »

Je ne supporte pas son silence. Ça m’angoisse. Il attend quelques minutes et décide enfin de répondre

« Ne recommence plus » et il raccroche.

Je tremble.

Demain, Olivier rentre. Il va falloir que je lui parle. Je ne sais pas encore ce que je vais dire, ni comment je vais le dire. Je ne veux pas le perdre. Mon bouclier. Ma bulle d’air. Je sais que Lucas n’hésitera pas à s’en prendre à lui. J’ai vu ce qu’il a fait avec Kevin, avec ma mère.

Mon portable. Sara.

« Oui »

« Alors ? Ça y est ? Tu es avec Lucas. C’est super ! »

« … »

« J’en étais certaine que vous finiriez ensemble. Tu vas faire comment avec Olivier ? »

« Lui dire que c’est fini »

« Oui, tu as eu raison de choisir Lucas »

« Et toi, avec Paul ? »

Elle commence à me raconter qu’elle progresse. Et blablabla…elle en est toujours au même point, la veinarde !
***
Olivier est rentré. Il m’a envoyé un message. Il veut me voir. Je suis nerveuse. Je ne sais pas comment lui dire que c’est fini, d’autant plus que l’on ne s’est jamais disputé. Je ne peux pas lui dire ce que je suis avec Lucas. C’est tellement délirant. Il ne me croirait pas. Je suis devant lui. il sourit, je reste immpassible.

« Vic, tu m’as manqué »

« C’est fini. »

« Tu plaisantes ? »

« Non, c’est fini »

« Tu as une raison valable ? »

« Je suis tombée amoureuse de Lucas »

« Lucas ? Ce mec t’as toujours fait peur »

« Il a changé. Moi aussi »

Alors qu’il tente de s’approcher pour me prendre dans ses bras, je l’arrête.

« Non !  Ne t’approche plus de moi. Je t’en supplie »

« Vic… »

« C’est mieux pour toi, crois-moi, je dois y aller. T’es un mec bien. Très bien même. Je suis navrée de te faire souffrir »

« Est-ce qu’un jour tu m’expliqueras ? »

« Certainement, oui »

Je quitte Olivier définitivement pour aller rejoindre Lucas. En route, je m’arrête et je craque. Quand je suis devant sa porte, je me suis recomposée un visage. Je souris. Je me souviens de ce qu’il m’a dit hier soir, aussi, lorsqu’il apparait, je l’embrasse en lui disant bonjour.

« Tu as viré, l’autre ? »

« Oui »

« Vic ! »

Sara. Toujours là. Elle doit avoir 20/20 en maths depuis que Paul l’aide.

« Je te l’enlève. On revient plus tard »

«Pendant que certains vont prendre du bon temps, d’autres vont bosser »

« J’ai des maths à faire. Il faut que tu m’expliques »

Il me regarde en souriant

« Tu plaisantes ? »

« Non, il y a un truc que je n’ai pas compris. Autant en profiter »

« Après »

« ...Après »

Il me prend par la main et m’entraîne dans un couloir.

« On change d’endroit ? C’est fini dans la salle de bain ? »

Il se tourne et me regarde.

« Je disais ça pour plaisanter »

« Tais-toi alors »

Je me retrouve dans une chambre. C’est encore plus angoissant que la salle de bain. Je reste le regard bloqué sur le lit.

« Tu as déjà oublié toutes tes bonnes résolutions ? »

« Non. Pas du tout»

« J’pensais que tu en avais marre du sol de la salle de bain, mais si tu aimes… »

« Je fais tout ce que je peux »

« Ce n’est pas assez, mais tu agis peut-être ainsi parce que tu as revu Olivier ? »

« Non, absolument pas »

« T’es sûre ? »

« Oui, je te le jure »

Toujours cette envie d’hurler et de m’enfuir. Je vais dire quelque chose lorsqu’il quitte la pièce et me plante là. Il revient quelques minutes plus tard avec un verre d’eau. Je n’ai pas soif mais je le bois. Il s’approche, me prend dans ses bras et murmure :

« Ça va aller mieux »

Je reste dans ses bras. Il me persécute, mais pour l’instant, j’ai besoin d’un câlin. J’ai besoin d’oublier ce qu’il me fait subir. Je ressens les effets du verre d’eau. Lucas me dépose sur le lit.

« Si tu me mens, je le découvrirai, tu en es consciente ? »

« …je ne te mens pas… »

« J’espère pour toi et pour lui »

Son regard me glace. Je frissonne. Je le regarde. Je le hais et je suis convaincue qu’il le sait car il murmure :

« Je m’en fous »

Je le repousse. Je me lève du lit. Il n’a pas bougé. Il s’est redressé sur un coude et m’observe.

« Qu’est-ce que tu veux faire ? Partir ? Vas-y, je ne te retiens pas »

« Tu vas t’en prendre à qui ? À ma mère ? À Olivier ? »

« Non, à toi. Mes potes t’ont trouvé pas mal. Ils sont un peu rustres, mais je pense qu’une fois qu’ils te seront passés dessus, tu m’apprécieras d’avantage »

« Si tu le dis. Je me casse »

J’ai du mal à marcher mais il ne me retient pas. J’appelle Corinne pour qu’elle vienne me chercher. Je ne veux pas rentrer seule. J’ai peur. Je sais que Lucas ne plaisante pas. Quelques minutes plus tard, elle est là.

« Vicky chérie, t’es malade ? »

« Oui, je ne me sens pas bien »

« Je te ramène à la maison »

Elle me raccompagne chez moi.

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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Mardi 26 août 2 26 /08 /Août 16:57

La fin des cours, enfin. Sara tente bien de me convaincre de la suivre mais je refuse. C’est un non catégorique. Je rentre chez moi. Je m’en tape s’ils ne veulent plus l’aider en maths. Elle n’avait qu’à prendre une branche où elle captait quelque chose ! Fais chier, bordel !

Plongée dans mon boulot, je n’ai pas vu le temps passé. C’est la faim qui me fait lever la tête et prendre conscience de l’heure qu’il est, quasiment 21h00 et ma mère qui n’est toujours pas rentrée. Je l’appelle sur son portable mais rien. J’essaie une bonne dizaine de fois, mais je tombe systématiquement sur sa messagerie. Je commence à paniquer. Nouvelle tentative sur son portable. Nouvel échec. Les paroles de Lucas me reviennent en mémoire. Je décide de l’appeler.

« Lucas, ma mère n’est pas rentrée…dis moi que tu n’y es pour rien »

« … »

« Où est-elle ? »

« … »

« Putain Lucas ! Réponds –moi !! Qu’est-ce que tu lui as fait ? !!»

Je commence vraiment à paniquer et le fait que Lucas reste  muet m’angoisse encore plus.

« Je t’en supplie, dis quelque chose… »

« … »

« Où est ma mère !!! Dis le moi !! »

Je pleure. Je pleure de fatigue, je pleure de peur. Je pleure parce que je n’en peux plus de ce mec qui est en train de faire de ma vie un véritable enfer.

« S’il te plait, ne lui fait pas de mal… »

« Vickyyyy !!! »

Je jette mon téléphone et je me précipite. La voix de ma mère. Elle est là, à la maison. Saine et sauve.

« Tu étais où ? Et ton portable ? Pourquoi tu ne répondais pas ?!! »

« Calmes-toi. Il y avait un pot au boulot. On fêtait l’anniversaire d’une collègue. »

« Tu aurais pu me prévenir. Je me suis inquiétée de ne pas te voir rentrer »

« Mais enfin, chérie, d’habitude, je ne te préviens pas et tu ne te mets jamais dans de tels états. Tu es sûre que tu vas bien ? »

« Il y a tellement de dingues le soir. Et pourquoi tu n’as pas répondu au téléphone ?  »

« On me l’a volé »

« Quoi ? On t’a volé ton portable ? T’es allée à la police ? Tu as vu qui c’était ? »

« Calmes-toi Vic. Tu me fais peur. J’ai vu venir vers moi deux gamins, ils m’ont demandé mon portable. Je n’avais pas envie d’avoir de problème, je leur ai donné »

« Donné ?!! Comme ça ?!! Et quand tu dis ‘des gamins’, c’est quel âge ? »

« J’sais pas moi, 17/18 ans et puis, ce n’est qu’un portable. J’en rachèterai un autre. L’incident est clos »

« Mais maman ! Tu… »

« Ces deux trous du cul ont voulu mon portable, je leur ai filé. Maintenant, on arrête d’en parler. ! »

Je retourne dans ma chambre. Je dois devenir folle. Je dramatise, c’est sûr. Je regarde mon portable que j’ai envoyé valdinguer lorsque j’ai entendu ma mère parler. Il n’y a pas de message de Lucas. Ces deux cons qui lui ont volé son portable n’ont certainement rien à voir avec lui. Il a dit tout cela pour m’intimider, c’est certain. Faut que je dorme. Faut que j’oublie.

***

Le lendemain, malgré les événements de la veille je me réveille d’humeur joyeuse. J’ai l’impression que ce poids qui pesait sur moi a disparut. Je sais que Lucas bluffe. Il ne peut rien contre moi. Je suis libérée de lui. C’est avec le sourire que j’arrive au bahut. Je tombe sur Kévin. On est ensemble en allemand. C’est un mec sympa et plutôt cool. On dirait un shamallow. On parle un moment puis on part dans nos classes respectives. Pendant la récré, Sara vient aux nouvelles et tente de me ramener vers le groupe. Mais cette fois, elle n’aura pas gain de cause. Ils peuvent tous aller se faire foutre.

« On déjeune ensemble ? »

« Non. Je déjeune avec Kévin »

« Luc… »

« Ne me parle plus jamais de lui, ok ? »

« C’est pas facile ! D’un côté il y a ma meilleure amie et de l’autre Paul »

 « Je sais que tu es amoureuse. Vas le rejoindre. »

  Je déjeune avec Kévin et ses potes. Cela faisait longtemps que je n’avais pas rit, que je ne m’étais pas sentie aussi bien.

La fin des cours. Sara part avec Paul. Elle m’adresse un petit signe de la main. Je rentre seule et à pied. Je souris. Je suis heureuse et tranquille. Une moto s’arrête à côté de moi, c’est Kevin.

« Tu montes ? J’te raccompagne »

« Avec plaisir »

J’aperçois Lucas qui nous observe. Son regard, comme à l’accoutumée me glace.

Kévin roule tranquillement. On essaye de parler mais avec les casques ce n’est pas facile et cela nous fait rire. On est en train de rire lorsqu’une voiture nous frôle dangereusement. Kévin l’insulte mais le chauffard et ses occupants n’en ont cure. Ils s’amusent à nous frôler. C’est un objet rose que le passager tient plaqué contre la vitre qui me fait réagir. Le portable de ma mère, ou bien ce mec a des goûts bizarres…

« Arrêtes-toi Kévin !! Fais ce que je te dis ! »

En nous voyant ralentir, puis nous arrêter, la voiture est partie.

« Ça va Vic ? »

« Oui, ça va. »

« Quelle bande de connards !! »

« Oui »

« Tu es sûre que ça va ? »

« Oui. Je vais continuer à pieds. Dès que tu es arrivé, appelles-moi sur mon portable, ok ? »

« Tu ne veux pas que je te raccompagne ? »

« Oui, mais non »

Il me regarde sans rien comprendre.

« Je vais marcher. Merci encore. Et n’oublies pas de m’appeler, ok ? Si j’réponds pas, laisse quand même un message. Sois prudent. »

Je marche lorsque j’entends une moto qui stoppe à ma hauteur.

« Kévin, je t’ai dit… » Mais ce n’est pas Kévin, c’est Lucas avec la moto de Paul. Sans un mot, il me tend le casque. Voyant que je ne veux pas le prendre, il me lance un objet rose et rectangulaire. Le portable de ma mère. Il me tend à nouveau le casque. Mais je ne le prends toujours pas. Il saisit son portable.

« Le gars de tout à l’heure, avec la moto, il est déjà chez lui ? »

« … »

Je ne sais pas ce que l’autre répond, mais je saisis le casque et je le mets.

« Ok. Laisse tomber pour l’instant. Merci »

Je monte et je m’accroche à l’arrière de la selle. Je ne veux pas le toucher, mais il fait un démarrage plutôt sec qui m’oblige à venir m’agripper à lui. Une fois arrivé, j’ai bien envie de lui balancer le casque en pleine gueule mais, je ne sais toujours pas si Kévin est bien rentré. A l’intérieur, Sara me saute au cou.

« Je savais qu’il arriverait à te faire venir »

Je me demande si elle connait ses méthodes... mais je lui souris.

« On vous laisse. Je dois retourner bosser. Soyez sages ! »

On reste face à face. Je n’ai pas envie de m’assoir. Je n’ai pas envie de rester. Le vibreur de mon portable. Un message de Kévin, il est rentré. Lucas me tend LA tasse remplie de thé. Je ne fais aucun geste pour la saisir. Il la pose sur la table et la pousse vers moi. Je ne bouge toujours pas.

« Il n’est pas question que je boive cette merde »

« Comme tu veux »

Et je le vois prendre son téléphone.

« Ouais, le gars de tout à l’heure, demain matin, il commence à … »

« Je bois. C’est bon. »

« Attends… » Il me fixe.

« Je bois » et je commence à boire le contenu de la tasse. Une fois vide, je la lui pose bien en évidence devant lui.

« Ouais, ça s’est arrangé. Je n’ai plus besoin de toi. Merci encore vieux frère. A charge de revanche »

« Content ? Tu vas pouvoir me baiser sur le rebord de la baignoire sans que j’en ai envie grâce à ta potion magique ! »

Il se tient maintenant devant moi. Il m’attrape par le bras mais je m’en fiche, je continue :

« Je vais me foutre à poil tant que je peux encore le faire. Ça sera toujours ça de gagné »

« Arrêtes. Tu te fais du mal » il parle doucement comme si j’étais une enfant qui fait un caprice.

« C’est toi qui me fait du mal  et je ne sais pas pourquoi »

Il tente de me prendre dans ses bras mais j’ai encore la force de le repousser. Il attend car il sait que dans quelques instants, il aura gain de cause. Je sens que cette saloperie fait effet. Je me dirige vers le bureau. Sara. Il faut que j’aille avec Sara, mais il m’intercepte doucement. Je n’ai plus la force de résister. Je veux mais je n’y arrive pas. Et ça me rend folle.

« Résister ne te sert à rien. Tu te fais du mal. »

« Je ne veux pas, s’il te plait. »

« Tu n’aimes pas ta mère ? »

« Si, pourquoi ? »

« Parce que, si tu l’aimais vraiment, tu ne résisterais pas. Tu ferais en sorte qu’il n’arrive rien aux personnes que tu aimes. Non ? »

 « … »

« Moi, je ne te fais pas de mal. Je prends soin de ne pas te brusquer. Je te donne le choix. Ma potion magique, comme tu l’appelles, c’est juste pour te détendre, pour que cela se passe bien entre nous. J’y tiens. »

Je l’écoute. Tout en parlant, il s’est rapproché de moi. J’ai l’impression d’être un insecte englué dans une toile d’araignée. Lorsque je sens sa main se refermer sur ma main, je frémis. On finit dans la salle de bain. Je hais cette pièce.

« Attends, s’il te plait…attends un peu »

 « ? »

« J’ai l’impression que ta potion magique agit moins… »

Il sourit. Je me force à sourire aussi.

« Pourquoi tu veux attendre alors ? »

Je veux attendre pour me souvenir de chaque instant que tu me voles. Je veux attendre pour être sûre de ne jamais oublier ce que tu es en train de me faire. Je veux être consciente et te regarder car, le jour de ta mise à mort, c’est toi qui me regarderas. Mais je lui dis:

"Pour apprécier"

Par cass - Publié dans : La tasse de thé (terminée) - Communauté : Les Archanges de Sade
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