Je petit déjeune avec ma mère. J’en profite pour la questionner sur son ami.
« Tu le connais depuis longtemps ce mec ? »
« Depuis le mois de septembre. Il est opticien. Il a un magasin dans la galerie marchande. »
Ma mère est responsable d’une parfumerie dans une galerie commerciale.
« On finit aux mêmes horaires »
« Donc, il pourra te raccompagner s’il le faut ? »
« Vicky, tu ne crois pas que tu exagères ? »
« Peut-être »
« Dépêches-toi, tu vas arriver en retard »
« Fais-toi raccompagner encore ce soir »
« Vic… »
« Si tu peux, fais-le pour moi. S’il te plait »
Direction le lycée. Il faut que j’ai une conversation avec Lucas. Je veux comprendre pourquoi il fait ça. Cette torture mentale. Arrivée dans la cour, je repère immédiatement le groupe. Alors que je me dirige vers eux, Sara vient à ma rencontre.
« Ça va ? Alors prête à m’aider ? »
« Bien sûr »
« Tant mieux. On y va ? »
« Oui »
Je me rends compte que Lucas est de mauvaise humeur mais cela ne m’arrête pas. J’ai envie de lui gueuler dessus pour ce qu’il me fait vivre, mais je décide d’opter pour la méthode douce. Je m’approche de lui en souriant. Il est assis sur les marches d’escalier. Je me penche et je l’embrasse. Juste un petit bisou sur la bouche. Ça l’empêche d’exprimer sa mauvaise humeur même si ses yeux lancent toujours des éclairs. Je fais comme si je n’avais rien remarqué. Je me glisse entre ses jambes. Il m’observe tout en me laissant faire, ou en se laissant faire. Je n’ai pas envie de le questionner, j’aimerai que ce soit lui qui commence. En attendant qu’il veuille bien décrocher un mot, je m’amuse avec lui. Je passe ma langue sur ses lèvres. Je tente de forcer le barrage de ses dents lorsque, énervé, il me mord la lèvre inférieure.
« Aïe ! »
«J’suis pas un jouet »
« Je sais »
« Tu connais le type avec qui ta mère était hier soir ? »
« Non, c’était la première fois que je le voyais »
« Et elle t’a dit qui c’était ? »
« Oui, un ami. Il est opticien. Il bosse dans la même galerie marchande qu’elle. C’est tes potes qui t’ont dit qu’elle était accompagnée ? »
« … »
« Dis leur que son ami la raccompagnera tant que tu profèreras des menaces »
Il pâlit et se raidit.
« Un problème ? »
Je suis toujours penchée sur lui. Je franchis les quelques centimètres qui nous sépare pour me coller contre lui. Mes mains caressent sa nuque. Je sais qu’il est contrarié, j’aimerai bien savoir pourquoi mais je préfère me taire.
« Ça va bientôt sonner. On se retrouve au self ? »
Pour toute réponse il m’embrasse. Un peu plus loin, seul dans la cour, j’aperçois Olivier.
***
Quand j’arrive au self, aucune trace de Lucas. Je vais voir Paul.
« Tu sais où est Lucas ? »
« Parce que ça t’intéresse maintenant ? »
« Oui...alors ? »
« Il est rentré chez lui »
Je regarde l’heure à ma montre. Je peux très bien faire l’aller/retour sans que quiconque remarque mon absence.
« Chez lui, pas chez sa grand-mère. Problème familial. »
Je ne dis rien. Je ne pense pas que Paul lâchera la moindre info concernant son pote. Je suis obligée d’attendre ce soir. Les heures de cours se suivent. Enfin la sonnerie. 17h30. Alors que je commence à partir, j’entends Paul s’arrêter à côté de moi et me tendre un casque. Je le prends sans hésiter. Une fois arrivée devant la maison, je commence à réfléchir, mais il est trop tard. Je me motive mentalement tout en me traitant de ‘pauvre conne qui cherche les emmerdes’. Lucas est là. Toujours sa tête des mauvais jours. A ma grande surprise, Paul ne reste pas. Un à gérer, c’est tout de même plus facile que deux. Lucas est assis dans le salon. Il fume. Il a du voir mon regard étonné car il me répond :
« J’avais arrêté »
« Tu as des soucis ? »
Je me surprends toute seule à éprouver de la compassion pour ce connard. Il a l’air surpris lui aussi mais me dit :
« Oui, quelques problèmes chez moi »
Je suis sur le seuil de la porte du salon. Je n’ose pas entrer. C’est comme si cette distance pouvait me protéger de sa folie. Je ne sais plus quoi dire mais je ne veux pas que le silence s’installe entre nous. Je m’avance donc pour aller m’assoir sur l’accoudoir de son fauteuil.
« Si tu veux en parler… »
Il a un ricanement sinistre.
« Quoi ? Je suis venue, non ? »
« Oui, et je me demande bien ce que tu as derrière la tête »
Je lui souris. Pour une fois que c’est lui qui se torture pour savoir ce que je manigance, c’est assez jouissif. Et là, contre attente, je lui dis :
« J’ai des maths à faire. Tu peux m’expliquer et m’aider, s’il te plait ? »
Je vois bien qu’il s’attendait à tout, sauf à ça. Moi aussi, je ne pensais pas dire un truc pareil. Je n’ai plus qu’à faire des maths maintenant. En lui demandant de l’aide en maths, il se retrouve à faire ce qu’il adore et donc, il se détend inconsciemment. S’il y a une chose qu’il fait super bien, à part baiser, c’est expliquer les maths. On s’est installé dans le bureau. Il y a un tableau sur l’un des murs. Pendant qu’il lit les énoncés, je lui propose d’aller faire du thé. Je sens son hésitation, alors je m’approche de lui et je me colle doucement. Je passe mes mains derrière son dos, je les arrête sur ses fesses. Son regard bleu glacial est plongé dans mes yeux. Mais cette fois il ne me glace pas. Je ne sais pas encore pourquoi, mais cette fois, c’est moi qui ai l’avantage sur lui.
« Je vais préparer du thé » ma voix est un murmure.
Il me laisse partir sans me lâcher du regard.
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