Vendredi 27 juin 5 27 /06 /Juin 16:51

Je me retrouve dans le hall immense, happé par un flot d’invités, abasourdi par la musique, j’erre dans les salons lorsque mon regard est attiré par une personne. Cette silhouette, toujours la même…cette audace vestimentaire, toujours la même aussi. Elle est affublée d’un fourreau rose bonbon. C’est comme si rien n’avait changé. Il ne manque plus que lui, venant à ma rencontre et m’entraînant dans le parc, sur le banc qui est toujours à la même place. Décor immuable de ma vie misérable.

J’aperçois Fio, coquelicot ondulant dans un champ d’ordures.

En me dirigeant vers le jardin, je croise la rombière. Elle arbore un énorme sourire. Je n’ai pas envie de me forcer, et décide de la dépasser en l’ignorant mais Candice pense autrement. Elle me saisit par le bras et attire son attention :

« Chérieee…comment vas-tu ? Je ne te présente pas Tom… tu le connais… »

Tu m’étonnes qu’elle me connait, j’suis parti avec son gigolo…

« Oui, bien sûr. Comment allez-vous ? La soirée vous plait ? » Sa voix m’horripile et son sourire semble me narguer.

J’hoche la tête tout en me libérant de Candice. Je vais fumer dans le jardin.

La musique, même à cette distance, me martèle les tympans. Je ne réagis pas tout de suite, je suis trop absent pour m’en rendre compte, mais au bout d’un certain temps, il me semble que la mélodie passe en boucle…C’était le fond sonore de ma première exposition…je n’étais pas franchement d’accord pour ce genre là, mais Fio et Bill avaient tellement insistés que j’avais fini par céder.

J’intercepte Fiona mais je ne suis pas le seul. La rombière aussi est là. Elle me toise. Je sens que si elle prononce le nom de Bill, je lui flanque mon poing dans la figure, histoire qu’elle sache à quoi sert vraiment la chirurgie esthétique.

« J’adore cette musique !! »

« Original pour un anniversaire »

Fio est la championne toutes catégories lorsqu’il faut parler pour ne rien dire.

« Approchez-vous, le gâteau ne va pas tarder » et le bonbon géant se fraye un passage dans la foule compacte.

Me tournant vers Fio :

« Elle me nargue ou ce n’est qu’une impression ? Depuis le début de la soirée, j’ai comme un drôle de feeling…j’sais pas trop l’expliquer mais elle a une attitude victorieuse que je ne supporte pas…»

Fiona me regarde en me signifiant qu’elle ne comprend rien à ce que je lui raconte et décide de me planter là.

Candice parle et rit de son côté. Je ne suis pas certain que ce soit ici qu’elle trouvera des informations concernant son frère ou son père, je ne sais plus trop…ces cercles privées sont si restreints…tout le monde se  connait ou connait les parents ou un membre de la famille… pourquoi m’ont-elles traîné là ? D’où connait-elle la rombière ??

***

 

Toujours ce regard porcin collé sur moi. Alors qu’elle me dégoûte au plus haut point, je lui souris. Il est temps que je découvre ce qu’elle mijote…

Je suis au premier rang. Elle débite un discours que je n’écoute pas mais je n’oublie pas de sourire. Alors qu’elle se démène avec sa pelle à tarte, je viens à son secours. Au premier abord, je la sens réticente. Je pose alors délicatement ma main sur sa grosse main boudinée et je lui souris tendrement.

« Je suis impardonnable…je ne connais même pas votre prénom… »

Et voilà, le tour est joué. Elle se met à minauder :

« Dita »

« C’est charmant »

Grand sourire.

« Si vous permettez…joyeux anniversaire ! » et je lui colle un baiser sur les lèvres.

Je ne sais pas comment je fais pour ne pas vomir, ni m’essuyer la bouche. Je continue de l’aider. Parfait gentleman qui quelques temps auparavant gisait sur un trottoir. Son personnel a pris le relais…heureusement…

Elle m’attrape par le bras et murmure :

« Vous êtes vraiment un ange » et à mon grand soulagement elle part à l’autre bout de la pièce.

« Tu joues à quoi ? » Fio est furax.

« Je ne joue pas…j’enquête »

Je suis discrètement la rombière du coin de l’œil. Son nouvel amant, un grand black, ressort particulièrement bien sur le rose de sa tenue...

***

.

Sur le chemin du retour, nous sommes seuls avec Fio.

« Pourquoi t’as fait ça ? »

« Pourquoi j’ai quoi ? »

« L’embrasser »

« Parce que t’appelles ça embrasser, toi ? »

« Oui … tu cherchais quoi en faisant ça ? Te mettre à sa place ? Voir ce qu’il pouvait bien éprouver ? »

« Tu me fais une scène ? »

« Non…je sais que tu as du chagrin…c’est dur tout ce qu’il t’est arrivé, je veux ju… »

« Non, tu ne sais rien de ce que j’endure depuis des mois. »

« Je ne sais pas…hein….t’es tu un jour demandé de quoi avait été faite ma vie avant que tu en fasses partie ? T’es tu un jour demandé qui j’avais été avant de devenir celle que je suis ? Non, jamais ! Pour toi les choses sont telles que tu les vois. Elles ne peuvent pas avoir été autre chose et ne peuvent pas devenir quelque chose d’autre. Ton monde est immobile. Je pensais que Bill t’avait ouvert les yeux, mais je vois que tu n’as pas changé. Tu ne vis pas, tu subis…c’est tellement plus facile de traverser la vie sans se poser de questions. »

Elle se tait enfin. Nous sommes arrivés. Silencieux, on regagne nos chambres.

***

 Je suis allongé sur mon lit. Cela fait des heures que je contemple le plafond. Je me lève et machinalement, je me retrouve devant la chambre de Fio. Un rai de lumière filtre sous sa porte. J’entre. Elle est sur son lit. Elle ne s’est ni déshabillée, ni démaquillée. Elle regarde une photo. Je m’allonge à ses côtés.

« C’est qui? »

« C’était mon mari »

Elle a l’air si vulnérable. C’est la première fois qu’elle laisse entrevoir sa faiblesse.

« Il était grand reporter. Toujours sur les conflits. Un passionné. C’est lors d’une mission humanitaire que je l’ai rencontré. Je faisais des photos pour ‘médecins du monde’, lui couvrait un conflit. Un vrai coup de foudre. Six mois plus tard, on était marié. J’ai vécu 8 ans de bonheur et d’angoisse lorsqu’il s’absentait. Jusqu’à ce fameux jour…il a été fait prisonnier avec son équipe. Je peux dire que j’ai compté chaque minutes qui passait…chaque jour qui finissait et celui qui recommençait. Tu sais ce que s’est de vivre sans avoir de nouvelles ? D’avoir l’impression de mourir chaque fois que le téléphone sonne ? puis, l’espoir, lorsqu’ils commencent à relâcher des otages…tu te dis que ça sera bientôt son tour, mais ils ont oublié de te dire que les otages qu’ils relâchent, ne sont pas des français, mais d’autres journalistes…finalement, ils sont rentrés…tous, sans exception…dans des cercueils plombés…j’ai décidé ce jour là, de donner aux gens ce qu’ils aimaient le plus…des scandales, de la déchéance…et d’étaler au grand jour toute la merde du monde »

Je la prends dans mes bras et je la berce, doucement. Je sens ses larmes sur ma peau. Elle me repousse tout en les séchant d’un revers de la main. Une trace noire de mascara, lui barre la joue. Je m’approche pour l’embrasser. Elle hésite.

« J’ai déjà trop souffert… »

« Moi aussi »

Cette fois, elle ne résiste pas. Je redécouvre son corps. Elle est toujours aussi belle. Je souris en regardant son visage tout barbouillé de maquillage.

« Pourquoi tu souris ? »

« Ton visage, le maquillage a coulé »

Elle me sourit à son tour.

« Tu vas avoir une surprise toi aussi »

J’imagine…

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Jeudi 26 juin 4 26 /06 /Juin 17:09

J’arrive bien après elle chez Fio. Je ne suis pas à l’aise. C’est Marguerite qui m’ouvre la porte. C’est la femme à tout faire.

« Mon dieu, Monsieur Tom, dans quel état vous êtes ! »

« Ce  n’est rien, une bonne douche et voilà »

« Et vos cheveux….mon dieu vos cheveux… je ne crois pas avoir assez d’anti-poux pour toute cette masse… »

Je souris.

« Allez en acheter d’avantage car il n’est pas question que je les coupe »

Je la vois partir en agitant les bras au ciel…Fiona ne va pas être contente…

« Tom, enfin… Je suis contente que tu sois là. »

Je fais un hochement de la tête.

Je reste silencieux.

« Monsieur Tom, j’ai mis un sac dans la salle de bain, pour vos affaires »

« Merci »

« Tes cheveux… »

« Pas question que je les coupe »

« Je sais… »

Je me dirige vers la salle de bain. Ces affaires qui finissent à la poubelle, c’est un peu de ma vie que je jette.

***

 

.

 

Après le passage obligatoire de ma tignasse au produit anti vermine, et après avoir revêtu des vêtements propres, je rejoins Fiona dans le salon. Elle est avec Candice. Elles murmurent. Leurs mines de conspiratrices n’augurent rien de bon.

« Tu trouveras les informations concernant l’affaire » tout en  parlant, Fiona  pose une pochette cartonnée sur la table basse.

Je m’assois dans un fauteuil, je tends la main vers un paquet de cigarettes. Cela fait une éternité que je n’ai pas fumé. Alors que j’allume ma clope, je ferme les yeux et je souffle lentement la fumée. Lorsqu’il ne reste plus que le mégot, je le regarde et je finis par le mettre à sa place, dans le cendrier.

En regardant Candice, je lui dis :

« …cela fait 20 ans au moins que tu vis sans famille…un jour de plus ou de moins ne changera pas grand-chose »

Après ces paroles je m’attends à une contre attaque féminine, mais non, elles ont décidées de se taire et j’en suis fort content.

***

Cela fait une semaine que je vis chez Fio. J’ai intégré la chambre d’ami. Envie d’être seul le soir dans mon lit. Je ne suis pas encore sorti. Je passe d’un extrême à l’autre. Je sais que Fio est entrain de perdre patience, qu’elle prend sur elle mais cela ne va pas durer indéfiniment. En attendant, je teste ses limites…

***

En traversant le salon ce matin, je tombe sur Fio et Candice.

« Tom »

Je les regarde.

« Tom… »

Je sens bien que les problèmes vont commencer…

« Ce soir, il y a une réception et j’aimerai que tu nous y accompagnes »

« Pourquoi ? »

« L’enquête »

« L’enquête ? Vraiment ??J’suis photographe, pas détective !!Et je ne suis pas d’humeur à faire des courbettes. Laissez tomber »

« Je veux que tu viennes. Il le faut»

Je commence à regretter mon bout de trottoir.

Il y a dans cette scène quelque chose qui me dérange mais je ne saurai dire quoi…

« Tom…tu ne nous écoutes pas… » C’est Fio qui se plaint.

« Humm… »

« Il te faut un costume pour ce soir. J’ai pris la liberté de t’en faire venir un »

Je la regarde. Je m’en tape. J’en suis toujours à me demander ce que je fais ici, mais je lui réponds docilement :

« C’est parfait » alors que non, c’est loin d’être parfait. Ce monde n’est pas parfait et ma vie n’est qu’une longue succession de choses imparfaites.

« Alors, tu vas l’essayer ce costume ? Il est dans ta penderie »

« Oué, ok »

Je me lève pour aller découvrir le fameux costume qui va transformer ma soirée. C’est un smoking noir, classique. Il me va parfaitement bien, mais ça, je m’en doutais.

***

Je me retrouve dans une limousine entouré de Fiona et de Candice. L’une en rouge, l’autre en noir. Joli trio.

Je reste interdit devant le perron de l’hôtel particulier. Pourquoi ne m’ont-elles pas dit où l’on allait? Qu’est-ce qu’on vient faire chez la rombière ???

Je regarde Fio et lui crache à la figure :

« Tu crois tout de même pas que je vais entrer là ?? TU TE FOUS DE MA GUEULE ?? Putain Fio, à quoi tu joues ?? »

« Ne le prends pas ainsi… »

« Toi !! Ferme-la !!! »

« C’est quoi ce bordel ?? Putain Fio, tu déconnes ! »

Elles ne parlent plus.

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Mercredi 25 juin 3 25 /06 /Juin 20:32

Je suis dans la rue. En fait, j’y vis. Loque humaine squattant les trottoirs, mendiant pour survivre.

Tous les jours le même rituel.

Cela fait des mois que je suis là. J’ai tout laissé. Il y a 18mois  j’ai perdu l’homme de ma vie. Je pensais que notre fils me sauverait de son absence. Cindy aussi, toujours présente. Amie/amante.

Mais il y a quatre mois mon équilibre a volé en éclats. Tout ce qui faisait ma raison de vivre a été balayé par un chauffard. Une vieille conasse de 86 ans qui a perdu le contrôle de son véhicule. Elle n’a même pas crevé cette charogne.

C’était la première que nous quittions notre île depuis la disparition de Bill…

Doucement, je me suis glissé dans la déchéance. Le costume me va bien, je l’ai longtemps porté et le revêtir fait ressurgir un passé que je croyais effacer à jamais.

Je n’ai pas saisi la main que Fiona m’a tendue.

Je me puni de vivre alors qu’eux sont morts.

Ici, il fait froid. Je gis avec mes compagnons d’infortune. Epaves échoués sur le macadam suite aux tourmentes de la vie.

Des pas claquent sur le trottoir-rapides. Puis, le silence.

« Hé !! »

Une personne me secoue du bout de sa chaussure.

« Hé !! »

« Quoi bordel ?!! Vous n’avez rien d’autre à foutre ?! »

« J’ai du boulot pour toi»

« Vraiment ? Vous vous promenez dans la rue, vous tombez sur un groupe de clodos et là, vous vous dites-quel pouilleux je vais bien pouvoir embaucher ?-…allez dégages et fous moi la paix »

« Le boulot sera bien payé. Et puis, quoi qu’il arrive, tu ne manqueras à personne… »

« Conasse ! »

« Je m’appelle Candice »

« Conasse »

Je me replie sur moi-même.

J’entends le bruit de ses escarpins disparaître au loin.

***

« Hé !!...hé !!... réveilles-toi !!! »

C’est encore l’autre qui revient me faire chier.

Elle n’arrête pas de me secouer avec le bout de son escarpin.

Hors de moi, je lui saisis la cheville.

« Tu vas arrêter de me faire chier ?!!! J’en veux pas de ton boulot. Laisses moi crever tranquille »

Je la vois soupirer.

« C’est Fiona qui m’a dit que tu serais le mec idéal pour ce travail »

« Connais pas de Fiona »

« Tssss….pas avec moi Tom »

Je sais que Fio me surveille, ou me fait surveiller. Elle veille sur moi. J’ai régulièrement de l’argent, que je m’empresse de boire, et de la nourriture.

Elle a essayé plusieurs fois de me sortir de là, mais j’ai toujours refusé.

J’expie mes pêchés en attendant que la mort veuille bien de moi.

Cette femme est un vrai poison. Elle a décidé de me harceler. Elle tente de me faire plier en me racontant son histoire. Elle est à la recherche d'un membre de sa famille. Elle a appris son existence il y a quelques temps. Elle a embauché un détective privé mais rien, le néant. Elle a toujours été seule. Elle a grandie en famille d’accueil et blablabla…

Je la regarde.

« J’men tape de ta vie. Dégages »

« Tu préfères pourrir sur ce trottoir plutôt que d’affronter la vie. T’es qu’un lâche !!! »

Je me lève d’un bond. Pour qui elle se prend cette pouffiasse ?!!

« Je ne te permet pas de me juger. Fallait pas venir me chercher si t’es pas contente. Conasse »

« Candice »

« Oué, c’est bien ce que j’dis…conasse »

« Alors ? »

« Alors quoi ? »

« T’acceptes ? »

« T’es bouchée ma parole !! J’suis photographe, pas détective privé »

« Je sais mais, Fiona m’a dit que tu avais l’habitude d’enquêter lorsque tu faisais le paparazzi. Tom, j’ai besoin de toi. Aides moi »

Je la regarde. Il me semble que c’est la première fois que je la vois. Elle est belle mais c’est surtout une sacrée casse pieds.

Je reste immobile. Je n’ai pas envie de bouger. C’est comme si ce bout de trottoir fait partie de moi mais d’un autre côté, je n’ai peut-être plus envie de cette immobilité.

« Ok »

Mes paroles me surprennent. J’en suis tout étonné.

« Merci »

Je suis toujours immobile, je la scrute maintenant. Silhouette longiligne coiffée de longs cheveux blonds.

« Fiona t’attends. Elle habite toujours au même endroit. Ma voiture est garée là-bas. On se retrouve chez elle »

« On n’y va pas ensemble ? »

Elle me regarde de la tête aux pieds avec une moue dégoûtée.

« Tu plaisantes ?!! Tu pues, t’es crasseux, t’as peut-être des poux ou je ne sais quoi d’autres. Tu ne crois tout de même pas que je vais te faire monter dans mon Porsche Cayenne ? »

« Conasse »

« Oui, cette fois t’as raison. Un peu de marche te dégourdira les jambes…le premier qui arrive ? »

 Et elle éclate de rire.

Quelle salope, mais bon, je dois avouer qu’elle n’a pas tort. Je suis vraiment dans un piteux état.



voilà le début de la deuxième partie. j'espère que vous aimerez.... kissouilles
Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Mardi 24 juin 2 24 /06 /Juin 17:42

« Tu dois vraiment partir ? »

« Oui, j’ai regroupé mes séances exprès, mais là, je n’ai plus le choix »

« Je n’ai pas envie que tu partes »

« Je n’ai pas envie de partir. Prends soin de toi, d’elle et de notre bébé »

« Je t’aime »

« Prouves-le moi »…Bill ne changera jamais…

« Avec plaisir »

***

C’est Maki qui vient le chercher le lendemain pour l’emmener loin de moi.

Je déteste ces matins où je dois le laisser partir.

« Fais pas la tête, je rentre dans dix jours »

« C’est trop long »

« C’est comme ça »

Je l’embrasse.

« Je t’aime beau blond »

« Je t’aime. Reviens vite »

***

 

Avec Cindy et Maki, le temps passe plus vite.

Demain, Bill revient et cette idée me fait du bien.

***

Je suis sur la plage. Je l’attends.

Des pas derrière moi. Je souris- et dire que je n’ai même pas un mégot à balancer…

Mais c’est Cindy qui apparait. Elle est pâle. Elle parle, elle parle mais je ne l’entends pas. Je me lève et je pars.

***

Des jours suivants je ne garde le souvenir que des visages tristes, de Fiona qui est là, qui s’occupe de tout- de Maki qui traîne derrière lui une culpabilité qu’il s’est infligé- des fleurs que l’on jette à la mer.

***

Je suis allongé sur la plage. Cindy joue dans l’eau avec Bill. Elle revient en riant vers moi. Elle me tend mon fils. Il a 6 mois maintenant. C’est un petit garçon adorable qui a la fâcheuse manie de tripoter mes dreads…

« Viens, mon ange, viens faire un câlin à papa »

J’adore sa peau douce qui sent bon le bébé.

C’est notre enfant à Bill et à moi. Il est né 3 mois après sa mort. C’est tout naturellement qu’avec Cindy, nous avons reformé une famille.

Maki s’en veut toujours de ne pas avoir pu le récupérer à l’aéroport. Sa femme était à l’hôpital. Il était avec elle.

 C’est un pilote inexpérimenté qui est allé le chercher.

Son hydravion n’est jamais arrivé.

 

Après leur départ, je reste là, allongé sur le sable avec pour seule compagnie l’empreinte fictive de son corps que ma main  à tracé sur le sable.

***

J'aime cette photo que Fiona a faite...

Lorsque notre fils sera plus grand, je lui raconterai notre histoire...

J'ai 27 ans et l'impression que cela fait déjà une éternité que je traine ici-bas...

 ***
fin de la première partie ...

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Lundi 23 juin 1 23 /06 /Juin 18:42

Je suis sur la plage avec Cindy. Je fume en attendant l’arrivée de Bill. Alors que j’écrase mon mégot et que je m’apprête à le jeter, une voix que j’aime par-dessus tout me dit

« Fais pas ça ! C’est dégueulasse !!! »

Je souris. Comment fait-il pour toujours arriver lorsque je dois me débarrasser de ces putains de mégots ?

« Alors beau blond, j’arrive à temps, à ce que je vois ! »

« Oué » et je range mon mégot dans mon paquet.

Puis se tournant vers Cindy 

« Ne le laisse pas faire. Engueules-le quand je ne suis pas là »

« Ok !...Tom m’a dit que vous vous êtes lancés dans l’adoption »

« Tu veux dire- le parcours du combattant- la misère- la galère »

« Oué, c’est mortel »

« Vous avez pensé à trouver une mère porteuse ? »

« T’en as de bonne toi ! Tu crois que ça court les rues les femmes qui veulent faire un bébé pour un couple d’homos »

« On n’est pas des homos »

« Oué- juste des hommes qui aiment les hommes »

« Non-je suis un homme qui t’aime, toi, un homme. Les autres, je ne les regarde même pas »

« J’espère bien »

« Et toi ? »

« Quoi, moi ? »

C’est Bill qui vient d’interroger Cindy.

« On pourrait le faire avec toi notre bébé. »

Silence général.

« C’est vrai quoi. Depuis les années que l’on se connait »

« J’sais pas… »

« Puis, on s’est déjà retrouvé tous les 3 dans le même plumard…là, ça serait pour la bonne cause …puis il serait super chou notre bébé»

« Et je le verrai quand mon bébé ? Vous à Paris, moi aux Maldives ? »

« Je ne sais pas… on trouvera bien un arrangement »

« C’est un bébé qui aura deux papas et une maman »

« C’est un bébé qui aura été désiré. C’est ça le plus important ».

« Alors ? »

« Alors, je vais y réfléchir »

***

Après son départ, on se regarde.

« Ça serait cool, non ? »

« Oué, c’est la mère idéale »

« Moué…un petit bébé couleur pain d’épice »

« Avec des dreads »

J’éclate de rire.

« C’est mieux que maquillé et les ongles vernis »

« Quoi ? Tu me critiques ? » Et il se jette sur moi, faussement outragé.

« Je t’aime comme tu es »

« Je sais »

***

Cindy accepte notre offre. Côté accord, on tâtonne mais on est sûr que la solution s’imposera d’elle-même.

Et nous revoilà tous les trois réunis comme pour cette fameuse soirée.

C’est le même bungalow, on y tient avec Bill, mais ce n’est plus la même situation.

Il me regarde moqueur.

« Passes le premier, si t’es aussi mauvais que la dernière fois, je serai là pour rattraper le coup. »

Il me file une claque sur la fesse et murmure

« Au travail, beau blond. Pense à notre bébé »

J’y pense et je m’applique.

Quand arrive le tour de Bill, je le regarde cette fois et il me fait un clin d’œil.

Pendant qu’on fume, Cindy se tient les pieds en l’air. Elle nous dit que cela favorise la fécondation…

Notre persévérance paie. Cindy est enceinte. Elle a décidé de rester sur l’île. C’est nous qui nous organisons pour passer le plus de temps possible avec elle.

Je prends des photos. Je veux que notre bébé sache qu’il a été désiré et même si notre famille n’est pas conventionnelle, on est quand même une famille.

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Lundi 23 juin 1 23 /06 /Juin 18:33


J’adore cette photo. C’est Fiona qui l'a prise un jour où elle a débarqué à l’improviste au studio.

J’ai appris ce jour-là qu’elle avait été photographe. Elle a compris ce jour-là que notre relation était finie.

C'est avec cette photo que commençait et se terminait ma deuxième exposition.

Entre, ce n’était qu’un enchaînement de visages parmi lesquels celui de Bill revenait souvent.

Bill, mon amour.

Cela fait trois ans que nous vivons ensemble.

Grâce à mes photos Bill est devenu mannequin. Je suis très fier de lui. Il voyage beaucoup, moi aussi.

Notre maison est à Paris, mais notre cœur est sur Ari.

Nous y passons un mois par an. Retour aux sources comme on aime à dire.

On a décidé d’adopter un enfant.

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Lundi 23 juin 1 23 /06 /Juin 18:31

 « Je travaille sur un nouveau projet »

« hmm… »

« J’aimerai te prendre en photos »

« Moi ? »

« Oui, toi »

« Et, tu bosses sur quoi ? »

« L’androgynie »

« Et t’as pensé à moi ? »

« J’ai déjà commencé à bosser. Je prends des photos d’inconnus dans la rue. C’est toi qui m’a inspiré »

« Tu me prends pour un phénomène de foire ou quoi ? »

« Non, qu’est-ce que tu racontes ! »

« J’suis pas d’accord »

« Écoutes moi avant de dire non »

« Laisses tomber, ne me prends pas la tête avec tes concepts artistiques. Ça me fait chier, ces artistes qui conceptualisent tout et n’importe quoi »

« Passes au moins une journée avec moi »

Silence.

« S’il te plait »

« On verra »

Je lui souris en l’embrassant.

Il a finit par accepter. Il a aimé les portraits que j’ai fait de ces inconnus.il devrait adorer ceux que je vais faire de lui.

Notre vie s’enchaîne, puzzle incomplet.

Je suis toujours tiraillé entre cette envie d’être avec lui et ce mal être qui me submerge après l’amour.

Et je sais que cette situation le fait souffrir. Ce déni que j’ai de nous le rend malheureux et je ne veux pas être celui qui fait souffrir.

 

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Vendredi 20 juin 5 20 /06 /Juin 13:19

Dés son retour, il me rappelle et me donne rendez-vous dans un hôtel.

Je suis déjà obnubilé par un autre projet.

C’est Bill qui en est l’initiateur mais il ne le sait pas encore.

Il sera le sujet de ma seconde exposition.

J’ai parlé du concept à Fiona, elle le trouve excellent.

Il m’attend à la réception, installé dans un fauteuil.

J’ai envie de lui parler de mon projet mais il me scelle la bouche avec un baiser.

« Tu parleras après- autant que tu veux – mais après »

On est dans la chambre.

« Donnes moi ton portable »

Je le regarde, étonné.

« Donnes moi ce putain de portable »

Je le lui tends et il l’éteint. Ensuite il débranche le téléphone de l’hôtel.

« Enfin, seuls »

Il me sourit.

« Je veux juste m’assurer que cette fois, rien ne viendra nous déranger… »

Je respire un bon coup. Il n’y aura pas d’échappatoire. Pas de salut, ni de grâce.

 En souriant, il enchaîne

« Si je me souviens bien, beau blond, tu étais nu, sous moi, lorsque j’ai du me tirer par la fenêtre »

Je souris.

« On est au 7éme étage, j’compte pas voler»

Ensuite, c’est son corps sur mon corps.

Ses cheveux balaye doucement ma peau. Sa bouche descend, s’attarde sur mon ventre, puis continue sa progression. Lorsque sa langue glisse le long de mon sexe, je me crispe ce qui a comme conséquence de lui faire redresser la tête. Ses yeux. Aucun besoin de parler. Son regard est assez expressif. Il s’attend à ce que je le repousse et même si j’en crève d’envie, je lui souris, et je repose ma tête sur le drap.

La chaleur de sa bouche, la caresse de sa main, tout cela m’arrache des gémissements.

« ça te plait, beau blond ? »

Je me redresse sur les coudes. Je le fixe.

« Parce que, ce que je vais te faire maintenant, il est fort probable que tu l’apprécies moins »

Et en disant ses paroles, il sourit. Heureux d’obtenir enfin ce dont il a envie depuis longtemps.

Je n’ai pas le temps de répondre, il écarte mes jambes, les replie, suce son index et son majeur et les introduits dans mon corps. J’aimerai lui dire, ‘stop ! ça suffit’ mais aucun son ne sort de ma bouche. Un sentiment nouveau m’envahit. Aimer/détester. Puis accepter parce qu’on aime. Je le sens dans mon corps. Je me motive pour trouver du plaisir, mais je suis bloqué. Bloqué. Mon esprit d’hétéro est vérouillé. Je ne suis qu’un sale con. Cette pensée me fait débander, vu ma position, cela ne gêne en rien…

Il est remonté à mon niveau. Sa bouche prend ma bouche. Doucement. Sa langue caresse la mienne. Sa main joue avec mes dreads.

« Tom…je t’aime »

« … »

« Mauvaise réponse »

Et je sens ses doigts accélérer la cadence. Il me regarde.

« Tu vas me supplier dans un moment »

C’est sûr qu’à cette allure je ne vais pas tarder à pleurer. Pleurer sur ma connerie. Je l’attire sur moi.

« Tu es sûr ? »

« Non »

Il m’embrasse. J’oublie qui je suis pour me donner à l’homme que j’aime. Il me pénètre doucement puis commence à remuer. Aucun plaisir à l’horizon. Juste une violente douleur physique et morale.

« ça va beau blond ? »

« oui »

il marque une pause.

« vraiment ? »

« oui »

J’approche mes lèvres de ses lèvres. Ce contact réveille en moi, du plaisir. Enfin. Tout en l’embrassant, je le sens en moi. Je commence à prendre du plaisir. De plus en plus. Jusqu’à jouir.

Je reprends doucement possession de mon corps.

Bill est sous la douche. Lorsqu’il revient, je me lève et disparais dans la salle de bain.

Sous la douche, je regarde impuissant la dissolution de mon être se répandant dans les égouts.

Il est là, sur le lit, il m’attend. Je suis mal à l’aise.

Toujours.

Encore.

Je ne devrais pas mais c’est plus fort que moi.

Il agite un préservatif et me fais signe d’approcher.

Son geste me fait sourire.

«Toujours en train de penser ? »

Alors que je m’allonge à ses côtés, il saisit une dread.

« C’est une manie chez toi »

« Non »

« Non ? T’es toujours en train de me tripoter les cheveux »

«  Parce que c’est tes cheveux, que c’est toi. »

Il me regarde. Il est sérieux.

« Et c’est parce que c’est toi que je suis là. »

Silence.

« Tu te souviens de ce que je t’ai dit sur la plage… au sujet de ton prénom… »

« Oué. Tu ne peux plus le dire maintenant… »

Il se met à rire.

« J’demande jamais le nom de mes clients et je ne leur fais jamais l’amour. J’les baise, c’est tout. Jamais de face. J’supporte pas qu’ils me touchent ou m’embrassent. J’voulais que tu le saches. »

Je ne  trouve qu’une chose à lui répondre :

« Moi, aussi, c’est parce que c’est toi que je suis là »

C’est en prenant possession de son corps que je réalise à quel point je l’ai désiré et le sentir s’abandonner sous mon étreinte décuple mon plaisir.

Je suis seul. Il a du rentrer…ses obligations…

 

Je me fais face. Mon reflet dans le miroir semble me narguer.

J’écrase mon poing contre ce visage. Sa vue me dégoûte.

Je regarde ma main, les coupures, le sang. Mes doigts qui enflent. La douleur.

Je me demande si cette douleur est bien celle de ma main, ou une autre, plus sournoise.

C’est un truc qui m’arrache les tripes.

Je me vomis.

Ce flot qui sort de mon corps et que rien n’endigue.

C’est ma vie que je vomis- ma vie- moi- ce que je suis devenu.

Et malgré tout ce que je viens de gerber, il reste en moi une partie que je n’ai pas réussis à expulser – Bill- bile…

C’est Bill dont je veux me débarrasser.

Putain de merde !!

Comment j’ai pu tomber amoureux d’un mec ??!!!!!

Je prends conscience que j’ai honte. Oui, j’ai honte d’aimer un homme et honte d’avoir honte.

Honte d’avoir éprouver du plaisir et surtout, honte d’avoir envie de recommencer, encore et encore.

Je ne Le mérite pas.

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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Mercredi 18 juin 3 18 /06 /Juin 15:47

 

merci de lire ma fic. cela me fait très plaisir. c'est une histoire que j'ai déjà publié sur JV. j'ai voulu la remettre ici car je pensais l'étoffer avec quelques lemons, mais je me rends compte que j'ai du mal à réécrire les scènes car le perso principal est assez introverti et des scènes détaillées ne colleraient pas avec l'esprit de cette fic. toutefois, je publierai la version originale, et la version modifiée. vous jugerez...
c'est avec plaisir que j'accepte ton aide Absynthe car je suis nulle à ch** en ce qui concerne la mise en valeur de mon blog. comparé aux tiens, le mien est une merdouille lol. celui de Danouch est magnifique aussi.
j'ai fait l'effort de passer sur anna k, mais je n'ai rien compris au fonctionnement lol.
pour Saya- comme dirait Min-tu fais toujours souffrir tes personnages- donc, je n'ai pas fini de les séparer et de leur en faire baver lol. mon côté sadique.
j'crois que j'ai tout dit.
kissouilles
Par cass - Publié dans : blabla
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Mercredi 18 juin 3 18 /06 /Juin 15:45

 

Les jours suivants, mon exposition m’accapare complètement. Je dois sélectionner les clichés, les classer, trouver un ordre ou un sens  à la visite.

Comme si exposer la misère humaine a un tant soit peu de sens…

C’est Fio qui s’est occupé des invitations pour la presse et les people.

Moi, je me suis simplement occupé de laisser un message à Bill, lui indiquant la date et l’heure.

L’expo remporte un véritable succès. Un éditeur m’offre même de faire un livre.

Je souris mais seuls des yeux cernés de khôl m’intéressent.

On se croise sans pouvoir se parler vraiment.

Avant de partir, il m’annonce qu’il se rend à New-York pour une quinzaine de jours. On se verra à son retour.

J’acquisse. Je ne peux faire que ça.

Par cass - Publié dans : le vampire argentique (terminée)
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