Mercredi 9 juillet 3 09 /07 /Juil 10:19

Vendredi-14h12-

Je suis au point de rendez-vous. Installé dos au soleil. Mon matos réglé. Je suis prêt. J’attends ma cible. Seul détail connu, elle est en rose. J’en déduis que c’est une femme, ou une grande folle.

Je ne demande jamais de dossier sur mes cibles. Peu importe ce qu’ils ont fait ou dit, seul compte l’argent qui sera crédité sur notre compte-le mien et celui de Steven- le reste n’est que superflu.

A l’heure exacte, je vois apparaitre la cible. Elle est accompagnée. Le plus souvent par le commanditaire qui a ainsi le meilleur des alibis. Il doit y avoir une erreur. Avec la lunette, je scrute rapidement les alentours. Personne d’autre ne porte du rose. Je vise le cœur. Toujours, sauf lorsque je sais que la personne porte un gilet pare-balle. Là, je vise la tête, mais j’aime moins. Cela donne beaucoup plus de travail au thanatopracteur  pour rendre un visage présentable au macchabée.

Ma lunette s’éloigne de la cible pour venir se poser sur l’homme qui l’accompagne. Il est nerveux. Replaçant sans cesse une mèche imaginaire derrière son oreille. Lorsqu’il se penche pour regarder sa montre pour la énième fois, ses cheveux noirs tombent sur son visage, déjà mangé par d’énormes lunettes de soleil.

Je démonte mon matos en quelques secondes et dans les minutes qui suivent, je suis dans la rue. Passant anonyme. Je monte dans ma voiture et je disparais.

***

« Steven, faut que je te vois. Tout de suite »

Je le retrouve chez lui. Pas besoin de parler. Rien qu’à ma tête, il sait que quelque chose cloche.

« Un problème ? »

« Je veux tout savoir du commanditaire »

« Mais, d’habitude… »

« D’habitude on ne me demande pas de descendre une enfant de six ans »

« Quoi ? Ce n’est pas possible. Et… »

« Non, bien sûr que non. »

«Je vais me renseigner »

« Ouais, en attendant, demandes-lui le triple de la somme. Comme ça, il ne se doutera pas qu’on cherche à gagner du temps. Dis lui que c’est le prix pour un gosse »

Je viens de m’apercevoir que je tremble. C’est la première fois depuis bien longtemps.

***

Retour à la galerie où dès que j’arrive, Johanna me montre le téléphone. Je comprends à ses mimiques que c’est Andreï qui cherche à me joindre. Je lui fais signe que –non-. Elle n’a plus qu’à trouver une solution pour s’en dépêtrer.

Une fois le téléphone lâché, elle vient me voir.

« Demain soir, il y a un gala de bienfaisance. Tu as reçu un carton d’invitation. Je confirme ta venue ? »

Je jette un rapide coup d’œil sur le bristol, je fais ‘oui’ de la tête.

Johanna ne sait rien de nos activités. Même dans ses pires cauchemars, elle n’a aucune idée de l’enfer qu’avec Steven nous avons traversé durant ces années où, forces spéciales- commando d’élite- nous avons fait les nettoyeurs sur les conflits aux quatre coins du globe.

***

« Ton smoking noir est prêt avec ton nœud pap’ »

« Merci »

« Tu y vas par tes propres moyens ou j’appelle une limousine ? »

« Par mes propres moyens »

Elle s’approche, me fait un baiser sur la joue et part rejoindre Steven.

Je rentre me préparer. Devant le miroir, j’observe mon reflet.

***

Des grilles imposantes. Une armada de laquais courant dans tous les sens. J’avance jusqu’au majestueux perron où un voiturier prend en charge mon véhicule. Je tends mon carton d’invitation à un majordome, très british.

Ayant montré ‘patte blanche’, je suis maintenant libre de déambuler à ma guise.

Je salue nombres de connaissances. Je décline le champagne que l’on m’offre. J’admire les tableaux qui ornent les murs. Les meubles, même s’ils ne sont pas à mon goût, sont une pure merveille. Des originaux pour la plupart. C’est ainsi que de tableaux en guéridon, mon œil tombe sur une fillette. Je stoppe net. Elle m’observe.

« Dis, c’est toi l’ange? »

Je me baisse à sa hauteur. Je vois sa main s’avancer vers ma chevelure. Je sens ses petits doigts emprisonner quelques mèches et les faire glisser entre ses doigts.

« J’ai un livre où tu es dessiné »

Elle se recule un peu pour m’observer puis continue :

« Elles sont où tes ailes ? »

Je ne peux m’empêcher de sourire.

« Sont beaux tes cheveux argent. Tes yeux aussi. Comme dans mon livre. »

« Et toi, tu ressembles à une princesse avec ta jolie robe rose  »

« C’est une robe de fée »

Je lui souris.

« Une robe de fée… »

« Amélia !! Combien de fois devrais-je te le répéter !!! Je t’interdis t’importuner mes invités ! Dans ta chambre ! Et vite ! »

Je lève la tête. Mes yeux tombent sur un homme. Il passe inlassablement sa main dans ses cheveux.

Puis, dans une pirouette je vois disparaitre ma cible avec sa robe de fée. Ses mots résonnent encore dans ma tête  « un ange »…certainement « l’ange exterminateur »

***

Je me redresse.

« J’espère qu’elle ne vous a pas importuné »

J’ai envie de lui répondre-moins qu’à toi- mais je souris tout en disant :

« Absolument pas. C’est une enfant charmante »

« Ouais… »

Il passe inlassablement sa main dans ses cheveux.

« Je manque à tous mes devoirs. Evan Jansen »

« Enchanté. Brian Radcliffe »

Je serre la main de ce salopard tout en souriant.

***

Par cass - Publié dans : angel's heart -yaoi- terminé - Communauté : Les Romances Explosives
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