Mardi 8 juillet 2 08 /07 /Juil 15:26

Appuyé contre un pilier, une clope dans une main, un verre de champagne dans l’autre, j’observe.

Le vernissage est une réussite. Ce mec à beaucoup de talent, et pas seulement pour sucer.

Johanna passe de groupe en groupe. J’entends les murmures autour de moi. Atmosphère feutrée. Mes yeux s’arrêtent un instant sur Andreï, l’artiste dont j’expose les œuvres, puis, finissent sur une femme.

Femme/ homme, peu m’importe. Tant qu’ils se plient à MES règles.

Je desserre machinalement le col de ma chemise en faisant glisser le nœud de cravate. Steven dans ma ligne de mire. Johanna lui fait un grand sourire. C’est deux-là, c’est pour la vie. J’adore faire enrager Johanna en disant que Steven est mon ami et accessoirement, son mari.

 L’imperceptible tic de sa paupière gauche m’indique qu’il a quelque chose pour moi.

Je verrai ça plus tard.

Ce soir, c’est la soirée d’Andreï. Ses toiles ont énormément de succès. Toujours scotché à mon pilier, je soulève discrètement ma coupe dans sa direction. Il me renvoie un sourire ravi. Il est temps que je me mêle à la foule. J’évolue de groupe en groupe. Je ne m’attarde pas. Juste un ‘bonsoir’ ou un hochement de tête, le sourire rivé sur les lèvres.

Steven s’est rapproché. On parle de tout et de rien. On est vite rejoint par Johanna. Pendant ce court échange, je souris. Je n’oublie pas que je suis l’heureux propriétaire de cette galerie.

Je vends de l’art et de la mort.

Ma deuxième activité- débarrasser des personnes fortunées de tous ceux qui les gênent-

Je suis  tueur à gages à mes heures perdues.

Steven, mon pourvoyeur.

***

Grâce au débriefing de Steven, je sais que ma cible sera en ville cette semaine. J’écourterai sa vie vendredi dans l’après-midi.

***

Andreï et son regard de chien battu. Il veut que je le baise. Je soupire. J’avais repéré dans l’assemblée une femme. Magnifique beauté nordique. Voluptueuse et appétissante à souhait. J’hésite. Les deux, j’évite. J’opte pour la femme. Je n’ai pas envie de sentir un corps d’homme sous moi. De plus, chose non négligeable, elle est mariée. Je suis sûre qu’elle ne me fera pas chier celle-là. Elle est déjà enchaînée à un autre.

Je me dirige, tous sourires vers ma proie.

Il faut juste que je trouve un endroit pour la baiser. La réserve sera parfaite.

C’est épié par les dizaines de paires d’yeux des tableaux et sculptures qui nous entourent que j’embroche ma victime. Je baise comme je tue, sans aucun sentiment. Si ce n’est que j’ai du plaisir à baiser et non à tuer.

***

Retour dans la salle. Elle rejoint son mari, je rejoins mon pilier. Andreï vient me dire quelques mots. Je ne l’écoute pas mais je lui souris. C’est une arme fatale mon sourire.

***

La galerie est vide. Je suis seul avec Andreï.

« Brian…laisses-moi te donner du plaisir »

 Je pose mon regard sur lui.

« Il est tard. Je vais rentrer. Seul. Bonne nuit »

Il baisse la tête et traine les pieds jusqu’à la sortie. Je le vois disparaitre dans la rue. Je ne peux m’empêcher de sourire. Confortablement installé dans le siège en cuir de ma berline allemande, je m’arrête à sa hauteur, ouvre la portière. Un grand sourire vient illuminer son visage. Alors qu’il va se jeter à mon cou, je le foudroie du regard :

« p’tin And’ qu’est-ce que je t’ai dis ? »

« …mais j’ai tellement envie de te serrer dans mes bras et de t’embrasser… »

« Ha, non !! Tu ne vas pas faire comme les autres !! J’croyais que c’était clair entre nous !! Fais chier bordel !! Descends de cette voiture !! Dégage !! À l’avenir, nous n’aurons plus que des relations de travail. Et arrêtes de chialer dans ma caisse ! »

Avant de le planter là, je lui balance du fric pour qu’il prenne un taxi. Ce mec est mon investissement. Je ne tiens pas à ce qu’il se fasse égorger dans la rue, même si, à bien y réfléchir, sa côte monterait en flèche. Un artiste mort vend toujours mieux qu’un vivant…non, j’appelle un taxi et je me casse.

***

Enfin dans mon appartement. Johanna le trouve froid et impersonnel, moi je le trouve parfait. Je ne m’encombre pas du superflu. Aucunes couleurs criardes. Tout est noir et blanc. Comme le plateau d’un échiquier. Je suis le roi. Cette idée me fait sourire. Je balance mes fringues au hasard. Je me glisse entre les draps. Le seul endroit où je suis toujours seul. Jamais personne n’a dormi dans mon lit.

***

Dès le lendemain, je me charge d’organiser une deuxième exposition pour mon artiste en mal d’amour. Loin, très loin de moi. Il devient collant et geignard, j’ai horreur de ça. Il faut qu’il ait dégagé avant vendredi. Je veux avoir l’esprit libre. J’appelle Jean. Il gère ma galerie d’art qui se situe à Paris. Il connait le travail d’Andreï. Il l’admire. C’est parfait. Je lui explique aussi que c’est un artiste, sensible et émotionnellement instable. Je lui demande d’être ‘très gentil’ avec lui. Je l’entends sourire. Andreï sera entre de bonnes mains. Jean suce et se laisse baiser. Le partenaire idéal pour mon artiste en mal de câlins. Johanna le mettra dans l’avion. Je veux être sûr de ne plus l’avoir entre les pattes. Au propre comme au figuré.

Par cass - Publié dans : angel's heart -yaoi- terminé - Communauté : Les Romances Explosives
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