Je suis dans son bureau. Il ne s’est pas changé, sa cravate toujours négligemment dénouée. Son visage est juste un peu plus fatigué mais ses yeux sont toujours aussi perçants. Son bureau est jonché de dossiers. Je m’avance vers lui. Alors que je m’apprête à me pencher pour l’embrasser, il se relève.
« Tu en as déjà fini avec elle ? »
« Et toi, tu en as déjà fini avec eux ? »
Je lui montre ses papiers.
« Non, pas encore »
Tout en parlant, ses mains ont dégrafés mon pantalon. Lorsqu’il le fait glisser avec mon boxer jusqu’aux mollets, je souris.
« Humm…une gâterie ? »
Pour toute réponse, il me retourne. Je le laisse faire. Je l’entends se défroquer.
« Tu comptes me baiser ici ? »
« Ce n’est pas assez bien pour toi ? »
« Si…si…tu pourras jeter un œil sur tes dossiers entre deux coups de reins »
Evan et l’humour…il me penche sur le bureau…
« p’tain !! Tu me défonces !!! »
La douleur est telle que de rage, je frappe un grand coup sur le bureau.
« Ça fait quoi de se faire baiser à la ‘Brian Radcliffe’ ? »
Je lui montre ma main droite.
« Si j’avais voulu me faire baiser par Brian, je serai dans ma salle de bain »
Il s’enfonce en moi.
« p’tain Evan !!... »
Mon poing s’abat encore une fois sur le bureau.
« Tu ne peux pas t’empêcher de tout tourner en ridicule ! »
« Tu ne peux pas t’empêcher de mon défoncer le cul !!??? »
D’une main, il dégage mes cheveux. Alors que ses dents s’enfoncent dans ma nuque, j’étouffe un cri de douleur. Dans un ultime coup de rein, il vient de finir sa progression. Mes poings s’abattent une dernière fois sur son bureau.
« Ça va ? »
Je passe mes mains derrière son cou afin de le coller un peu plus à moi. Je tourne la tête. Mon regard dans ses prunelles noires.
« Ce n’est que mon corps que tu maltraites. Toi, c’est ta conscience que tu tortures »
Il me regarde, sans un mot puis m’embrasse. Enfin… Tout en m’embrassant, il déboutonne ma chemise. Je l’aide à l’ôter.
« Vires la tienne…je veux sentir ta peau contre ma peau »
Je sens la chaleur de son corps contre ma peau. Une main posée sur mon torse me plaque contre lui tandis que de l’autre il me caresse. Les miennes sont sur ses fesses. On s’embrasse toujours. Le désir me submerge. Lorsque sa main emprisonne mon sexe et le caresse, je gémis de plaisir. Son corps aussi se met à bouger. Doucement. Mes mains sont revenues dans son cou. Ses lèvres soudées aux miennes. La chaleur inonde mon corps, je sens la sueur d’Evan se mêler à ma moiteur. Mes cheveux collés contre ma peau. Sa main emprisonne toujours mon sexe. Lorsque nos bouches se séparent c’est juste le temps de reprendre notre respiration. Chacun de ses mouvements me font gémir. J’aime le sentir en moi. Ma tête est prête à éclater. Ses mouvements s’intensifient. Nos gémissements aussi. Alors que je le sens jouir, je me libère dans sa main. Les battements de son cœur cognent contre mon dos. Puis, les battements s’éloignent. Evan se retire. Se rhabille. Je fais de même.
« Tu peux rester dormir, si tu veux. Il y a ma chambre ou le bungalow »
« Et toi ? »
« Demain, j’ai un conseil d’administration. Mon père y sera. Je dois vérifier toutes les sociétés et comptes d’Amélia. Je ne veux pas qu’il puisse trouver quelque chose à redire et surtout qu’il puisse mettre à profit la moindre petite erreur pour la récupérer. Elle et ses biens »
Il passe une main dans ses cheveux.
« Faut que je retourne bosser. Deux heures avant le conseil, j’ai une réunion avec tout le staff. Faut que tout soit parfait »
« Je vais rentrer chez moi »
Il s’est rapproché. Me touche presque.
« S’il te plait, Brian, dors dans mon lit. Je ne serai pas avec toi, mais je te verrai demain lorsque je viendrais me préparer »
« N’oublies pas de prendre une douche, tu pues »
Il éclate de rire. C’est la première fois.
« Tu dors où alors ? »
« Dans ta chambre »
***
« Tu viens te coucher ? »
« Non, je pars »
En ouvrant un œil, je constate qu’il est en douché et habillé. Bandant. S’il s’approche du lit, je le viole.
« Je ne sais pas à quelle heure je termine. Ça risque d’être long »
« J’ai une minette à voir moi aussi »
Il me regarde surpris.
« Une minette, une meuf, une nana, un truc qui pisse assis quoi »
Il sourit.
« Ok »
Il se dirige vers la porte. Sors puis repasse la tête.
« Je mangerai bien des pâtes ce soir »
« … ok pour les pâtes mais, ne compte pas sur moi pour te servir de dessert »
Un éclair amusé traverse ses prunelles noires.
« Dommage »
Je lui balance un oreiller mais il a déjà refermé la porte.
Faut que je sorte d’ici avant qu’Amélia me voit. Je n’ai pas envie de me lancer dans des explications de bon matin.
***
Je retrouve mon appart’ comme je l’ai laissé la veille. La femme de ménage doit venir. Je file sous la douche, puis direction la galerie. Johanna est déjà là. Les yeux rouges. Certainement une dispute avec Steven au sujet d’un bébé. Je m’approche et dépose un baiser sur ses cheveux.
« Je peux y aller seul tu sais »
« Non, j’ai besoin de me changer les idées »
Le trajet se déroule dans le silence. Chacun perdu dans ses pensées. Une fois dans l’atelier de l’artiste, le professionnalisme reprend le dessus. D’un œil critique, je juge le travail. Bon. Très bon même. Concept original. Tandis que je continue à regarder son travail, Johanna s’occupe des détails administratifs. Une expo s’est long a monté. Le vibreur de mon portable. Steven. Je sors pour répondre.
« Oui »
« On a un souci. 12h30 à la marina »
Je raccroche.
Je les rejoins et prends congé. Johanna la recontactera plus tard afin de finaliser le projet.
Cette fois, Jo est beaucoup plus bavarde. Elle a aimé le travail de cette jeune artiste. Elle est enthousiaste à l’idée d’organiser une exposition qui mettra en valeur ses œuvres. Je la dépose à la galerie.
« J’ai un rendez-vous. On se revoit cette après-midi »
Son sourire est revenu.
***
Steven est déjà là. Je n’ai pas le temps d’arriver à sa table, il s’est levé.
« Pas ici »
On retourne dans ma voiture.
« Roule… J’ai les renseignements sur le fameux Didou. Eddy Novak. Organisateur de soirées mondaines et évènements en tout genre. Malgré de confortables revenus, il n’aurait jamais pu se payer nos services. Il n’a jamais eu de problèmes avec la justice. J’ai fouillé ses comptes en banque. Rien »
« Le père ? »
« La, ce n’est plus pareil. Il a trainé Evan en justice pour la garde d’Amélia. Il a contesté le testament, mais n’a pas eu gain de cause. Il a beaucoup d’argent. Enormément. »
« Pourquoi la faire tuer alors qu’il s’est battu pour obtenir sa garde ? Ça ne tient pas debout. Et les autres ? »
« Nous avons été les seuls à être contactés »
« Il ne nous reste plus qu’à attendre »
« Oui »
« J’ai la dalle. On va manger »
On trouve un petit resto. On déjeune avant de retourner à nos occupations.
***
Je laisse Steven à la marina et retourne bosser.
Je n’aime pas la tête que fait Johanna.
« Andreï, il est à l’hôpital. Il a tenté de se suicider. Ton avion décolle dans deux heures »
« Quoi ? Tu ne crois pas que je vais aller à Paris ?!! J’ai quelque chose de prévu ce soir »
« Je m’en fous ! Tu étais bien content de le baiser alors maintenant tu assumes »
Je pense à Evan. Putain de bordel de merde !!!
Je m’enferme dans mon bureau. Je dois prévenir Evan.
« C’est Brian. Je dois annuler notre soirée. Un imprévu »
« … »
«Evan ? »
Il a raccroché sans dire un mot.
***
Paris. 08h15. Un taxi me conduit à la galerie. Je trouve Jean complètement décomposé. Je suis fatigué et furieux.
« Mon avion repart à 13h15. J’compte pas m’éterniser ici. A part vouloir se foutre en l’air, qu'a-t-il fait d'autre ? »
Jean me conduit dans un atelier attenant à la galerie. Je n’en crois pas mes yeux. Mon visage est sur toutes les toiles. Ma fureur est à son comble.
« J’embarque celui-ci. Je connais une petite fille qui va adorer »
Pendant que Jean dégrafe la toile, je regarde mon portable. Rien.
Une fois la toile roulée et mise dans un carton, je me rends à l’hôpital. J’explique aux infirmières que j’arrive de New-York et que je repars dans quelques heures, le tout à grand renfort de sourires. Je me retrouve dans la chambre d'Andreï.
« Vous avez de la visite »
A ma vue, son regard s’illumine. Je souris toujours, le temps que la dame en blanc s’éclipse. Alors qu’il va ouvrir la bouche je lui coupe la parole.
« À cause de toi, j’ai du annuler un diner auquel je tenais beaucoup, alors, on va mettre les choses au point, une bonne fois pour toutes. Oui, je t’ai baisé, non je ne t’aime pas, oui, je t’ai brisé le cœur et oui, je m’en fous. Sers-toi de ta douleur pour trouver de l’inspiration si tu ne veux pas finir sous les ponts à peindre la Tour Eiffel pour survivre. La prochaine fois que je reviendrais c’est soit pour inaugurer ta prochaine exposition soit pour t’enterrer. S’il te venait encore une fois l’idée de mourir, ne te rates pas car c’est moi qui viendrais t’achever »
Tout en parlant, je me suis approché de lui. Je me baisse et écrase ma bouche sur sa bouche jusqu’à ce que la douleur le fasse réagir.
« Ça t’as fait mal ?...dis-toi que ce n’est rien… »
Je quitte la chambre sans un regard en arrière.
***
L’aéroport. Mon avion va bientôt décoller. A 15h15, je serai à JFK.
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