« Vicky chérie. Tu es prête ? »
« Oui »
« Tu es toute blanche…tu trembles ? »
Je me force à sourire. Je me tiens les mains pour les empêcher de trembler .Tout mon corps tremble.
« J’viens de jouer à la WII, combat de boxe contre Lucas, je suis épuisée »
« Non, mais ! On n’a pas idée de se mettre dans des états pareils !ta lèvre… »
« C’est rien »
Je ramasse mon sac et je sors. La voiture du père de Lucas est garée devant la maison. Je monte. Lucas est assis à côté de moi. Il est livide lui aussi.
***
« Vicky chérie ! Tu rêvasses ! La serveuse attend pour prendre ta commande »
Je relève la tête. Je suis au restaurant.
« J’prends comme toi »
« Ben voilà ! On y arrive »
Je tends la carte à la fille tout en lui demandant où se trouve les toilettes. Elle me désigne une porte, au fond de la salle. Je prends mes clopes dans la poche de ma veste.
Après la porte, il y a un couloir et au bout, une autre porte.
Mon visage dans le miroir. Je ne supporte pas cette vision, je ressors illico. Il faut que j’aille dehors, prendre l’air. Le froid me surprend. Je n’ai que mon pull. J’allume ma clope. Je ne suis pas la seule à venir m’intoxiquer dehors. Je tente de chasser de mon esprit les images de Paul, Lucas et de moi-même. Je commence à grelotter, le froid, la vie, ce que je suis en train d’en faire- enfer-
Je suis accoudée à la rambarde. Mon blouson vient se poser sur mes épaules. Je me dégage et m’installe un peu plus loin. Son corps vient se plaquer contre mon corps et m’écrase contre la rambarde. Ses bras de chaque côté m’emprisonnent. Ma mère vient à mon secours bien malgré elle.
« Rentrez, c’est servi !»
Il est obligé de me libérer.
Retour à l’intérieur. Je me retrouve devant mon assiette. Ma mère et son régime, elle a commandé un steak avec des haricots verts. J’aurai du m’en douter. Aucune envie de manger. Dans ces cas-là, je massacre la nourriture. Ce soir ne déroge pas à la règle. Je ne suis rien de la conversation mais d’un seul coup, c’est une phrase qui me fait reprendre pied dans la réalité.
« On a loué un chalet pour les vacances de Noël. On s’est dit que cela serait super de passer Noël ensemble »
Je regarde ma mère ahurie.
« Quoi ? »
Lucas est pâle.
« Vous n’avez pas fait çà ? Et la mère de Lucas ? Vous y avez pensé ? Elle va passer les fêtes toute seule ? »
« Non, elle n’est pas seule. Elle aussi a quelqu’un dans sa vie »
C’est son père qui est intervenu.
Je jette coup d’œil à Lucas. Il n’a pas bronché mais je vois bien qu’il est au bord de l’explosion. Comme tout à l’heure, chez sa grand-mère quand j’ai gâché sa petite sauterie.
***
Par la vitre de la voiture je regarde défiler les maisons. Il fait nuit. Il pleut.
Ce soir, le père de Lucas reste dormir à la maison.
« Ça ne te déranges pas ? »
« Non, maman »
« Vous prenez vos précautions avec Lucas »
« Oui maman »
Le sujet est clos. Je trouve cette situation malsaine. La mère avec le père et la fille avec le fils. Je suis mal à l’aise. Je monte dans ma chambre, mais avant de quitter la pièce j’ajoute :
« Quoi que tu entendes, je t’interdis de venir dans ma chambre. Promis ? »
« … »
« Promets »
« Promis »
Je quitte
la pièce pour rejoindre ma chambre où Lucas m’attend.
Je suis accueillie par son regard bleu glacial. Je balance mon blouson sur un tas de vêtements qui dissimule une chaise.
« Qu’est-ce qui t’as pris tout à l’heure ! Pourquoi as-tu traité Paul de la sorte ?! »
«Et toi, comment est-ce que tu me traites ? Espèce de connard !! Sale enfoiré ! Je n’ai pas pu ! Ah, non, c’était au-dessus de mes forces. Impossible de laisser Paul me toucher. »
J’entends encore ses paroles qui résonnent dans ma tête. Il voulait que je ferme les yeux, que je pense à Lucas, mais je n’y arrivais pas. J’entendais Lucas. C’était impossible. Impossible. Alors, je l’ai repoussé. J’ai prononcé des mots blessants. Lucas était hors de lui. Il a poussé Paul et on en est venu aux mains. Dès qu’il a été à ma portée, je lui ai balancé une gifle. De toutes mes forces. La réponse se voit encore sur ma lèvre. Paul a du nous séparer avant que l’on s’étripe. Il m’a ordonné de dégager de la chambre. Je me suis exécutée sans rien dire. Il y avait du vrai dans le combat de boxe. Ensuite, j’ai entendu Paul et Lucas se disputait…
Mon regard revient sur Lucas.
« Tu ne vois pas que cette situation fait souffrir tout le monde ?!! Paul souffre, toi tu souffres, moi aussi je souffre et j’ai peur que Sara apprenne tout»
Il m’attrape les poignets et m’attire vers lui.
« Il te suffit de te laisser faire »
« Vas te faire foutre »
« Victoria »
« Je ne t’empêche pas de coucher avec Paul, mais je ne veux pas être là pendant vos relations sexuelles »
« Que faut-il que je te dise pour que tu acceptes ?! »
« Rien. Tu restes avec Paul. Je retourne avec Olivier»
« J’pensais qu’en te disant-je t’aime-cela déclencherait en toi une vague de sentimentalisme et que tu ferais tout ce que je veux. Les filles fonctionnent bien comme ça. Certains mecs aussi d’ailleurs…»
« Le problème c’est que je ne t’aime pas. Alors quoi que tu me dises, je m’en tape. Je vais prendre une douche, à mon retour, tu es prié de ne plus être là. La chambre d’amis est un peu plus loin. Il y a des draps dans l’armoire »
«Tu vas revenir en rampant »
Je le regarde en souriant.
« On parie ? »
Je suis dans la salle de bain. Assise par terre. J’ai l’impression d’étouffer. Mon sourire a disparut. Je repense aux paroles de Lucas. Je saisis mon téléphone. Je retrouve le numéro.
« C’est Victoria. Vous m’aviez dit de vous appeler si j’allais mal…je vais mal »
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