En arrivant
au lycée, Olivier me saute littéralement dessus.
« Vicky ! »
« Salut ! »
« J’ai
un truc à te dire…j’ai rompu avec Mandy »
Je le regarde
étonnée.
« Tu
sors toujours avec Lucas ? »
J’ai envie de
lui dire que ce n’est pas grave, que je peux sortir avec les deux, qu’on a un accord avec Lucas mais je ne crois pas qu’Olivier comprendrait.
« C’est
génial ! Tu m’as tellement manqué ! »
Je lui saute
au cou. Enfin un peu de normalité dans ma vie de dépravée.
« Toi
aussi tu m’as manqué »
Je dépose un
baiser sur ses lèvres. Pour fêter nos retrouvailles. Je reste avec lui jusqu’à ce que la sonnerie nous sépare. Je souris. Je suis heureuse. Olivier,
mon rempart contre la folie de Lucas et la mienne.
A la récré,
Olivier me rejoint.
« Tu as
parlé avec Lucas ? »
« Non,
pas encore. Je vais y aller »
« Ok »
Petit bisou
déposé sur la bouche d’Olivier. C’est en souriant que je rejoins Lucas. J’envoie rapidement un ‘bonjour’ à la ronde puis je me dirige vers lui. C’est en me retrouvant face à ses yeux que je
remarque son regard glacial. Je comprends qu’il n’est pas content. Je fais comme si de rien n’était.
« Mandy
n’est plus avec Olivier »
Si son regard
pouvait tuer, je serai morte.
« Tu te
rappelles ce que tu m’as dit… »
Et en disant
ça, mon regard se pose une fraction de seconde sur Paul. Il est furieux. Je m’approche de lui, je murmure :
« Tu
fais la gueule pour un petit bisou sans la langue alors que moi j’ai dû assister à vos ébats ?!! »
Sa réaction
est immédiate. Il me saisit le bras et crache :
« Restes
donc avec lui. Je ne veux plus de toi. »
Son étreinte
s’est relâchée. Mon cœur s’est arrêté de battre. Une boule s’est formée dans ma gorge. Je souris néanmoins. Je décide de finir de l’énerver :
« J’ai
un accord avec Paul. Je compte bien le respecter. Olivier voudra peut-être prendre ta place »
Il serre les
poings et les mâchoires. Instinctivement, je recule.
« Dégages »
Sa voix est
un sifflement. Je réalise que je veux rester avec lui.
Je rejoins
Olivier. Mon sourire artificiel me fait mal.
« Ça y
est »
Ces trois
mots me demandent un effort surhumain. Sourire aussi. Je sens un flot de larmes remontées. Je secoue la tête pour les chasser. Mais rien. C’est Olivier qui vient à mon secours sans s’en rendre
compte. Il m’embrasse. Je ferme les yeux. Mais Olivier est gentil. Je sens sa langue s’appliquer à faire le tour de ma bouche. Rien de passionné. Rien de sexuel. Rien de vraiment bon. Sa langue
tourne et tourne dans ma bouche. C’était comme ça avant?
Lorsqu’il
s’arrête enfin, souriant et heureux il m’annonce :
« J’adore
t’embrasser »
Je souris.
Moi non, j’aime plus.
***
Pendant le
temps de midi, Sara vient me chercher.
« Vic,
j’te jure. Tu mérites des claques !! »
Je crois
qu’elle a raison pour une fois.
« Tu ne
vas pas rester seule. Viens avec nous »
Marine a
repris son petit manège autour de Lucas qui ne semble toujours pas intéressé mais qui en me voyant arriver lui sourit.
Après avoir
pris de quoi manger, je m’installe à côté de Sara et d’un gars que je ne connais que de vue. Je fixe le contenu de mon assiette. Je n’ai pas faim. Ce poids sur l’estomac. Cette boule dans la
gorge. La voix de Lucas qui plaisante avec Marine. Je vais me lever mais Sara me retient. Elle a posé sa main sur ma cuisse.
« Manges »
« Je
n’ai pas très faim aujourd’hui. Je vais aller fumer »
En souriant,
je me lève, je dépose mon plateau et son contenu et je sors fumer. Je vais m’installer dans un coin. Seule. Après deux cigarettes consécutives, j’arrête. Envie de gerber. Je pose ma tête entre mes mains et je ferme les yeux. C’est la voix de Sara qui me fait me
redresser. Lucas s’est adossé au mur, en face de moi. Marine se colle contre lui. Je vois ses bras l’enserrer. Sa bouche près de son oreille murmure des paroles qu'elle seule entend. Elle rit. Je
me lève. J’ai un DS de maths. Il faut que je trouve quelqu’un pour m’aider. En salle de repos, je trouverai sûrement.
« Tu
fais quoi là ? »
« Je
vais en salle de repos. J’ai besoin d’aide. »
« De
l’aide ? Pour quoi ? »
« Rien.
J’y vais. A plus »
Mais Sara est
têtue lorsqu’elle s’y met.
« Vic !!
Attends-moi !! C’est quoi cette histoire d’aide ? »
« J’ai
un DS de maths. J’ai besoin de quelques explications. Voilà »
« Voilà ??!!!
Et Lucas ? »
« Laisses tomber
Lucas. Je trouverai une autre personne. Puis, il a l’air occupé »
« Comme
toi ce matin ! »
Et sur ces
mots elle repart rejoindre Paul.
***
Dans la salle
de repos, je demande de l’aide. Un gars de Ts me fait signe. J’approche en souriant. Je lui explique mon problème. On décide de se retrouver cet aprème à 15h, ici même. Je ressors en
souriant.
Les cours, la
routine.
Pendant la
récré, je reçois un sms d’Olivier. Il n’a plus cours, il rentre chez lui. Ce week-end il n’est pas là. Compétition de tir à l’arc.
Après la
récré, je rejoins Adrian, le Ts qui a la délicate mission de me faire comprendre les maths. Je m’installe, déballe tout mon bordel. Les explications commencent. Je ne suis pas très concentrée. Un
peu plus loin, Lucas et Paul travaillent. Je défie quiconque de deviner qu’ils sont ensemble depuis un an.
« Alors
tu as compris ? »
Si je lui
avoue que je n’ai que vaguement écouté, il ne va pas apprécier.
« Oui, je crois »
« Parfait. Je dois
aller en TP. Si tu as encore besoin d’aide, tu sais où me trouver. Bye »
La sonnerie
retentit. Je me retrouve seule, face à mes exercices. Je me mets au travail. J’en fais un, puis deux puis j’attaque le troisième. Je suis concentrée sur ce que je fais, c’est pour cela que je
sursaute lorsque la voix de Lucas me dit :
« C’est
tout faux »
Il est
derrière moi. Je n’ose pas me retourner.
« Tu
n’as rien compris. Cela ne m’étonne pas, vu comme tu l’écoutais »
Je rougis. Je
ne pensais pas qu’il m’avait vu les observer.
Il prend mes
feuilles d’exercices, un fait une grosse boule.
« Poubelle »
Et il repose
son œuvre d’art à côté de moi.
Je me
retourne, pas très contente.
« Pourquoi tu as
fait ça ??!! Je n’ai rien compris. Juste ou faux je dois les faire, maintenant, je dois tout recommencer »
« Parce
que tu comptais rendre ces inepties ?!! »
« Avant
que tu me dises que c’était faux, j’étais sûre du contraire »
Il secoue la
tête en signe de résignation.
« Si tu
veux de l’aide, tu sais où me trouver »
Et il part
rejoindre Paul.
Je range mes
maths. J’ai d’autres devoirs à faire, et là, je n’ai pas besoin d’aide.
17h30 – fin
des cours –
Si je veux
qu’il m’aide, faut que j’y aille à pied. Il fait presque nuit et il gèle. Je grelotte. J’ai la fâcheuse manie de ne pas trop me couvrir. En moto le trajet semble ridiculement court, mais à pied,
j’ai l’impression que c’est à des centaines de kilomètres.