et si...

Mardi 29 juillet 2 29 /07 /Juil 13:43

Jordan s’est tut. Plus de questions sur ma vie privée, qui est inexistante. J’en ai plus depuis une semaine que durant les cinq années qui se sont écoulées. J’ai pu embrasser Kristen sans avoir une meute de paparazzis collés à mes basques, ni faire la Une de tous les magazines pour ados. En fait, je revis. Je peux même dormir avec un mec sans qu’on me traite de tafiole. Je souris tout seul. Je flotte. J’ai la sensation de flotter. Je suis léger. Heureux et libre.

« Pourquoi tu souris ? »

« J’suis bien. ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi bien »

« L’herbe magique, y’a que ça de vrai »

« J’ai faim »

« T’as faim ? »

« Ouais, y’a un con qui m’a éclaté la bouche ce midi, je n’ai pas mangé du coup »

 « Attends »

Il se lève, titube légèrement, fouille dans son bordel et revient sur le lit avec un paquet de gâteau.

« Pour me faire pardonner »

« Tu crois que ça va suffire ? Tu rêves ! »

 Mais pour l’instant, j’ai vraiment les crocs. Ma lèvre me rappelle à l’ordre constamment. Je me suis accoudé pour manger. Jordan pioche dans le paquet. Ça va mieux. Je pourrais tenir jusqu’à ce soir.

Je me renverse. Le ventre plein. La tête dans une sorte de nébuleuse, je sens des lèvres se poser sur mes lèvres. Délicatement. Lorsque sa langue tente de franchir la barrière de mes lèvres, je réagis, mais pas comme je devrais. J’outre-ouvre les lèvres. Je le laisse pénétrer. Sa bouche a le goût du chocolat.

« C’est toi qui me plait. Pas elle. Elle ne m’a jamais plut. J’étais jaloux. C’est tout »

Je le repousse. Je me lève et je quitte la chambre sans me retourner.

Dans le couloir, je marche. Je marche de plus en plus vite sans savoir où je vais.

***

 

 Je suis devant les grilles. De l’autre côté se trouve ma vie. Mes obligations. Le paraître. Ici, contrairement à ce que je croyais au début, la liberté. Je profite des dernières heures de l’après-midi  pour me perdre dans l’immense parc. Me perdre pour mieux me retrouver. J’aperçois le grand bâtiment blanc. Je regagne cette immaculée conception. Les couloirs sont vides. La plupart des pensionnaires quittent les lieux pour le week-end. Pourquoi pas moi ? Tout à mes pensées, je n’ai pas remarqué Jordan, assis par terre. Il bondit dès que j’arrive.

« Ne me touches pas ! »

 Mes paroles ne servent à rien, il me pousse dans ma chambre. La porte claque. Il me tient par le poignet.

« Tu crois que tu vas t’en sortir comme ça ? »

«   Pardon ? Tu me traites de fiote depuis que je suis arrivé et là, tu m’avoues que je te plais. T’es un grand malade, toi !»

« Tu ne m’as pas repoussé lorsque je t’ai embrassé »

« Avec toute l’herbe que j’avais fumé, je ne savais plus ce que je faisais »

« Des excuses !! Voilà ce que tu cherches ! Des excuses !  »

« C’est la vérité »

Il s’approche de moi, furieux.

« La vérité…hein, la vérité… »

Il s’approche, je recule mais cette chambre est minuscule. Je sens le lit derrière moi. S’il continue d’avancer, je vais m’écrouler sur mon pieu et je n’en ai aucune envie. Seulement la tornade blonde, lui, n’a qu’une idée, m’expédier sur mon lit. D’un geste, il me pousse, je perds l’équilibre et je finis là où je ne voulais pas être. Il se laisse tomber sur moi. Le poids de son corps me coupe le souffle. Je tente de le repousser, mais il a plus de force que moi. Il m’a emprisonné les poignets.

« Si je t’embrasse, maintenant que tu as l’air d’avoir les idées un peu plus claires, tu ne devrais pas apprécier, n’est-ce pas ? »

« Tu ne vas pas remettre ça ! Je ne vais pas te laisser faire ! »

Il s’est calmé.

« Je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu n’es pas en position de force »

Je tente de me dégager mais les mouvements que j’effectue pour le faire gicler de dessus moi, le font sourire.

« Arrêtes, tu m’excites »

Je me fige instantanément.

 Il se baisse pour m’embrasser.

« Tu vas le regretter si tu t’approches »

« …tsss…tu ne disais pas ça tout à l’heure »

Quand il parle, je sens son souffle sur mon visage. Je commence aussi à sentir la partie sensible de son anatomie qui durcit dangereusement. Il a remarqué mon étonnement car il susurre :

« Je te l’avais bien dit que tu me faisais de l’effet »

Mon regard est rivé sur sa bouche. Sa lèvre tuméfiée. Si je continue, j’ai bien peur que moi aussi je me mette à durcir…tellement concentré sur moi, je ne bouge pas quand il pose ses lèvres sur mes lèvres. Revenant à la réalité, je reste de marbre en espérant qu’il se lasse mais Jordan, ne se lasse jamais. Jordan, n’abandonne jamais.

Il passe sa langue sur mes lèvres. Au contact mouillé de celle-ci une onde de chaleur me parcourt.

« Arrêtes. S’il te plait »

« …»

« Non ! »

J’en profite pour le repousser et il se laisse faire.  Je m’assois sur le lit. Je sens sa main dans mon dos. Elle passe sur mon torse, descend sur mon ventre. Alors qu’elle s’égare sur mon sexe, je la stoppe. Je l’ai à peine relâchée que sa main reprend son exploration.

« Cela fait combien de temps que tu te bats  pour paraître ‘normal’ ?»

« Je suis normal »

« … »

« Alors laisses-moi faire »

Sa main est remontée sur mon torse, et doucement il me fait basculer sur le lit.

« Len… »

« Je n’ai pas le droit »

« Tu n’as pas le droit ? »

« Non, je n’ai pas le droit d’avoir une vie privée. Je n’ai pas le droit d’avoir quelqu’un dans ma vie et encore moins un mec. Lenny Mc Coy appartient à ses fans »

« Hé bien, disons que ce soir, Lenny Mc Coy m’appartient »

Il clôt la discussion en m’embrassant. Sa langue joue avec mon piercing. Ça a l’air de l’éclater ce truc. Puis, sérieusement, il se redresse et me fixe :

« Et si ton opération n’avait servi à rien ? Et si la rééducation ne servait à rien ? Et si tu ne pouvais plus jamais rechanter ? …»

« Je serai enfin libre »

Je sais aussi que lorsqu’il revient sur ma bouche c’est pour ne plus la lâcher. Il me déshabille tout en m’embrassant. Je fais la même chose, mais beaucoup plus maladroitement. J’appréhende de me retrouver nu.

« Tu sais, c’est la première fois… »

« Je ne ferai rien que tu ne veuilles et si tu ne veux pas ou que quelque chose te mette mal à l’aise, dis –le et j’arrêterai »

Nos corps sont collés l’un contre l’autre. Je sens ses mains explorer chaque parcelle de ma peau. Lentement, je me détends. J’apprécie. Lorsque sa main se pose sur mon sexe, j’ai un léger mouvement de recul. Il s’arrête aussitôt mais je l’encourage à poursuivre en le caressant moi aussi. Le désir et le plaisir me submergent. On éjacule presque en même temps. Cela n’a rien à voir avec tout ce que j’imaginais. Je sais aussi que c’est de la masturbation. Certes à deux, mais cela n’est que de la masturbation. Avant de se lever et d’aller prendre une douche, il m’embrasse et murmure :

« J’ai été sage malgré tout ce que j’avais envie de te faire »

« Tu avais intérêt à rester sage. Je ne suis pas prêt à tout accepter »

« Pas encore »

« Pas encore ou peut-être jamais »

Pendant qu’il prend sa douche, je regarde mon corps maculé de nos spermes.

J’ai envie de fumer. Mais si je bouge, je vais en mettre partout. Du sperme. Ma tornade blonde revient de la salle de bain. Il sourit en me voyant.

« Tu ne pourrais pas me passer mes clopes ? Juste là. Merci »

« Je vais chercher des vêtements propres dans ma chambre. On se retrouve en bas ? »

J’opine de la tête.

Je le regarde quitter ma chambre. Je ferme les yeux et je continue à fumer. Jordan revient près du lit.

« Tu ne t’endors pas, beauté ? »

« Non »

Cette fois, il est parti.

Par cass - Publié dans : et si...
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Lundi 28 juillet 1 28 /07 /Juil 17:56

Devant la porte du Docteur Miracle, Jordan est assis sur le banc. Il attend. Je n’ai aucune envie de lui adresser la parole. Ce mec m’horripile.

« J’suis là pour toi. Si tu veux, j’peux rester avec toi »

Je le regarde incrédule.

« J’ai pas besoin de toi. Casses-toi »

Alors qu’il se lève le docteur ouvre la porte et nous accueille en souriant.

« Je vois que Jordan est venu avec Lenny. C’est bien de se soutenir mutuellement. Entrez jeunes gens »

Manquait plus que ça. J’aimerai être à des millions de kilomètres d’ici. L’angoisse me serre la gorge. Je redoute le verdict. J’ai bien peur que Docteur Miracle perde sa réputation avec moi. Cette sensation de ne plus rien maîtriser me tue lentement. Ça me mine le moral.

« Tu risques d’avoir un peu plus mal avec ta lèvre blessée »

Je veux me lever et partir, dire que tout cela n’a plus d’importance. Que j’accepte mon sort. Je redeviens anonyme. Je me fonds dans la masse mais une main se pose sur mon épaule. L’autre, toujours là quand il faut et surtout quand il ne faut pas. Mais là, je suis content qu’il soit resté même si je préfère crever que de le lui avouer. Lorsque je vois arriver le tube, je me crispe. C’est instinctif. Ce tube qui va descendre dans ma gorge. L’idée me tétanise.

« Tu es prêt ? »

Non, je ne serai jamais prêt mais je fais ‘oui’ de la tête. Je ferme les yeux. Je pense à des choses agréables, mais les images qui me viennent à l’esprit ne font qu’augmenter mon désarroi.

« C’est bientôt fini…voilà…c’est fait. Je vais pouvoir comparer maintenant. »

J’ai mal à la gorge. C’est normal. Docteur Miracle, étudie attentivement les deux enregistrements. Sa mine pensive ne m’inspire pas confiance.

« Tu peux lâcher ma main maintenant »

Je deviens écarlate.

Je n’ose pas demander si mon état s’est amélioré.

« Je dois étudier tout ça calmement. On se revoit demain avec votre ami »

Et il nous met à la porte.

Ma lèvre s’est remise à saigner.

« Viens »

Je le suis jusque dans sa chambre, du moins ce qu’il en reste. On dirait qu’une tornade a dévasté l’endroit. Je souris à cette idée mais la douleur que je ressens m’ôte rapidement le sourire des lèvres. Il revient de la salle de bain avec un gant blanc.

« T’en as pas un rouge ? »

Il le presse sur ma bouche. Ça me fait un mal de chien.

Je repousse sa main. J’ai trop mal.

« Si c’était Kristen, tu ne dirais rien ! »

« Si c’était Kristen et qu’elle me fasse mal, je ferai la même chose »

« T’en es sûr ? »

« Oui ! Putain Jordan, t’es zarbi ! »

Zarbi et têtu. Il revient à la charge.

« Si tu me fais mal, j’me casse »

Il va dans la salle de bain. J’entends l’eau couler. Il revient, et pose délicatement le gant sur ma lèvre. Je suis vraiment mal à l’aise.

« Tiens-le un instant, j’vais préparer des clopes »

« Encore ta daube d’hier soir ? »

« Non, mieux »

« ça m’a décalqué cette merde »

« J’avais un peu forcé la dose »

« J’vais finir camé, alcolo, et sans voix »

« Bienvenu dans mon monde »

Je suis assis au bord du lit. En passant, il me pousse et je me retrouve couché. Il y a un objet qui me rentre dans le dos. Je bouge pour l’enlever mais il est plus rapide que moi. Je sens sa main dans mon dos.

« Voilà.  C’était la boucle de ma ceinture. » et il balance l’objet par terre.

Je presse toujours le gant contre ma bouche. Je fixe le plafond. Une odeur de produit illicite se répand dans la chambre.

« Tiens »

« C’est pas une bonne idée. Ça me bouffe la tête ton truc »

« Pas cette fois. »

Je soupire et je tire une taffe.

« Pourquoi tu te maquilles ? »

« Pourquoi tu me touches le cul ? »

« Parce que t’as un joli p’tit grain de beauté sur la fesse »

Je souris. Quel con !

« Et toi ? »

« J’sais pas. J’pourrais te dire ce que je raconte aux journalistes »

« J’suis pas journaliste »

« … »

« Alors ? »

« Joker »

« Y’en a pas. Tu dois répondre »

« J’ai pas envie. Laisses tomber »

Je suis en train de lui fumer toute sa clope. Il ne dit rien. Lorsque je tourne la tête, il me fixe. Je la lui rends.

« Tu sais que j’ai mal aux couilles aujourd’hui. Tu me les a ratatinées hier avec ta jambe » »

J’éclate de rire.

«T’es vraiment zarbi, j’te jure »

Les effets de la cigarette magique commencent à se faire ressentir. Je me sens bien, détendu. Je ferme les yeux.

« ça fait longtemps que t’es là ? »

« Trop longtemps »

« J’ai envie de partir. De rentrer chez moi. D’être libre. Enfin, je serai libre si je ne chante plus »

Je sens sa main dans mes cheveux.

« Un insecte ? »

« Ta vie te plait ? »

« Mon rêve s’est réalisé. Je savais qu’il y aurait un prix à payer. Ma liberté. Ma vie privée. J’ai choisis. Je les ai sacrifiées »

« Jamais tu ne regrettes ? »

« Non, je n’ai jamais regretté même si parfois la solitude me pèse. »

« Des filles comme Kristen, tu peux t’en faire des tonnes »

Je le regarde.

« Je pourrais, oui, mais je ne le fais pas »

« Pourquoi ? »

« … »

« Pourquoi ? »

« Parce que je ne suis pas comme ça, voilà pourquoi »

« Tu l’as embrassé pourtant »

« Tu fais chier bordel. Je t’ai dit que si tu la voulais, elle était à toi. D’ailleurs, je me demande ce qu’elle me trouve. T’es dix fois plus canon que moi. Quand elle rentre, tu fais le nécessaire et tu arrêtes de me les briser avec ça »

« Elle ne me plait pas »

« Quoi ? Tu m’éclates la bouche parce que je veux l’embrasser et, là, tu me dis qu’elle ne te plait pas ??!! »

« Ouais, elle ne me plait pas »

« Tu mériterais que je t’en balance un autre dans la figure ! T’es vraiment qu’un sale con !»

« Tiens, tires une taffe, tu redeviens chiant»

Je m’exécute. Au point où j’en suis…

Par cass - Publié dans : et si...
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Lundi 28 juillet 1 28 /07 /Juil 17:43

On la suit dans d’interminables couloirs. On débouche dans une salle, blanche, comme toutes les autres. On n’est pas les seuls. Il y a déjà d’autres pensionnaires assis sur des tapis de gym.

« Je t’amène les deux retardataires. Ils ont vraiment besoin de se détendre, ces deux-là. Évite de les mettre ensemble, ils se tapent dessus » puis nous regardant « j’ai quatre ados à la maison, alors les histoires de portes, j’connais. Vous me prenez vraiment pour une conne tous les deux ?! Après la séance, vous ne vous barrez pas dans la nature ! Vous allez manger, compris ?»

Elle doit avoir ses règles pour être aussi hargneuse.

« Je n’ai pas entendu votre réponse … »

« On s’barre pas, on va bouffer »

« Len? »

« Idem »

« Très bien »

« Ne restez pas planté là comme ça, prenez un tapis et installez-vous » c’est la personne qui s’occupe du cours qui vient de parler. Je récupère un tapis et je m’installe à l’opposé de Jordan.

C’est un cours de relaxation. Elle nous explique comment respirer, comment se détendre. Il y a une musique de fond, c’est le bruit de la nature, le vent, les oiseaux, l’eau. C’est comme si j’étais au bord de l’étang.

« Avant de nous quitter, on a un petit rituel. »

J’espère qu’elle ne va pas nous demander d’embrasser toute l’assemblée.

« Faire confiance à l’autre, s’en  remettre totalement à l’autre. En êtes-vous capable ? Mettez-vous deux part deux. Les retardataires, mettez-vous ensemble.  »

Elle se fout de nous ou quoi ?

« Allez ! »

Je souffle, je fais la gueule mais je vais rejoindre l’autre qui n’a pas bougé de son tapis.

L’exercice consiste à se laisser aller en arrière, l’autre nous soutenant.

Jordan se lève et ouvre ses bras. Je suis le premier à tester ce jeu à la con.

« Restes sur le tapis, si tu me lâches, je me ferai moins mal »

La tornade blonde a décidé de rester muet. Je n’arrive pas à me détendre, normal, je suis convaincu que je vais finir éclaté au sol.

« Détends-toi »

« T’es marrant, toi ! On verra lorsque c’est moi qui te soutiendrais si tu vas te détendre »

« On change, alors »

Il me redresse et me lâche.

« Bon, alors, tu m’attrapes ? »

« J’sais pas »

Cela ne le décourage pas. En fait, je ne vais pas le lâcher. Il se laisse complètement aller. Je l’admire. Je ne pourrais jamais. Le cours se termine.

« À demain »

« Demain ? »

« Oui, demain matin, je veux vous revoir ici tous les deux. Même heure, même salle»

Alors que l’on va quitter la pièce, elle rajoute :

« Vous croyez que vos tapis vont se ranger tous seuls ? »

On ramasse nos affaires et on se casse vite fait. Putain de bordel !

***

Direction ‘le restaurant’ où Kristen nous attend. Alors que je vais droit sur elle, Jordan me retient.

« Tu fais quoi, là ? lâches-moi !»

« Si tu l’embrasses, demain ton pote ne te reconnaitra pas »

« On parie ? »

« Len, ne joue pas à ça avec moi »

« va te faire foutre»

Il me sourit, je n’aime pas ça et j’ai raison, je n’ai pas le temps d’esquiver, je reçois son poing dans la bouche.

« Ben  voilà, toi aussi, tu as mal maintenant »

Un goût de sang envahit ma bouche, Kristen accoure avec une serviette en papier.

« Vous êtes vraiment malades tous les deux ! Ce n’est pas possible ! Dans quel état je vais vous retrouver dimanche soir ??!! »

« P’tin, en plus, tout à l’heure le docteur Miracle va me tripoter les cordes vocales. Cool !! Comme si cela n’était pas assez désagréable comme ça, j’ai la bouche éclatée. »

« J’te tiendrais la main si t’as peur »

« Mais fermes-la un peu espèce de connard! »

« Qu’est-ce qui se passe encore ici ? Ha, Len a finalement pris une porte lui aussi. »

Je lance un regard mauvais à Claudia. J’ai tellement mal que je n’ai pas envie de manger. Je n’y arriverai pas. Ma lèvre venait juste de commencer à guérir.

« On se revoit dimanche soir »

J’embrasse Kristen sur les joues et je quitte la salle pour aller au bord de l’eau. Seul. En passant devant la salle de mademoiselle Henri, j’entends de la musique. Je souris. Allongé sur un ponton, je fume en regardant le ciel. Demain, Steph’ vient me voir. 

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Vendredi 25 juillet 5 25 /07 /Juil 14:27

Je me dirige droit vers Kristen.

« Alors ? »

« Il n’a pas voulu ouvrir, mais lorsque je suis parti, il n’y avait plus de bruit »

On dine tranquillement. Kristen me raconte les projets qu’elle a pour le week-end, qui d’après ce qu’elle me dit, ne sera jamais assez long pour qu’elle ait le temps de tout faire. Après manger, on atterrit sur un ponton, au bord de l’étang. Je m’allonge, comme d’habitude et je fais signe à Kristen de s’allonger à côté de moi.

***

« Tu couchais avec tes fans ? »

Wow ! Quelle entrée en matière. Je préfère quand elle chante.

« Pourquoi ? T’es fan ? »

« Et si je réponds ‘oui’ ? »

« Non »

« Quoi, non ? »

« Non, je ne couchais pas avec mes fans. Trop fatigué après les concerts. »

 « Tu ne faisais pas que des concerts. Quand tu étais en relâche ? »

« Je n’ai plus de vie privée depuis que j’exerce ce métier. Plus d’intimité avec qui que ce soit »

« Tu veux dire… »

« Je veux dire, pas de chérie depuis des lustres »

« On peut y remédier, si tu veux »

 Je tourne la tête dans sa direction. Je lui souris. Elle s’approche. Nos lèvres se touchent lorsque la tornade blonde débarque.

« Je crois que j’arrive au mauvais moment »

« Oui, tu aurais du rester dans ta chambre. T’as fini de tout casser ? »

« Et toi, tu l’as déjà baisée ? »

« Jordan !! » c’est Kristen qui est intervenue « ne sois pas aussi vulgaire, s’il te plait »

« Bon allez, faites moi une place »

Et sans aucune gêne, il s’installe entre nous. Kristen me fait signe de laisser tomber. Au bout d’un moment, elle se lève et annonce qu’elle rentre. Je me lève pour la suivre.

« Tu n’es pas obligé. »

« Parce que tu crois que j’ai envie de rester avec ce fou furieux ? »

Elle sourit.

Le fou furieux me lance un :

« Espèce de connard »

Bonjour, l’ambiance.

«T’inquiètes la star,  j’me casse aussi. »

Quel taré ce mec !

***

Je n’ai pas envie de rentrer. Je reste seul, allongé sur le ponton. Une cigarette au bec. Je savoure ce moment de calme, même si je regrette le départ de Kristen. Je contemple le ciel. La nuit est étoilée. C’est la fraicheur qui m’oblige à quitter cet endroit que j’aime. Je traverse le parc lorsque je sens une main s’abattre sur moi.

« Putain ! Mais t’es malade ! Tu m’as fait peur !! Qu’est-ce que tu fous là ? »

« Je fume et je bois »

Effectivement, la surprise passée, je me rends compte qu’il est complètement déchiré. Je ne peux pas le laisser là. Il arrive à peine à se tenir debout. Je passe mon bras sous ses aisselles pour le soulever et le porter jusqu’à sa chambre. Il ne nous reste plus qu’à éviter Claudia, ce qui ne va pas être chose facile, vu le bruit qu’il fait. Aux abords de l’établissement, je m’arrête. Premièrement, pour reprendre mon souffle. Il est lourd, ce con. Et deuxièmement pour le faire taire.

« Fermes-la ! Si Claudia te trouve dans cet état, c’est en cure de désintox’ qu’elle va t’envoyer »

Il marmonne un « j’m’en fou » et s’avachit un peu plus sur moi. La montée des marches est un véritable enfer. Je manque d e m’étaler une bonne dizaine de fois. Avant de m’engager dans les couloirs, je décide de faire une pause. Tout est sombre. Seules les veilleuses indiquant les sorties de secours éclairent faiblement l’endroit.

Je bloque Jordan contre le mur et comme je n’ai aucune envie de le relever du sol, je coince une de mes jambes entre ses jambes, histoire de le maintenir droit.

« Tu fais quoi, là ? Tu veux me broyer les couilles ou quoi ? »

Stone mais pas assez pour fermer sa gueule…

« Si tu t’écroules, je te laisse là »

« Ok »

« On y va »

La progression dans les couloirs est un véritable calvaire.

« Fais un effort bordel ! J’en peux plus ! »

Mais il ne m’écoute pas. Je suis tellement absorbé par les efforts que je dois déployer pour le soutenir, que je n’ai pas fait attention à ce que je fais. Pour me soulager du poids de son corps, je l’ai plaqué contre le mur et je l’écrase avec mon corps afin qu’il ne glisse pas au sol. Je suis en train de reprendre ma respiration lorsque je croise son regard.

« Ça va ? Tu vas arriver à tenir debout jusqu’à ta chambre ? »

« Oui, si tu évites de ma plaquer contre les murs et de me foutre ta jambe entre les jambes »

« Espèce de sale con »

Je le lâche. Il s’écroule. Je me baisse à son niveau et lui crache :

« Alors? T’as compris pourquoi  je  te plaquais contre le mur ? Sale con !! Vas te faire foutre ! Démerdes-toi ! »

« Ouais, c’est ça ! Laisses-moi là ! »

Je me barre, le laissant au sol.

« Len’ !... Len’!! »

S’il continue à brailler comme ça, il va ameuter tout le monde.

« Excuses. Reviens »

Et je retourne me casser le dos avec ce connard.

« Tu fais vraiment chier »

Pour toute réponse, il s’avachit sur moi. Hé, merde ! Après pas mal d’effort, j’arrive à le hisser. A cette allure, il n’arrivera dans sa chambre que demain matin ! On reprend notre progression. On est dans le dernier couloir. Je souffle. Alors que je pense être au bout de ma galère, j’entends les sabots de Claudia. Manquait plus qu’elle.

« Prends ma clé dans ma poche ! Grouille ! Claudia rapplique ! »

D’un coup de hanche, je lui montre la poche dans laquelle il doit chercher.

« J’y arrive pas ! »

« Arrêtes, tu me tripotes ! Tu ne sens pas que c’est ma bite ?! »

Et là, il éclate de rire.

« Je l’ai! »

« Hé bien, vas-y, ouvres ! »

On s’écroule sur le sol. Je donne un coup de pied dans la porte pour la refermer. Sauvé ! Enfin, presque. Alors que Jordan va ouvrir sa gueule, je le bâillonne avec ma main. J’entends les sabots de Claudia faire une pause devant ma porte puis repartir. Jordan s’est hissé sur mon pieu.

« Rêves pas ! Tu vas gicler dans ta chambre. »

« Une clope faite maison ? »

Je fronce les sourcils. Il allume sa cigarette maison et commence à tirer des taffes, puis me la tend tout en me faisant signe de venir le rejoindre sur mon lit. Porter Jordan m’a épuisé, aussi, je m’écroule sur le lit et je prends sa clope. Je n’ai pas l’habitude de fumer ce genre de saloperie et je finis vite complètement destroy. Plus question que je le porte  jusque dans sa chambre.

«Tu fais quoi là ? »

«Tes mèches… »

« … »

«Pourquoi ? »

« Tu te souviens de ce que je t’ai dit ?  »

Il sourit et fait oui de la tête.

« Je ne compte pas arrêter, alors fous moi ton poing dans la gueule tout de suite »

« Et si tu dégageais dans ta chambre, t’as l’air en forme maintenant »

« Oui, je vais mieux par contre, toi… »

Moi, j’ai la tête qui tourne. Je ferme les yeux et c’est le néant qui m’engloutit.

***

La sonnerie me vrille le cerveau. C’est déjà l’heure ? J’ai l’impression que je n’ai pas dormi.  À côté de moi la tornade blonde ronfle. Je n’y crois pas. Je lui balance un coup de coude dans les côtes. Il râle mais n’ouvre pas les yeux. Je devrais peut-être en profiter pour passer sous la douche, je n’ai pas envie qu’il me mate le cul encore une fois. Je pars avec mes fringues dans la salle de bain. Je préfère être prévoyant. Pendant que je me lave je pense à Steph’. Demain je le revois enfin. Tout à mes pensées, je n’ai ni vu, ni entendu l’autre entré. Lorsque je réagis, il est en train de se passer de l’eau froide sur le visage.

« Ne te gênes pas ! Fais comme chez toi !! »

« Tu ne vas pas me dire que t’es gêné ? Entre mecs… »

Je ne prends pas la peine de lui répondre, ça ne sert à rien. Lorsque je termine, il me tend une serviette. Cette proximité me dérange. Avec Stephen c’est une chose, on se connait depuis qu’on est gamin. Avec un étranger, c’est autre chose. J’attrape mes affaires pour aller m’habiller dans la chambre. Il y a un miroir. Je ne sais pas pourquoi, je me plante devant, dos à celui-ci. Je n’ai jamais vu de grain de beauté sur mes fesses, faut dire que je ne les regarde jamais …absorbé par ma recherche, je ne vois pas Jordan s’approcher et avec son index, pointer le grain de beauté.

« Il est là »

Il ramasse illico mon poing dans la figure. Je ne sais pas où j’ai tapé mais je l’ai touché. Il saigne.

« Tu m’as éclaté la bouche ! »

« Tu m’as touché le cul ! »

Il dégage hors de ma piole en se tenant la bouche. Je ne me maquille pas, j’ai enlevé mon vernis. Je me rends dans la grande salle pour déjeuner. Kristen, toujours à l’heure. Je lui souris et avant d’aller chercher quelque chose à manger, je vais vers elle et je l’embrasse sur la bouche. Je sais très bien ce que je fais et pourquoi je le fais. Les raisons sont mauvaises mais il le faut. Pour moi.

« Wow ! Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel honneur ? » Son ton est rieur.

« J’en avais envie »

« Dépêches-toi de déjeuner où tu vas être en retard »

« Oui maman »

Elle finit avant moi, comme d’habitude, et moi, je ne finis pas, comme d’habitude aussi. Direction la salle de musique. Mademoiselle Henri et ses jupes plissées. Je vais finir par trouver ça sexy. L’idée me fait sourire.

« Monsieur Mc Coy avec le sourire ! C’est parfait »

Pour toute réponse je souris de plus belle. La séance se déroule dans la bonne humeur. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à chanter faux.

J’ai une heure à tuer avant le déjeuner. Je compte bien la passer au bord de l’eau à fumer mais Claudia a d’autres projets pour moi. Je m’apprête à prendre la poudre d’escampette lorsqu’elle m’interpelle :

« Pas si vite Len’ ! »

Je me retourne pas très content, le ‘Len’, n’est pas vraiment à mon goût. Je vois Jordan à côté d’elle. Je l’ai vraiment arrangé.

« Le pauvre, il s’est encore pris une porte. Pas toi ? »

« Non, j’ai été plus prudent que lui »

« Justement, je pense qu’une séance de sophrologie vous ferez le plus grand bien à tous les deux. Allez, zou ! On y va »

 

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Dimanche 20 juillet 7 20 /07 /Juil 14:17

Johenson ou l’art de me plomber le moral. Je me retrouve devant un écran. Il y a un petit train. Il m’explique qu’avec ma voix, je dois le faire avancer. Bien sûr, pas question que je force. Je dois faire ce que je peux. Le truc à l’air con mais je me rends vite compte que cette saleté de train n’avance pas d’un centimètre. Je vais quasiment m’épuiser pour le faire avancer de presque rien. Je suis découragé lorsque je découvre que c’est un logiciel pour les enfants. La honte ! Johenson est satisfait. Comme quoi, chacun ses valeurs. Dès qu’il me relâche, je file, clope en main  au bord de l’étang. Il n’y a personne. Même pas l’autre pour me faire chier. Parfait. Cette séance me démoralise tellement.

 Je crois que je me suis endormi. C’est une main dans mes cheveux qui me tire de mon sommeil.

« C’est ta séance qui t’a épuisé ? »

«  à croire »

« Il faut rentrer maintenant. Il est tard. Claudia va te chercher dans tous les coins »

« C’est une plaie cette bonne femme »

« Oui, mais si tu as un problème tu peux aller la trouver, elle sera toujours là pour t’écouter. On y va ? »

«  Juste un truc avant…la prochaine fois que tu me tripotes les cheveux, je te balance mon poing dans la gueule, compris ? »

 Il se lève en souriant.

« Je chassais un insecte »

Je lui lance un regard sceptique.

 

***

En rentrant dans l’établissement, le docteur Miracle attend apparemment Jordan. Il me laisse en souriant. Alors que je cherche Kristen, je tombe sur Mademoiselle Henri.

« Monsieur Mc Coy, comment allez-vous depuis ce matin ? »

« Très bien, merci »

« Je suis libre, un peu de chant vous ferez plaisir ? »

« Je peux ? »

« Oui, en attendant Jordan, j’ai parlé avec votre médecin. Il n’est pas contre si vous restez raisonnable »

« Mais, je suis raisonnable »

« Hé bien, allons-y alors »

Je souris. J’adore cette femme. Je la suis dans sa salle de chant. Avant de chanter, il faut s’échauffer la voix. Je commence avec des  ‘A’, comme d’habitude. Je fais docilement tout ce qu’elle me conseille car je sais que ma récompense sera – le chant –

« J’ai pensé que vous aimeriez chanter une de vos chansons»

Et en disant ça, elle commence à jouer la mélodie sur le piano. Je suis abasourdi. Comment cette vieille demoiselle, en jupe plissée et chemisier en dentelle connait-elle ma musique ?

« Ne faites pas cette tête là ! Vous allez me faire passer pour un dinosaure ! » et elle éclate de rire.

« Désolé »

« Pas de quoi. J’ai appelé votre meilleure ami, un garçon charmant au demeurant, qui s’est fait un plaisir de m’apporter quelques partition chez moi »

Steph’chez Mademoiselle Henri, j’aurai aimé voir ça…mais je ne suis pas au bout de mes surprises, lorsque je l’entends chanter. Là, je m’assois. Elle m’a scotché. Mais l’entendre chanter cette chanson, me fais faire un bond dans un passé pas si lointain que ça. Je me retrouve dans une salle de concert, j’entends la foule chanter, les bras qui se tendent vers moi, mon nom hurlé par des centaines de personnes…

« Monsieur Mc Coy, vous rêvez ? C’est à vous de chanter »

 « Non, je ne crois pas »

« Mais si, voyons. Allez »

Malgré la peur qui me noue l’estomac, je me lance. Je me rends vite compte que c’est un véritable fiasco. Mademoiselle Henri continue, comme si de rien n’était, mais moi, j’ai de plus en plus de mal à accepter ces sons qui sortent de ma gorge.

« Je chante mal »

« C’est le début. Il faut attendre avant de dire ce genre de chose »

« Non, ce n’est pas le début, c’est la fin »

Je me lève, la salue et pars.

Je croise Kristen sans la voir.

« Len’ ! Où vas-tu comme ça ? »

Je ne sais pas où je vais, alors, comment répondre à sa question. Je suis perdu dans ma tête.

«Lenny ! »

Elle se dresse devant moi.

« Ça va ? »

« Tu ne voudrais pas chanter pour moi ? »

Elle jette un rapide coup d’œil à sa montre.

« Pourquoi pas, mais dans la salle de chant. Claudia va péter un câble si on se barre à cette heure-ci. »

J’acquisse.

Mademoiselle Henri est toujours là. Elle sourit en nous voyant entrer.

« Cela ne vous dérange pas si je chante ? »

« Absolument pas. Je m’en allais »

« Vous pouvez rester »

« C’est gentil, mais je dois rentrer. Bonne soirée jeunes gens. A demain Monsieur Mc Coy »

« À demain, Mademoiselle »

Une fois seuls, Kristen se met à chanter. Même si cette musique m’est étrangère, le chant de Kristen m’apaise. Je m’allonge par terre, comme si j’étais au bord de l’eau et je ferme les yeux. Je me laisse porter par la musique et mon esprit s’évade pour se retrouver face à…

« Len’, enfin ! Que fais-tu allongé par terre ?! Ah, ces jeunes ! Debout ! »

Claudia ! Décidément cette femme, quelle plaie !

« Allez, c’est l’heure de diner. Vous n’avez pas faim ? »

« Oui, mais, au fait, où est Jordan ? »

A la question de Kristen, elle est légèrement embarrassée.

« Certainement dans sa chambre »

On se regarde avec Kris.

« On va le chercher ? »

Ha, les filles, toujours à jouer les mères poules.

« Il a peut-être envie de rester seul ? »

« On essaye. S’il ne veut pas venir avec nous, on n’insiste pas, ok ? »

Je n’ai pas d’autre choix que de dire « ok ».

Rien qu’au bruit qui arrive de sa chambre, on sait qu’il ne va pas bien. Kris tente tout de même une approche

« Jordan ? Ouvre s’il te plait »

Je la trouve bien courageuse car d’après les bruits, je peux dire que la tornade blonde est entrain de dévaster sa chambre.  Mais, comme Jordan, reste malgré tout Jordan, il rétorque :

« Casses-toi conasse ! Vas donc jouer à touche pipi avec l’autre fiote !! Allez ! Cassez-vous !! »

Je vais faire demi-tour quand Kristen me rattrape par le bras.

« Parles-lui, toi. Je suis sûre qu’il t’écoutera »

Elle en a de bonne. Lui parler, mais pour dire quoi ????

« J’sais pas quoi lui dire, t’es marrante, toi »

« Improvise ! » et elle me plante là.

J’ai bien envie d’employer le même vocabulaire que Jordan à son égard mais je n’en fais rien.

« Ouvres ! »

« Vas te faire foutre »

« Ecoutes, j’en ai rien à faire que tu casses tout et que tu restes enfermé là, franchement, je m’en bats. Je fais ça, juste pour Kristen. S’il n’avait tenu qu’à moi, je ne serai même pas venu jusqu’ici »

Je n’entends plus rien derrière la porte. Plus aucun bruit, ce qui ne me rassure pas vraiment. Je m’approche doucement de la porte. Rien. Le silence total. Et merde, cela aura eu le mérite de le calmer, mais je ne suis pas fier de moi.

« Excuses. Je ne voulais pas dire ça. Ouvres, s’il te plait »

La porte reste close. C’est la petite vieille qui m’a prise pour une fille, qui m’attrape par la manche et me traîne vers le restaurant et comme d’habitude elle trouve toujours la phrases qui me met de bonne humeur :

« Allons, jeune fille, ce n’est rien. Vous en aurez d’autres des querelles d’amoureux. Croyez-moi. »

Elle ne me lâche qu’une fois arrivé dans la salle.

« Bon appétit »

Je ne lui réponds même pas.

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Samedi 19 juillet 6 19 /07 /Juil 14:29

Les heures défilent. Je suis épuisé et j’ai l’impression que j’en suis toujours au même point. Normal, ce n’est que le début. Le midi, je déjeune avec Kris et l’après-midi, c’est Docteur Miracle. La journée passe vite. En attendant le diner, je reste dans ma chambre. Seul. Je broie du noir. J’ai mal à la joue. Je vais avoir un hématome. Quand je descends rejoindre Kristen, je la découvre en compagnie de la tornade blonde. Quelle poisse ! Je souris et je les rejoins.

« Ça ne te dérange pas, si Jordan mange avec nous ? »

« Absolument pas » et comme une emmerde n’arrive jamais seule, j’entends la voix de Claudia

« Jordan !ta lèvre…Lenny …ta joue… »

On répond en chœur :

« Une porte »

« Vous êtes vraiment très maladroits les garçons » et en plus, elle se fout de notre gueule.

« Je vous laisse. Bon appétit »

La bouffe n’est pas top. Je chipote dans mon assiette.

« T’aime pas ? »

« Non »

« Je peux ? »

Je le regarde. J’ai bien envie de dire non, mais je n’ai pas le temps de répondre, il est en train de piller tranquillement, le contenu de mon assiette.

« Tu comptes me laisser quelque chose ? »

« Oué. Tu peux manger, ça ne me déranges pas »

« Trop aimable »

Tout en essayant de sauver un peu de nourriture, j’écoute Kristen. Elle est soprano, mais il y a six mois, un kyste sur les cordes vocales. Opération. Rééducation. Elle recommence à peine à pouvoir chanter.

« Six mois ? »

« Oui, on a du te prévenir que c’était long, non ? »

Oui, on a du me le dire, mais je n’ai pas écouté…je ne tiendrais pas six mois là dedans. Je serai mort de faim avant. Jordan vient d’engloutir le dernier morceau. Alors qu’il va attaquer mon dessert, une malheureuse part de flan, je proteste :

« Ha, non ! Pas ça ! J’aime »

«T’es sûr ? »

« Oui, sûr et certain ! »

Kristen nous observe, prête à intervenir mais le repas se termine dans le calme et la bonne humeur.

« Wow ! Vous ne vous êtes pas battus ! Faut fêter ça ! »

« Et comment ? »

« Billard ! »

« Y’a un billard ici ? »

« Bien sûr ! On y va ? »

Je regarde Jordan, qui est aussi en train de me regarder.

« Ok, va pour un billard »

La salle est vide. On s’installe. On joue. Ambiance décontractée même si je sens souvent le regard de Jordan posé sur moi.

Avant de remonter dans ma chambre, je fais un tour dehors. Besoin de fumer. Jordan m’accompagne. Je lui tends mon paquet de clopes mais il me montre le sien.

« T’as pas chialé aujourd’hui. Tu fais des progrès »

Je me disais aussi…il ne peut pas s’empêcher de me faire chier.

« C’est quoi ton problème ? »

« J’aime pas les mecs qui se maquillent ! »

Sans réfléchir, je me jette sur lui, et l’empoigne par son t-shirt.

« Espèce de sale con !! Jamais t’arrête ! »

« Et toi, espèce de sale fiote !!! »

Mais, non, il ne compte pas arrêter. Je lui balance mon poing dans la figure mais il ne se laisse pas faire et riposte en m’éclatant la lèvre. On est ex-æquo. Deux cons amochés.

« C’est quoi ce vacarme ?! »

Claudia. Elle s’arrête et nous regarde.

« Je vois que vous avez encore trouvé des portes sur votre chemin…venez par ici, que je vous soigne. À cette allure, un rendez-vous chez l’ophtalmo s’impose…»

***

Le lendemain matin, mon reflet dans le miroir m’effraie. Oh, putain ! Cette tronche ! La lèvre éclatée, la joue tuméfiée. D’ailleurs, en pénétrant dans le restaurant, je peux constater que ma nouvelle image fait son effet. Kristen est déjà là avec la tornade blonde. Je souris en voyant la tête de Jordan qui me renvoie un regard noir, et en leur adressant un petit signe de la main, je lui fais bien voir qu’aujourd’hui, 1/ je me suis maquillé et 2/ que je n’ai pas oublié de mettre mon énorme bague. La journée peut commencer. C’est souriant et confiant que je m’installe pour petit déjeuner.

« On est ensemble ce matin »

Je tourne la tête vers Kris.

« Ha, bon ? Et on va faire quoi ? »

« Travailler notre voix »

« … »

« Oh... tu verras »

  Et bien, je verrai.

On laisse Jordan à ses céréales pour aller rejoindre notre salle de travail. Mais Claudia m’intercepte.

« Par ici monsieur…. Tu es en salle 212 »

Elle s’est encore plantée dans le planning. La conne !

Je me retrouve dans une petite salle. Une jeune femme m’accueille. Elle me demande de m’installer devant un écran, et m’explique que je vais entendre des sons  que je dois reproduire. Quand je les reproduis correctement, les deux diagrammes sont identiques. Elle me dit que l’exercice est difficile et que je ne dois pas me décourager. Tout ceci est loin d’être engageant. Après plus d’une heure de travail, je n’ai réussi à reproduire aucun son correctement. Je suis abattu. Je me casse à l’extérieur. J’ai besoin d’air. J’erre dans le parc. Je tombe sur un petit étang. Il y a des pontons  qui forment comme un labyrinthe. Je m’avance et je marche. Il y a des poissons rouges. Je les suis au fil des ponts de bois. Arrivé au bout, je me mets à hurler. Hurler de toutes mes forces, de tout mon désespoir. Plus jamais je ne rechanterai. C’est une évidence.

« Ce n’est pas encore la nuit, ni la pleine lune. Qu’est-ce qui te prends de hurler comme çà ? »

« T’as encore envie que je t’éclate la bouche ? Ça te plait ? Tu prends ton pied à te faire fracasser la gueule ? Fous-moi la paix ou tu vas encore saigner »

Je m’allonge sur un ponton. J’allume une clope. Je regarde le ciel. Il vient s’assoir à côté de moi. Ma vie fout le camp. Tout se que j’ai bâti s’écroule. Je suis dégoûté. Je ne contrôle plus rien. Je balance mon mégot dans la flotte. Avant de fermer les yeux, je jette un rapide coup d’œil à l’autre connard, histoire de ne pas finir dans l’eau. Il fume en me regardant. Tant qu’il ne bouge pas, ça devrait aller. J’écoute le bruit de l’eau. Lentement, je me détends. Je soupire. C’est le moment qu’il choisit pour toucher ma lèvre.

« Tu as mal ? »

« Tu dois avoir deux fois plus mal que moi »

Je l’entends sourire.

« Ouais, effectivement. »

« Et si tu continues à me toucher, tu risques d’avoir trois fois plus mal » 

Il éclate de rire, se lève et part.

J’intercepte une main qui va me toucher.

« Qu’est-ce que j’t’ai d… » mais je me rends compte que c’est Kristen.

« Ça va ? »

« Excuses. »

« Claudia te cherche. C’est Jordan qui m’a dit où te trouver »

Je me relève et lui emboite le pas.

Dans le hall, on se sépare. Je pars avec la conne de service.

« Cet après-midi, tu es avec le docteur Johenson. »

Et me voilà encore entre les mains d’un autre accordeur de cordes. C’est comme ça que je les appelle. Les séances sont épuisantes et peu valorisantes. Je ressors toujours avec une impression d’échec.

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Jeudi 17 juillet 4 17 /07 /Juil 23:01

Je finis de m’habiller pendant qu’elle m’attend dans le couloir. ‘Le restaurant’ n’est rien d’autre qu’une grande salle où les pensionnaires viennent manger.  Salle blanche, elle aussi. Je pense qu’ils ont du avoir un prix pour la peinture blanche car ils en ont collés partout ! Je regarde discrètement les pensionnaires. Il y a des personnes de tout âge. Peu de jeunes, quand même. ‘Le un peu colérique a la lèvre éclatée par mes soins’ est assis tout seul, dans un coin. Certes, moi, j’ai les couilles en vrac, mais cela ne se voit pas. Cette pensée me fait sourire.

« Jordan ! Je t’amène un compagnon. Oh, mon dieu ! Ta lèvre… »

« Une porte. »

Mais qu’est-ce qu’elle raconte cette conne ! Un compagnon ? Mais c’est du grand n’importe quoi !! C’est quoi ce centre ??? Il ne perd rien pour attendre Steph’ et ses idées de merde !!!

« Il y a peu de jeunes. Je crois même que vous êtes les deux seuls ayant tout juste la vingtaine. Comme ça, vous allez pouvoir vous soutenir mutuellement. C’est bien d’avoir un ami sur qui on peut compter »

On la regarde avec des yeux ronds. Elle sort d’où celle-là ?

« Installes-toi Lenny. Ton repas arrive » et elle m’appelle par mon prénom en plus ! J’hallucine !

Avant de m’assoir, je regarde autour de moi. Je cherche une table où m’installer.

« Tu cherches quoi ? »

« Un endroit où bouffer tranquille. »

« Là-bas, il y a une table. Vas-y ! Dégage ! »

Je lui lance un regard noir, je tourne les talons et tombe sur Claudia qui se cramponne à mon plateau. Elle me le donne en claironnant

« Bon appétit »

J’hésite entre partir ou rester. Je pars. Je compte manger seul mais je passe devant une table où est installée une fille. La vingtaine. Elle a l’air douce et gentille. Je m’approche d’elle.

« Je peux ? »

« Oui » sa voix est un souffle.

« Lenny »

« Kristen »

Je m’installe en la remerciant. On mange silencieusement quand Claudia vient m’emmerder.

 « Un souci avec Jordan ? »

« Non »

« Pourquoi t'es assis là, alors ? »

« Envie de calme »

« Y’a un problème, alors »

« Non ! »

« Alors pourqu… »

« Je n’ai pas envie de manger avec ce type, ça te va ? C’est une raison valable ? » Je fais comme elle, je la tutoye.

Un sourire de satisfaction barre son visage. Pouffiasse !

Je regarde Kristen. Je suis tellement habitué à ce que l’on me regarde, que j’ai perdu l’habitude de faire attention aux autres. Tout en mangeant, je l’observe. Elle est quelconque. De longs cheveux châtain clair, des yeux marron. Mais ce qui me plait surtout, c’est la douceur qu’elle dégage. On finit notre repas dans un silence religieux. Alors que l’on se lève pour quitter la salle, je lui demande :

« Où est-ce que je pourrais aller fumer tranquillement ? »

« Fumer ? »

« Oui. Fumer »

« Continue tout droit. Il y a une porte qui donne sur le jardin. Tu pourras t’intoxiquer tranquillement »

Je la remercie en souriant.

Je suis dehors. Je respire un bon coup. Je pose mon cul sur les marches en pierre du perron. Tandis que je fume, j’entends la porte s’ouvrir. Ce doit-être Kristen qui vient s’intoxiquer avec moi, mais à ma  grande surprise, c’est une tignasse blonde que j’aperçois. Je continue à fumer tout en l’ignorant.

« Quel effet ça fait de n’être rien ? »

Il n’a vraiment pas peur celui-là.

« Alors ? »

Toujours en fumant et sans le regarder, je réponds 

« Le même effet qu’à toi  »

Je le surveille du coin de l’œil et je le vois sourire.

« T’aurai pas une clope ? »

« On ne t’as jamais dit que fumer tue »

J’écrase mon mégot sur les marches. Je me lève et je rentre.

***

Je suis allongé sur mon lit. Je fixe le plafond. Je pense à Steph’. Il me manque et ce n’est que le début. Alors que le silence règne autour de moi, ma tête résonne du bruit de ma vie d’avant. Je suis une rockstar. Un mec adulé par des millions de fans dans le monde. Je déplace des foules lors de mes concerts. Les filles et les mecs sont à mes pieds. Je claque des doigts et j’obtiens tout ce que je veux. Enfin, c’est ce que je croyais avant. Avant que ma voix s’efface et que je me rende compte que l’argent n’achète pas tout. Avant mon opération. Je ferai bien de l’oublier cette vie car il est peu probable que je puisse rechanter un jour.

C’est une sonnerie stridente qui me réveille. Claudia m’avait prévenu.  Je me suis endormi sur le lit, tout habillé. Je file dans la salle de bain. Puis direction le restaurant. En entrant dans la salle, j’aperçois Kristen qui me fait un petit signe. En souriant, je me dirige vers elle.

« Bonjour »

« Salut »

« Bien passé cette première nuit ? »

« Oui. Mieux que ce que je pensais »

Il y a un buffet, mais je n’ai pas envie de manger,  je suis sûr que rien ne passera. J’opte pour un café noir. 

« Faut y aller maintenant. Tu sais où tu dois te rendre ? »

« Oui. Chez le Docteur Miracle »

Et elle se met à rire.

« Travailles bien »

Je ne réponds pas. Je traverse les couloirs et les bâtiments pour tomber sur…Jordan. Il tourne comme un lion en cage devant la porte obstinément close du toubib. Putain de centre…je décide d’aller m’assoir sur le banc, mais l’autre abruti ne l’entend pas de la même façon.

« Tu fous quoi, là ??!!! »

Je n’ai pas envie de me prendre la tête de bon matin.

« J’ai rendez-vous »

« Non, c’est moi ! Casses-toi ! »

Comme je ne bouge pas, il s’approche, me fixe puis sourit.

« C’est pour le docteur que tu t’es maquillé ? Tu crois qu’il aime les fi… »

Il n’a pas le temps de finir, je viens de lui balancer mon poing dans la figure. Sa lèvre pisse à nouveau le sang. Quel connard, ce mec ! Je n’ai pas le temps de savourer ma victoire, son poing vient de s’aplatir contre ma joue. Alors que je me suis redressé et que l’on s’empoigne en se frappant, une voix hurle à l’autre bout du couloir :

« Arrêtez ! Vous êtes fous ! p’tin mais ça va pas ??!!! » C’est Kristen. Elle court vers nous et s’interpose. Elle m’attrape par le bras.

« Tu n’es pas là ce matin, Claudia a fait une erreur dans ton planning. Suis-moi » puis, se tournant vers Jordan, « toi aussi ! ».

Je viens de me prendre une plumée parce que cette conne de Claudia n’est pas foutue de faire un planning ? Je n’en reviens pas ! Si je sors vivant de ce centre, parce que je commence à avoir des doutes, je tue Steph’ ! Oué, je le tue !!!

On passe devant l’infirmerie. Kristen s’arrête pour demander deux poches de glace.

« Voilà, pour vous »

La lèvre de Jordan a triplée de volume. Il a de la chance, ce matin, je n’ai pas mis ma bague.

« Quoi ? Tu veux ma photo ? »

« Ça suffit !!!!!!!! Toi, tu pars de ce côté et toi, avec moi ! Quelle bande de p’tits cons ! Incroyable » Kristen est furax.

Ben, merde alors. Elle me traite de p’tit con. Moi ! Lenny Mc Coy ! La méga star, traité comme un moins que rien…

« Tu fais de la rééduc  ce matin avec un professeur de chant. C’est ici. »

Je n’ai pas le temps de la remercier, elle est partie. Je frappe et j’entre. Je tiens toujours ma poche de glace.

« Oh ! Un problème ? »

« Non, une porte »

Le sujet est clos.

...lenny...
Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Mercredi 16 juillet 3 16 /07 /Juil 16:40

Le lendemain, nous partons tôt car il y a de la route et surtout, ces connards de paparazzi à semer. Je n’ai pas envie de faire encore une fois les gros titres de la presse.

Le centre de rééducation est niché dans un grand parc au milieu de nulle part. C’est une succession de bâtiments bas et blancs. Assez moderne. Jim se gare devant un escalier impressionnant. L’entrée. Pendant qu’il décharge une tonne de valises, finalement je n’ai pas écouté Steph’ et j’ai vidé quasiment toute mes penderies. On se dirige vers les admissions. Je ne suis pas très à l’aise et j’ai une furieuse envie de faire demi-tour et de me barrer en courant. Il doit le sentir car à cet instant, il me saisit discrètement le bras. Il n’a pas besoin d’user de la force, le toubib débarque, souriant.

« Messieurs, bienvenue »

Il nous serre la main.

« Suivez-moi, je vais vous montrer où vous allez résider pendant votre séjour. »

 On le suit dans un dédalle de couloirs blancs. Il s’arrête devant une porte identiques à toutes celles que nous venons de passer, ouvre et nous fais pénétrer sans se départir de son sourire. J’ai vraiment envie de le lui faire ravaler son sourire ! La chambre est spacieuse. Blanche. Impersonnelle.  Jim arrive en trainant mes bagages. Je vois bien dans son regard une pointe de désapprobation quant à la quantité de valises que j’ai prises. Je m’en fous ! Je vais être enfermé ici pendant une durée indéterminée, alors il ne va pas me faire chier parce qu’il a porté quelques valises ! La visite se poursuit  par les salles de repos, les salles de travail, les salles de sport, en fait, des salles en tous genres. Je n’écoute pas. Il nous reconduit jusqu’à ma chambre.

« Dans 1h, une infirmière viendra vous chercher pour vous conduire à votre première séance de rééducation. Cela sera plus un contact avec la personne qui va vous suivre que le travail à proprement parlé. Mais, ne vous inquiétez pas, dés demain, au boulot ! »

Et il sourit bêtement en disant ces mots. Avant de partir, il me rappelle les consignes :

« Comme vous devez déjà le savoir, pas de téléphone portable et pas de visite la première semaine. Je sais, c’est dur mais primordial. La réussite dépend de touts ces petits détails »

Je ne vois pas le rapport cordes vocales en compote et portable…quoi qu’il en soit, Steph’ m’a piqué mon téléphone. Pour mon bien, m’a-t-il dit.

C’est le moment de nous séparer. Jim est déjà parti. Je serre Steph’ dans mes bras. Je suis tellement ému que je n’arrive pas à articuler le moindre mot. J’ai envie de chialer. Je sais que lui aussi est ému.

« On se revoit dans une semaine »

« Oui. Dans une semaine »

Je le serre une dernière fois de toutes mes forces et je le laisse partir.

***

Me voilà seul dans cette putain de piole aseptisée. Je me mets à pleurer. C’est des coups frappés à la porte qui me font bondir de mon lit.

« Oui ! »

« Bonjour ! Je m’appelle Claudia.  Je suis infirmière. Prêt pour votre premier entretien ? »

« Oui »

«   Parfait. Le docteur qui va s’occuper de vous est vraiment formidable. Il fait des miracles. »

Ça tombe bien, car c’est justement d’un miracle dont j’ai besoin. Nous sommes arrivés devant une porte, Claudia me dit t’attendre là. Il y a un banc. Le docteur est avec un patient. Ça, pas besoin de le préciser. Je l’entends hurler à travers les cloisons. Elle hausse les épaules et me dit

« Ne t’inquiètes pas, c’est Jordan. Il est un peu colérique. »…tiens, elle me tutoie maintenant.

Et sur ces paroles rassurantes, elle se barre, me laissant seul, comme un con sur le banc.

Les hurlements s’intensifient. Je distingue clairement les insultes que le ‘un peu colérique’ lâche sur Docteur Miracle.  Vu comme il braille, je trouve ça rassurant pour moi et je souris. Je suis en train de sourire comme un abruti quand la porte s’ouvre et va claquer contre le mur opposé. Une tornade blonde sort en hurlant puis, s’arrête net, recule de quelques pas et vient se poster devant moi

« Ton maquillage a coulé»

Puis je le vois disparaitre au fond du couloir.

Sort alors un petit homme chauve et bedonnant. Docteur Miracle.

« Monsieur …, entrez donc et ne faites pas attention à Jordan. Il est … un peu colérique »

Ils se sont tous donnés le mot, ce n’est pas possible.

Pendant que j’ai la bouche ouverte et qu’il inspecte le fond de ma gorge, il prend des notes. Après cet examen, il me regarde et me dit

« À demain »

« C’est tout ? »

« Oui. Bonne fin de journée monsieur Mac Coy »

Je me lève et je sors. Alors que je déambule dans les couloirs, je tombe face à face avec le gars ‘un peu colérique’.

«  Toujours du maquillage plein la gueule »

« Je t’emmerde »

Alors que je vais continuer il me saisit par le bras

« Quand je te parle, tu te barres pas, connard »

« Lâches-moi, bordel. J’suis pas d’humeur »

« Parce que les fiotes ont des humeurs ? »

Sans réfléchir, je lui balance mon poing dans la figure. Manque de bol pour lui, j’ai une énorme bague qui vient lui éclater la lèvre. Il recule. Le sang pisse de sa bouche.

 Il commence bien mon séjour…

 Je me casse sans me retourner. Une fois dans ma chambre, je file sous la douche. Alors que je me sèche, j’entends l’autre con hurler devant ma porte tout en tambourinant dessus comme un malade. S’il continue comme ça, il va finir par la défoncer. Comment il a su que je créchais là ? Avant d’aller lui ouvrir, j’enfile un jean. Sage résolution.

J’ai à peine ouvert qu’il me balance un coup de genou dans les couilles. La douleur me plie en deux. Alors que je m’écroule en gémissant, il fait demi-tour et m’abandonne à mon triste sort, comme je l’ai fait un moment plus tôt avec lui.

Il me faut un certain temps pour pouvoir me relever. Je vérifie que tout est bien à sa place. Ha, le con, j’ai cru qu’il m’avait réduit  les bijoux de famille en bouillie !! Je referme la porte en tentant de reprendre mon souffle. Nouveau martèlement contre cette fichue porte, si c’est encore l’autre, je lui démolis le portrait.

« Tout va bien monsieur Mac Coy? »

«Oui, tout roule » c’est Claudia qui vient aux nouvelles.

« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire au restaurant »

« ? »

Elle se met à rire.

« C’est ainsi que nous appelons la salle où sont servis les repas »

« Ah… » Je me disais aussi…

« Prêt ? »

« J’enfile un t-shirt et j’arrive »

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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Mardi 15 juillet 2 15 /07 /Juil 15:08

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis assis dans cette pièce, face à cet homme. Il parle. Au début, il s’est adressé à moi, mais quand il a vu que je ne l’écoutais pas, il s’est tourné vers Steph’ et a commencé son blabla. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve là. Jusqu’à maintenant, je l’écoutais car je le croyais, mais aujourd’hui, le diagnostic est tombé, il y a peu de chance que je puisse rechanter un jour. Mais il assure que tout n’est pas perdu, que le centre où je vais séjourner et entamer ma rééducation est le plus performant d’Europe. Du coin de l’œil, j’aperçois Steph’ hocher la tête en signe d’approbation. Je savais depuis des mois que j’avais cette saloperie sur les cordes vocales, je me doutais bien qu’elle ne s’en irait pas d’un coup de baguette de magique, mais qu’elle s’en irait s’en faire chier. L’homme m’avait dit de m’économiser. Qu’est-ce qu’ils peuvent raconter comme conneries ces toubibs !! M’économiser ! Certes, Steph’ avait pris la relève lors des interviews. Ce n’était pas pour rien que je lui laissais la parole…pendant que l’homme continue son blabla, je me perds dans la contemplation du tableau qui mange une grande partie du mur derrière lui. Cette horreur m’a toujours intriguée. Cette toile blanche striée d’une multitude de rayures verticales noires…maintenant, je comprends…c’est la représentation de mes cordes vocales agonisantes. L’homme se lève, réajuste sa blouse blanche, fait le tour de son immense bureau. Steph’ me fait signe de me lever. L’homme me serre la main, tout en continuant son blabla, puis, se tournant vers Steph’ :

« Rendez-vous à 15h au centre. Croyez-moi, il n’y a plus d’autre solution. »

« Merci, professeur. A demain »

Et moi qui m’attendais à ce que mon meilleure ami lui lâche une vanne pourrie. Il me déçoit. Jim, mon garde du corps nous attend dans le hall. Trop poli pour demander  ou alors, il a vu la tronche que tire Steph’ et en déduit que ça ne va pas du tout. A l’arrière de la voiture, je pense. Je suis en train de me demander pourquoi j’ai laissé Steph’ décider à ma place. Il n’y a pas que les cordes vocales qui sont pourries chez moi, le cerveau aussi doit être atteint…demain il m’enferme dans un centre de rééducation. Et merde !

***

 

J’ai pourtant fait tout ce qu’ils m’ont dit. Je n’ai pas parlé pendant une dizaine de jours, mais je voyais bien lors de mes visites que le toubib avait toujours son petit sourire embarrassé. Il répétait sans cesse :

« Il ne faut pas vous en faire. Ça va s’arranger »

Moi, je ne me suis pas inquiété, enfin, si un peu tout même. Ma voix c’est tout pour moi, alors, je l’ai cru l’autre abruti. Et voilà où j’en suis. Demain je vais me retrouver enfermer je ne sais où. Je comprends Steph’. Je deviens invivable. Un vrai connard. Je me demande comment il ne m’a pas encore casser la gueule avec tout ce que je lui fais vivre.  Je suis dans ma chambre, je prépare mes valises.

« Ça va ? »

« … »

« C’est pour ton bien »

« Je sais »

Effectivement, je sais qu’il le fait pour moi et non, pour le groupe.

« Je ne sais pas si je vais résister…sans toi »

Il sourit.

« Tu ne vas plus avoir à  supporter ma cuisine. Et qui sait, il y aura quelques filles canons parmi le personnel .Imagines, toutes nues sous leur petites blouses blanches… »

Je ne peux m’empêcher de rire.

« Tu sais combien de temps je dois rester là-bas ? »

« Tout dépend des progrès que tu feras »

« Ok »

« Ça te dis une p’tite fête avec les potes ? »

« Non, pas vraiment. »

« Comme tu veux » et en disant ça, il s’assoit sur le lit. Il m’observe tandis que je remplis mes valises.

« Lenny, tu sais que tu ne pars pas définitivement ? »

« ? »

« T’es sûr que t’as besoin d’autant de fringues ?  Je me demande si ce n’est pas un peu exagéré »

Pour toute réponse, je lui balance un t-shirt à la figure.

On passe la soirée ensemble. J’ai l’impression d’être à un enterrement. A mon enterrement. Ça me plombe un peu plus le moral.

***

Par cass - Publié dans : et si... - Communauté : Shiteki Yoku
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