En
traversant le hall, j’aperçois le docteur qui s’occupe de nous. Une fois dehors, j’appelle Paul pour le rassurer. Alors que je vais allumer ma clope, une voix m’interpelle :
« Tu
ne devrais pas »
Je me
retourne en souriant. C’est le docteur. Je prends mon briquet et j’allume ma cigarette. Contre toute attente, il sort un paquet de clope et s’en grille une. On s’est assis sur le rebord d’un
gigantesque bac de fleurs en béton.
« Tu
as laissé Lucas ? »
« Oui, le temps
de fumer et d’appeler un pote »
« J’ai reçu le
résultat de la toxicologie »
« … »
« C’était du
raticide »
Je fume
sans le regarder.
« Le
plus étrange, c’est que ce produit ne ressemble en rien à du sucre en poudre »
« … »
« En
plus, depuis quelques années, les fabricants rajoutent du bitrex-une substance extrêmement amère-afin d’éviter l’ingestion »
Je me
tais toujours.
« Tu
as bien du le trouver amer toi aussi »
« J’ai pensé
qu’il avait trop infusé »
« Et
Lucas, comment a-t-il fait pour avaler un truc pareil ? Il doit vraiment t’aimer »
« … »
« Vous
vouliez-vous suicider tous les deux ? »
« Non !! »
« Tu
veux en parler ? »
« Je
vais retrouver Lucas maintenant »
« Je
suis là, si tu as besoin »
Je
retrouve Lucas, toujours allongé sur le lit. Je pense à ce que le toubib vient de me dire.
«Pourquoi
tu as bu le thé alors que tu savais très bien que j’avais mis quelque chose dedans ? »
« … »
J’ai
repris ma place à côté de lui.
« Pourquoi tu as
bu ? »
« Je
l’ai mérité. Je t’avais fait du mal. J’espérais seulement que tu m’avoues avoir mis une saloperie dans mon thé »
Demain
Lucas ne fera plus partie de ma vie. Je me presse un peu plus contre lui.
« Vicky… »
C’est la
deuxième fois qu’il m’appelle ainsi. Je caresse son torse. Ma main descend lentement vers son boxer. Mes caresses lui font de l’effet. Je souris.
« Tu
ne voudrais pas te mettre nue ? »
Je
regarde la porte de la chambre.
« Pas de souci.
Jusqu’à minuit, on est tranquille. L’infirmière est passée pour me le dire. Rassurée ? »
« Oui »
« Alors… »
Je
commence à m’effeuiller, puis, je m’arrête. Lui d’abord. Je lui retire son boxer. Pour le t-shirt, j’ai un problème avec sa perf.
« Je
vais la retirer. On la remettra après »
« Il
ne faut pas faire ça»
« Il
ne fallait pas faire ça non plus…»
Je le
regarde retirer sa perf.
Il lève
ses bras afin que je puisse continuer à le déshabiller. J’aime son corps. Un moment plus tard, moi aussi je suis complètement nue. Je n’éprouve aucune gêne, aucune honte. Juste du désir. Je suis
à cheval sur lui. Je couvre son torse de baisers. Je m’attarde sur ses seins. Je passe ma langue sur ses tétons. Je le vois fermer les yeux de plaisir et un léger râle sort de sa bouche. Je
continue mon exploration en descendant sur son ventre. Il est chaud. Je parsème son bas ventre de petits baisers tandis que ma main caresse son sexe. Doucement, ma bouche descend vers son
sexe.
« Vicky…tu n’es
pas obligée »
« Je
sais »
Lorsque
mes lèvres se posent sur son sexe, il se cambre légèrement. Je ne sais pas trop comment faire car c’est la première fois que je fais ça. Je décide d’agir au feeling et de laisser venir. Lucas a l’air d’apprécier. Ma bouche caresse son sexe. Ses mouvements s’intensifient.
« Vicky,
arrête »
« Tu
n’aimes pas ? Ce n’est pas bien ? C’est la première fois alors… »
« J’aime
énormément, c’est pour cela que je veux que tu arrêtes. Si tu continues, je ne vais pas pouvoir me maitriser et je ne veux pas éjaculer. Viens »
Il passe
sur moi. Sa bouche me couvre de baisers. Sa bouche, ses lèvres. Je voudrais que jamais cela ne s’arrête.
« J’ai envie de
toi »
Il me
tend un préservatif.
« Il
était dans la poche de mon jean »
C’est à
moi que revient le plaisir de l’habiller. Cette image me fait sourire. Il passe sur moi. On s’embrasse. On s’embrasse à se couper le souffle. On s’embrasse comme si c’était la dernière fois. Car
c’est la dernière fois. J’aime le sentir en moi. J’ai posé ses mains sur ses fesses. Pour l’empêcher de partir ? Non, pour qu’il aille plus profond, plus fort. J’entends mes gémissements de
plaisirs qui se mêlent à la respiration de Lucas. On jouit ensemble.
Je n’ose
pas parler. Lucas est silencieux. Je n’ai pas envie que demain arrive.
***
« Il faut que je t’avoue quelque chose »
Je reste
silencieuse.
« Tu
es la première fille avec qui j’ai des rapports sexuels »
« Tu
plaisantes ? »
« Non. Je
préfère les mecs »
« Es-tu en train
de me dire que t’es gay ? Non, mais c’est bien avec toi que je viens de baiser ?!! Et c’est bien toi qui a commencé ce petit jeu sordide ?!! Homo !! p’tain Lucas !
»
« Je
suis avec Paul depuis un an »
Je
n’avais pas rêvé dans la salle de bain.
Ce n’est
pas grave ! Demain, c’est fini cette mascarade. Effacé Lucas et toute la merde qu’il fout dans ma vie.
« Je
veux que tu restes avec nous »
« Nous ?!!
Nous ?!! Jamais de la vie !! Et c’est quoi le programme ? Ménage à trois ??!! »
« Paul ne te
touchera pas »
« Je le regarderais t’enfiler ? Ou je te regarderais l’enfilais ? »
« Vicky »
« Ah, oui,
excuses. Je devrais plutôt dire enculer. Suis-je bête. Tu comptes m’appliquer le même traitement ? »
« Vicky »
« Quoi ? »
« Je
ne te laisserai pas partir »
« Paul doit
–être fou de savoir que tu te tapes une fille »
Il me
sourit.
« Paul est bi
chérie. Il m’a donné des conseils. Dans la salle de bain, il venait juste voir comment je me débrouillais et il m’a embrassé pour m’encourager »
Je lui balance une claque. Je frappe tellement fort que j’ai mal à la main. J’ai du lui faire mal car il a porté sa main sur sa joue.
« D’après la
façon dont tu m’as sucé, j’ai cru que tu m’appréciais. »
« D’après la
façon dont tu m’as baisé, j’ai cru que tu étais hétéro »
«Le sujet
est clos. Tu restes avec nous»
« Pourquoi
m’avoir dit que je serai tranquille alors ?
« J’étais sûr
qu’après le moment qu’on allait passer, tu ne voudrais plus partir. Tu es compliquée toi aussi ! Parfois tu te donnes comme si tu m’aimais et le moment d’après tu
m’empoisonnes »
« Tu
accepterais Olivier ?... »
« Dans mon
lit ? »
« Non, dans mon
lit »
« Je
ferai quoi, moi ? »
Je lui
souris.
« Tu
t’occuperais avec Paul, de ton côté, loin de moi »
«Oui »
« Oui de chez
oui ? Tu ne changeras pas d’avis ? »
« Et
toi non plus. Tu restes avec nous. Avec ou sans Olivier »
« Ok »
La porte
s’ouvre, c’est l’infirmière. Elle constate que Lucas n’est pas branché à sa perf. Elle va pousser une gueulante mais se ravise. Il est tard, elle est fatiguée. Ces jeunes l’emmerdent.
« Il
est minuit ? »
Je
regarde ma montre.
« Oui, il est
minuit passé. Pourquoi ? »
En me
souriant il dit :
« Tu
es à nous maintenant »